Telle est la réaction de la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot, au dépôt aujourd’hui par le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, du projet de loi no 105, modifiant la Loi sur l’instruction publique.
Rappelons que la CSQ avait applaudi le retrait du PL 86, qui avait fait l’objet de plusieurs critiques des intervenantes et intervenants du milieu scolaire. De plus, la Centrale attend avec impatience les consultations prévues à l’automne par le ministre sur la persévérance scolaire, puisque le projet de loi ne suffit pas pour régler l’enjeu de la réussite éducative.
Une décentralisation toujours préoccupante
La CSQ prend acte de la volonté de soutenir les écoles, mais rappelle qu’« il est primordial que l’équité, dans la répartition et la qualité des services, reste au cœur des décisions de la commission scolaire. Les inquiétudes que nous avions exprimées sur la décentralisation, lors du dépôt du projet de loi no 86, demeurent. Les risques de dérives sont bien présents et cela est préoccupant. La commission scolaire doit pouvoir embaucher, organiser et répartir les services professionnels et les services de soutien selon une vue d’ensemble des besoins pour éviter un saupoudrage des ressources », soutient Louise Chabot.
« Comme nous l’avons déjà dit à plusieurs reprises, nous devons miser sur l’expertise du personnel de l’éducation. Il faut s’assurer de conserver une répartition cohérente des ressources en tenant compte des besoins des élèves dans une perspective de globalité afin d’assurer l’égalité des chances », ajoute la présidente de la CSQ.
Une vision comptable de l’éducation
Tout comme pour le projet de loi no 86, le ministre maintient le cap en apportant des changements qui introduisent une vision comptable directement dans le projet éducatif. Louise Chabot estime : « En ajoutant des indicateurs chiffrés, le ministre vient accentuer la tendance à transformer l’éducation en une course aux statistiques. Nous déplorons le fait que cela vient dénaturer le projet éducatif. »
Par ailleurs, la CSQ réitère ses inquiétudes sur les pouvoirs accrus dont se doterait le ministre avec le projet de loi, notamment celui, dans certains cas, de pouvoir transférer de l’argent directement aux écoles en émettant des directives aux commissions scolaires. « D’un côté, que l’on veuille s’assurer que l’argent destiné aux écoles s’y rende bien est une intention louable. Cependant, cette décision comporte certains risques dont le ministre doit être conscient. Cela pourrait-il introduire une qualité inégale des services entre les écoles, par exemple, en accentuant le recours à la sous-traitance ? », se questionne la présidente de la CSQ.
De plus, les pouvoirs du ministre ne doivent pas restreindre la capacité des milieux à se donner des orientations et des objectifs qui reflètent leur propre réalité.
L’obsession de l’adéquation formation-emploi
Concernant la formation professionnelle, la CSQ constate que le ministre souhaite que celle-ci réponde aux besoins des entreprises. Or, la formation professionnelle est une formation de base qualifiante et polyvalente qui permet aux élèves de se réaliser, tant au niveau professionnel que personnel. Elle ne devrait donc pas servir exclusivement les intérêts des employeurs.
Une volonté d’être entendus
Enfin, la CSQ constate que dans ce projet de loi, Sébastien Proulx semble vouloir tenir compte de certaines propositions émises par les acteurs du réseau. « Nous espérons que cela se vérifiera également dans le cadre des consultations sur la politique gouvernementale concernant la réussite éducative. Nous l’avons dit et redit, le ministre doit être à l’écoute du personnel enseignant, de soutien et professionnel, car c’est lui qui est le mieux placé pour connaître les besoins des élèves et ceux du milieu de l’éducation », conclut Louise Chabot. La CSQ prendra le temps, dans les prochaines semaines, d’étudier de façon plus approfondie le projet de loi no 105, et souhaite être entendue dans le cadre des consultations particulières.