« L’heure est à l’enquête publique dans l’industrie de la construction pour redonner de la crédibilité à nos institutions et mettre un terme au cynisme de la population. Monsieur Charest n’a pas le choix de faire preuve de transparence dans nos institutions. Il y a un laxisme inacceptable dans les mesures de contrôle. Quand on voit se profiler les différentes tendances qui poussent vers une privatisation accrue des services de l’État, il est temps de remettre les pendules à l’heure. Ce qui se passe dans la construction est la plus belle preuve qu’il faut résister aux tentatives de privatisation de nos services publics entre les mains de profiteurs du secteur privé. Nous disons non au népotisme et au patronage », affirme Réjean Parent, porte-parole du Secrétariat.
La réduction des effectifs dans plusieurs de nos ministères et organismes rend l’État incapable de juger correctement les estimations de coûts qui lui sont soumises et la qualité des services fournis. La fuite du rapport secret de l’Unité anticollusion du Québec démontre que beaucoup de monde ne se gêne pas pour en profiter.
En janvier dernier, le Secrétariat avait d’ailleurs fait ces mêmes recommandations au ministre des Finances Raymond Bachand dans ses orientations budgétaires 2011-2012. Dans son document Pour un Québec qui progresse, le SISP estimait « … qu’il est possible d’optimiser l’utilisation des fonds publics par le recours et le développement de l’expertise interne plutôt que de confier à l’externe des fonctions de supervision et de production de services (ex. : entretien des routes), de gestion (ex. : systèmes informatiques), et même de prise de décision. »
Le Secrétariat rappelait également au gouvernement Charest que les origines de la « crise des finances publiques » au Québec sont ses propres politiques et orientations qui ont conduit à :
– un gonflement des coûts des contrats publics de construction ;
– des déboursés supplémentaires occasionnés par le recours excessif à la sous-traitance, soit une augmentation de 2 milliards de dollars entre 2003 et 2009, ce qui équivaut à 2.5 fois les économies (800 millions) escomptées par le gouvernement en réduisant son personnel ;
– la perte importante de revenus par la diminution des impôts des plus riches et des entreprises ;
– l’augmentation du fardeau fiscal de la classe moyenne et des plus pauvres par la multiplication de tarifications dans les services publics, dont la taxe santé ;
– un recours abusif à la main-d’œuvre indépendante plus coûteuse que le personnel interne ;
– l’augmentation de projets en PPP dont nous avons maintenant la preuve qu’ils coûtent plus cher que s’ils étaient réalisés autrement.
« Chaque fois qu’on diminue le nombre de personnes travaillant pour les services publics, on augmente les coûts de ces mêmes services parce qu’on fait davantage appel à des sous-traitants. Chaque fois que le gouvernement recourt à la sous-traitance, on confie graduellement, mais sûrement, les rennes de l’État aux entreprises privées. Chaque fois qu’on abolit des postes dans les ministères et organismes du gouvernement, on diminue l’expertise de l’État et sa capacité de juger l’offre de services externes, tant pour leur qualité que pour leurs coûts » rappelle Réjean Parent. « Au bout du compte, on réduit la qualité et l’accessibilité des services publics, malgré qu’il nous en coûte plus cher. La population se retrouve perdante sur toute la ligne », conclut le porte-parole du SISP.
À propos du SISP
Le SISP regroupe 330 000 membres issus de cinq organisations syndicales (CSQ, FIQ, SFPQ, APTS et SPGQ), dont 265 000 proviennent des secteurs public, parapublic et péri-public. La mission première du Secrétariat s’articule autour de la défense et de la promotion des services publics offerts à la population québécoise. Par leurs actions concertées, la CSQ, la FIQ, le SFPQ, l’APTS et le SPGQ souhaitent favoriser l’accès à des services publics de qualité, et ce, sur l’ensemble du territoire québécois.