En démocratie, c’est l’État qui est laïc et non pas les individus. La laïcité de l’État se trouve dans les politiques, les règlements et les lois de l’État qui doivent être exempts de biais et de motif religieux ou antireligieux. La neutralité vaut pour le personnel de l’État qui est tenu d’appliquer intégralement les lois et de les faire respecter, indépendamment de ses convictions personnelles, affichées ou non. Le port de signes religieux ne change rien à cette obligation de neutralité dans l’application des règles gouvernementales et des lois.
Alors, pourquoi vouloir imposer une apparence de laïcité individuelle plutôt que permettre la visibilité de la diversité ? Au lieu de développer un projet de loi basé sur l’interdiction, pourquoi ne pas reconnaître le droit d’une personne, à l’emploi de l’État québécois, de porter des signes religieux, dans les limites du raisonnable ?
Face à la montée de l’intolérance, ici comme ailleurs, il nous faut des politiques d’ouverture et d’équité non-équivoques. D’ailleurs, les positions au Québec ont aussi évolué au cours des dernières années, notamment dans les syndicats. Il y a quelques années, on y débattait de la possibilité d’interdire le port de signes religieux pour le personnel enseignant. On voulait même englober plus largement les services de garde et certains services de santé. Depuis, la plupart des organisations syndicales ont changé de point de vue et ont décidé clairement d’accepter et de protéger le droit de porter des signes religieux par le personnel enseignant et par le personnel des services de garde. La CSN a même adopté une position plus large refusant d’interdire le port de signes religieux par toute personne salariée, y compris par les gardien.ne.s de prison !
Par ailleurs, la position d’ouverture et de tolérance du port de signes religieux prévoit des limites qu’on retrouve déjà comme consensus à Québec solidaire : le port de signes religieux ne dispense aucunement les fonctionnaires de leur devoir de réserve. Il ne doit pas servir d’instrument de prosélytisme. Enfin, il peut aussi être restreint s’il entrave l’exercice de la fonction ou s’il contrevient à des normes de sécurité justifiées.
Nous croyons que l’approche qui se démarque d’une logique d’interdiction, sauf dans des situations exceptionnelles, est celle qui enverra le message de tolérance et d’ouverture à des populations immigrantes qui ont choisi de vivre au Québec et dont un nombre croissant se rallie à un projet d’émancipation sociale et nationale.
Pierre Beaudet, QS - Maurice Richard
Ronald Cameron, QS - Mercier
Michel Camus, QS - Mercier
Jasmine Godbout, QS - Matane-Matapédia
Jessica Squires, QS - Hull
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