Ce genre de traitement de l’information provoque une réaction d’indignation bien compréhensible chez les citoyens confrontés aux urgences bondées, aux longs temps d’attente en chirurgie voire à l’impossibilité de trouver un médecin de famille. Ces chiffres provoquent aussi des réactions épidermiques chez le personnel de la santé sur le terrain, qui est à bout de souffle et trop souvent contraint à faire des heures supplémentaires au détriment de sa vie familiale. On le comprend. Par contre, d’autres chiffres plus inquiétants encore passent sous silence.
Un cadre pour quatre employés
Dans le secteur de la santé, le ratio est de un cadre pour 17 employés selon le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). À titre de comparaison, 200 cadres chez Rio Tinto Alcan assurent, pendant le lock-out, une partie de la production de l’usine d’Alma qui compte 780 employés. Cela fait un ratio de un cadre pour moins de quatre employés. Pourtant, pas un journal de Quebecor ne s’est indigné de cette situation proprement aberrante… On rétorquera que c’est une entreprise privée et que sa gestion n’est pas de nos oignons. N’empêche, avec tous les avantages que cette compagnie reçoit du gouvernement à même nos taxes, on a quand même le droit d’y mettre le bout de notre nez.
« …pas une seule goutte d’encre dans un journal de Quebecor pour s’en indigner. »
En fait, si Rio Tinto Alcan, une entreprise multinationale renommée, gérait notre système de santé de la même façon qu’elle gère son aluminerie, ce n’est pas un milliard que nous coûterait la rémunération des cadres, mais bien quatre fois plus. Toutes proportions gardées, il y a donc quatre fois plus de cadres dans cette entreprise que dans le secteur de la santé, mais pas une seule goutte d’encre dans un journal de Quebecor pour s’en indigner. La sympathie de l’empereur envers le lock-out comme mode de gestion des relations du travail, comme il l’a démontré maintes fois par le passé, explique peut-être cette discrétion.