Par ailleurs, compte tenu de l’importance du chantier annoncé dans le rapport D’Amours, la CSN considère qu’il faut dès maintenant mettre en place un comité tripartite afin de revoir rapidement les règles de financement des régimes si on veut les sauvegarder, puisque les mesures transitoires ne peuvent à elles seules y parvenir.
« Le mal est connu et reconnu de tous. Les régimes de retraite sont pris dans une tourmente qui en entraîne plusieurs dans un gouffre financier et 60 % des travailleuses et des travailleurs ne disposent d’aucun régime. Nous convenons que les règles du jeu doivent être revues si on veut assurer la viabilité des retraites. Cependant, nous ne pouvons souscrire à l’idée que la survie des régimes à prestations déterminées se fasse sur le dos des travailleurs en imposant un nouveau partage des risques, une baisse des bénéfices déjà acquis et un nouveau partage des coûts. Les travailleuses et les travailleurs ont maintes fois fait la preuve de leur capacité de convenir d’ententes. Le gouvernement n’a pas à s’ingérer dans les relations de travail. Il doit plutôt fournir les outils nécessaires et encourager la conclusion de telles ententes. Tout changement aux règles devra se faire dans un processus démocratique de négociation et tenir compte des ententes qui sont déjà légitimement négociées », d’affirmer le président de la CSN, Jacques Létourneau.
Pour la centrale syndicale, le leitmotiv de ces travaux aurait dû être d’assurer à tous la possibilité de vivre décemment au moment de la retraite. « Certes, nous saluons la perspective d’un nouveau programme pour les personnes âgées de plus de 75 ans, mais qu’en est-il pour tous ceux qui n’ont pas de régime de retraite ? de demander Jacques Létourneau. L’épargne individuelle, comme le RVER, est tout à fait insatisfaisante. Les employeurs devraient être dans l’obligation d’y contribuer. Nous croyons toujours que la mise sur pied de régimes sectoriels, comme il en existe pour les CPE, constitue une des avenues les plus intéressantes. » On ne peut faire fi de l’incapacité des individus à se constituer seuls une caisse de retraite. Rappelons que de 2000 à 2009, l’utilisation des droits de contribution à un REER a diminué constamment, passant de 17,6 % à 11,6 %.
Le gouvernement du Québec et les partis d’opposition ne peuvent laisser tomber les travailleurs et les travailleuses. La CSN les invite à se positionner rapidement, mais surtout à agir avec diligence. Sinon, certains auront à porter l’odieux d’avoir tué nombre des régimes actuels et l’idée d’un revenu décent pour tous à la retraite. « L’idée d’un revenu décent pour tous à la retraite doit transcender les partis politiques. Il n’y a plus une minute à perdre et les problèmes ne peuvent plus être pris à la pièce, régime par régime. On ne peut plus continuer à ignorer la vaste majorité des gens qui n’en a pas. Tout comme le signifie le rapport D’Amours, les régimes de retraite à prestations déterminées demeurent le meilleur véhicule afin d’avoir accès à une retraite décente », de réitérer Jacques Létourneau.