Jenny Brown, Jacobin, 27 juillet 2024
Traduction, Alexandra Cyr
Les entreprises qui financent la campagne de D. Trump ont versé leur mise. Dans son Projet 2025, la Heritage Foundation présente en 900 pages une liste de propositions pour une nouvelle présidence Trump et une Cour suprême conciliante.
(En 2016) la victoire de D. Trump a été une surprise et le milieu des affaires a vu son mandat chaotique comme une occasion manquée. Cette fois, la Fondation, qui est la chambre d’écho des grands employeurs.euses, présente une longue liste de personnes qu’elle veut voir embauchées et nommées par la nouvelle possible présidence de D. Trump. Elle présente aussi un plan complet d’interventions à faire au cours des 180 premiers jours.
Dès le premier jour, le National Labor Relations Board (NLRB) devrait remercier le conseiller général qu’il n’y ait jamais siégé de toute ma vie, Mme Jennifer Abruzzo.
Ensuite, vient la reclassification de milliers de fonctionnaires par décret exécutif de telle sorte qu’ils et elles puissent être renvoyés.es et remplacés.es par des plus loyaux.ales aux entreprises.
Puis le plan prévoit de mettre la hache dans les protections que la classe ouvrière américaine a gagné une à une au cours de 100 années de détermination, de sacrifices et d’unité.
Dégoutant : l’abolition des lois sur le paiement de heures supplémentaires, l’élimination totale des syndicats du secteur public, des protections de santé sécurité, du salaire minimum, rendre plus difficile l’accès à l’assurance chômage et remettre les enfants au travail comme c’était le cas dans les années 1920.
En s’attaquant aux travailleurs.euse de la construction syndiqués.es, les exigences pour les privilèges salariaux et les ententes prévues dans les projets fédéraux disparaitraient.
Plus encore : l’élimination du Département de l’éducation est au programme avec l’interdiction d’enseigner l’histoire des femmes, des Afroaméricains.es. Cela donne une idée de la manière qui sera utilisée pour introduire les changements. L’avortement serait interdit dans tout le pays. (L’AFL-CIO publie les détails de cette liste alarmante).
Je suis en Floride où une partie de ce plan a été testé. Mon vieux syndicat, AFSCME Local 3340, représente les concierges, les secrétaires et les technicien.nes de l’Université de Floride à Gainesville depuis 50 ans. L’automne dernier, la convention collective a été abolie, le syndicat a perdu sa certification grâce à une loi adoptée par la législature républicaine qui exige qu’il perçoive les contributions d’au moins 60% de ses membres. La Floride est un État dit du « droit de travailler » où les membres des syndicats peuvent bénéficier des services syndicaux sans payer de contribution.
Un de mes amis, qui travaille pour le service de traitement des eaux de la ville, a perdu son syndicat, le Communications Workers of America. Il raconte que les jeunes travailleurs.euses ne comprennent pas ce que signifie de travailler sans être syndiqué et refusent de devenir membres. Ainsi, le syndicat a perdu sa certification.
Projet 2025 veut étendre ce cauchemar a tout le pays.
Déjà nous vivons avec les conséquences des trois nominations de juges à la Cour suprême par D. Trump. Ce tribunal vient de mettre fin à la règle de revoie dite Chevron. Donc, en ce moment les juges n’ont plus aucune obligation de déférer les causes pour contraventions aux règles de protection des travailleurs.euses devant le NLRB ou l’Administration de la santé sécurité au travail, que les entreprises poursuivies n’aiment pas. La Cour peut imposer ses propres visions anti ouvrières.
Un meilleur 2025
Quelle sera notre réponse ? Premièrement, nous pouvons informer nos collègues que ce programme est un vrai plan pour que la future administration Trump puisse s’attaquer aux protections syndicales et ouvrières. Peu importe ce qu’il en dit lui-même et sa prétention à être du côté des Américains.es ordinaires. Pendant qu’il prétend s’éloigner de ce plan, plusieurs membres de son entourage en font partie et sont prêts.es à jouer les rôles clés. Ils et elles sont bien au courant que devant la paralysie du Congrès, « les politiques deviennent personnelles ».
Deuxièmement, exigeons un programme positif pour reconstruire le pays. Faisons pression sur les candidats.es qui s’expriment le moindrement à ce sujet de le traiter sérieuxeusement : il nous faut un salaire minimum à 25$ l’heure, des droits effectifs à la syndicalisation, les soins de santé pour tous et toutes et sans interférence de la part des compagnies d’assurance, la taxation des riches pour financer à hauteur les écoles et les transports en commun, une assurance chômage avec le financement nécessaire, des bénéfices de la Sécurité sociale renforcés et la poursuite des sérieux investissements que l’administration Biden a souscrit dans les emplois de l’économie verte pour arrêter les changements climatiques.
N.B. : Jenny Brown est assistante d’édition chez Labor Notes. Elle est l’auteur de Birth Strike : The Hidden Fight Over Women’s Work. Son dernier volume s’intitule, Without Apology : The Abortion Struggle Now.
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