"Il serait temps" suggère à Kinshasa le journal Le Potentiel, "La situation sécuritaire est plus qu’inquiétante au Nord-Kivu. La Société civile en appelle à la Monusco, à la Brigade d’intervention de l’Onu et au gouvernement afin de prendre des dispositions urgentes", écrit le journal qui explique que "la situation sécuritaire du Nord-Kivu et, plus précisément de la ville de Goma, est explosive. Le quotidien exprime son inquiétude "pour les populations civiles face au danger que représentent le soutien en hommes et en armes du Rwanda et de l’Ouganda au M23". Et affirme ne pas comprendre "le comportement de la Monusco et surtout de la Brigade d’intervention qui ne réagissent pas aux menaces et aux attaques du M23, alors que le peuple congolais avait fondé son espoir sur leur intervention pour éradiquer les groupes armés de la RDC"
Depuis le 14 juillet, combats et escarmouches ont en effet repris autour de Goma la capitale provinciale que les rebelles du M23 avaient brièvement occupé à l’automne dernier. Aujourd’hui, ces rebelles ne sont toujours qu’à quelques kilomètres de Goma. "Pillages, meurtres et autes recrutement forcé de civils" ont été dénoncés par la force onusienne avant qu’elle ne lance son ultimatum.
En fait malgré le cesser le feu du mois de mars... les exactions n’ont pas disparu, tous les belligérants. "Nous avons découvert que les combattants du M23 n’ont pas cessé de commettre des crimes de guerre depuis le mois de mars. explique Ida Sawyer de Human Rights Watch à l’agence d’information IRIN "Ces crimes incluent l’exécution sommaire d’au moins 44 personnes, le viol d’au moins 61 femmes et filles et le recrutement forcé de plusieurs dizaines de jeunes hommes et de garçons. » Selon un rapport du Secrétaire général des Nations Unies et d’autres sources, cités par l’agence IRIN, l’armée congolaise aurait également commis "des violations allant de la profanation de cadavres au meurtre de civils en passant par le viol de masse".
Une armée régulière congolaise qui, apparement, "rêve de revanche sur le M23". C’est en tout cas le titre d’un récent reportage de Jeune Afrique au Congo... Mais l’armée a-t-elle les moyens de prendre sa revanche ? se demande aussi l’hebdomadaire « Notre but est d’anéantir le Mouvement du 23-Mars », le M23 explique dans les colones du magazine le colonel Olivier Hamuli, porte-parole de l’armée régulière congolaise. Et "deux jours après la reprise des combats contre cette rébellion majoritairement rwandophone, près de Goma, l’armée congolaise, qui a utilisé armes lourdes et hélicoptères, paraissait revigorée par sa progression", explique encore Jeune Afrique ; "Depuis son humiliante défaite dans cette même ville, en novembre 2012, elle est animée par un fort sentiment de revanche. Et place beaucoup d’espoirs dans sa réorganisation en cours : trois bataillons, dont ceux de la garde républicaine, sont arrivés sur le front ces dernières semaines, alors que trois « zones de défense », où elle concentrera ses moyens, sont en chantier". Mais "l’armée congolaise pâtit de ses éternels travers, explique aussi l’hebdomadaire : "chaînes de commandement parallèles, manque de discipline, corruption et détournements de fonds... La promotion de 106 militaires au grade de général, le 9 juillet, ne devrait pas simplifier la hiérarchie."
Le soutien militaire de l’ONU pourra-t-il faire pencher le rapport de force en sa faveur ? La collusion entre soldats de l’ONU et armée congolaise est en tout cas dénoncée au Rwanda, soutien - au moins vocal - du M23. Dans son éditorial, l’hebdomadaire Rwanda Focus à Kigali écrit par exemple qu’"il n’est nulle part mentionné dans le mandat de la Monusco qu’elle doive fournir de la logistique, du renseignement, des évacuations médicales ou une couverture aérienne à l’une ou l’autre des parties belligérantes... Mais c’est clairement ce que la Monusco est en train de faire". "son mandat était de combattre tous les groupes armés et aujourdhui seul le M23 fait figure de groupe armé. Pourquoi ? Demande l’éditorial de Rwanda Focus serait-ce "parce que le M23 est majoritairement constitué de Tutsi" ?
"Le mandat, inédit, de la brigade d’intervention de la Monusco (3 000 hommes) prévoit la neutralisation des groupes armés - dont le M23" rappelle pour sa part Jeune Afrique ; mais ses futures troupes malawites, sud-africaines et tanzaniennes n’ont qu’une connaissance limitée du terrain, et leur degré d’engagement reste incertain. Selon plusieurs sources, la Monusco ne sera pas pleinement opérationnelle avant septembre, prévient l’hebdomadaire. "Or, d’ici là, la situation peut beaucoup évoluer".