Nature Québec présentait aujourd’hui son mémoire sur
le projet de loi 37 qui propose d’interdire pour une durée
maximale de 5 ans certaines activités, notamment la fracturation du
schiste dans le sud du Québec. Nature Québec propose
d’étendre cette interdiction (d’un minimum de 5 ans)
à l’exploration pétrolière par fracturation sur tout
le territoire du Québec, le temps de compléter les
évaluations environnementales, d’établir la future
politique énergétique et de faire des choix responsables en
matière de lutte aux changements climatiques.
Faire comme Terre-Neuve : un moratoire sur le gaz… et le pétrole
de schiste
Les tenants de la filière pétrolière au Québec
invoquent souvent l’exemple de Terre-Neuve pour inciter le Québec
à foncer dans le pétrole et le gaz, confondant à outrance
pétrole conventionnel et non conventionnel. Pourtant Nature
Québec rappelle que Terre-Neuve vient de décréter
(novembre 2013) un moratoire généralisé, sur tout son
territoire, sur toute opération de fracturation gazière et
pétrolière, bloquant ainsi une douzaine de projets
d’exploration au stade de développement. Terre-Neuve, qui exploite
pourtant du pétrole conventionnel au large de la côte atlantique,
considère cette technologie trop risquée.
Les rivières d’Anticosti, encore plus fragiles que celles du Sud
Nature Québec souligne la présence sur Anticosti de 24
rivières à saumon abritant une petite population de 4 000 saumons
en 2011. Cette population a été évaluée « en
voie de disparition » par le COSEPAC en novembre 2010. La forte variation
naturelle du niveau d’eau dans ses rivières fait en sorte
qu’elles ne pourraient sans doute pas supporter le pompage
d’énormes quantités d’eau nécessaires à
la fracturation ni la moindre pollution émanant des activités
d’exploration. La grande majorité des 17 puits forés (sans
fracturation) sur Anticosti depuis 1962 l’ont été à
proximité ou dans le bassin versant d’une de ces rivières
à saumon.
Un mauvais choix économique et environnemental
Le mémoire de Nature Québec insiste sur le mauvais choix que fait
le Québec (en prenant tous les risques et en assumant pratiquement tous
les coûts) en s’embarquant dans les activités de
fracturation hydraulique sur Anticosti pour tenter d’y découvrir
une forme exploitable de pétrole de schiste. « Cette
filière n’est pas une filière d’avenir ni pour le
Québec ni pour la planète, qui doit lutter contre les changements
climatiques provoqués par l’utilisation des hydrocarbures »,
a déclaré en terminant Charles-Antoine Drolet,
vice-président de Nature Québec. « Le taux de rendement
énergétique de ce type pétrole est très bas et ses
coûts économiques, environnementaux et sociaux très
élevés. On devrait plutôt investir en économie
d’énergie, dans les énergies renouvelables et en
électrification des transports. »
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