Édition du 17 décembre 2024

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Féminisme

Précarité financière : divers milieux à la défense de la Fédération des femmes du Québec

Entourée de dizaines de personnalités et d’organisations alliées, la Fédération des femmes du Québec (FFQ) a lancé aujourd’hui un urgent appel à l’aide. Alors qu’elle célèbre son 50e anniversaire, sa survie est menacée en raison d’un sous-financement. La FFQ risque la fermeture complète si elle n’est pas rapidement soutenue.

Des personnalités des milieux féministe, communautaire, syndical et universitaire ont participé à la conférence de presse pour témoigner de l’importance de la FFQ dans la société québécoise. En plus d’encourager la population à soutenir généreusement son travail, elles ont lancé une campagne d’appui, appelant la population à écrire aux deux paliers de gouvernements, en appui aux demandes de financement de la FFQ.

« La situation est urgente et découle des effets cumulés de décisions gouvernementales, à Québec comme à Ottawa, a annoncé d’entrée de jeu la présidente de la FFQ, Mélanie Sarazin. À la fin des années 2000, le gouvernement Harper a coupé les fonds destinés aux organismes de femmes et à ceux en défense des droits, tout en soumettant les projets à des conditions que la FFQ ne pouvait pas remplir sans détourner sa mission. Pour la FFQ, c’était la fin d’un financement d’environ 250 000 $ par an venant du programme Promotion de la femme (PPF). Une perte de cette envergure ne se comble pas par les programmes actuellement disponibles, d’autant plus que, du côté de Québec, la FFQ ne reçoit que 75 000 $ du Secrétariat à l’action communautaire autonome et aux initiatives sociales (SACAIS) pour son fonctionnement. »

Au début de l’automne, la FFQ a dû mettre à pied deux des quatre travailleuses, alors qu’il s’agissait déjà d’une équipe réduite : la FFQ comptait sept travailleuses permanentes en 2011.

« Que la participation de l’État ne compte que pour à peine 20% du budget d’un organisme comme la FFQ est tout bonnement insoutenable, poursuit Madame Sarazin. Des démarches ont été entreprises et nous attendons les résultats, mais pour mettre fin à la précarité de la FFQ il faut un financement stable et suffisant ; les projets ponctuels ne sont pas des solutions à long terme. »

Pour Michèle Asselin, qui a présidé la FFQ de 2003 à 2009, « la FFQ a contribué aux transformations majeures qui ont marqué la vie des Québécoises et aussi des Québécois. L’égalité de droits, si chèrement acquise, est loin d’être une réalité de fait pour toutes les femmes. Après 50 ans, la FFQ a encore toute sa pertinence. Le gouvernement doit agir avant qu’il ne soit trop tard. » N’ayant pu se déplacer pour l’occasion, Mesdames Alexa Conradi et Françoise David, ayant également présidé la FFQ, ont transmis des messages de soutien abondant dans le même sens.

Pour la présidente de Femmes autochtones du Québec (FAQ), Viviane Michel, « la collaboration entre la FFQ et FAQ est une richesse qu’il faut préserver. Nos échanges se font dans un grand respect, dans un contexte de nation à nation, respect dont les gouvernements auraient avantage à s’inspirer. La FFQ doit avoir les moyens de poursuivre ses activités. »

Le soutien du mouvement des femmes s’est aussi concrétisé par les témoignages de Rushdia Mehreen, du Centre communautaire des femmes Sud-Asiatiques et de Carolle Mathieu, de l’R des centres de femmes du Québec. Des personnalités du monde universitaire et des communications ont aussi pris la parole pour appuyer la FFQ, soit Sandrine Ricci, coordonnatrice du Réseau québécois en études féministes (RéQEF, Aurélie Lanctôt, journaliste et Will Prosper, documentariste et journaliste.

Toutes les organisations syndicales nationales ont transmis leur appui à la FFQ, mandatant Manon Therrien, 2e vice-présidente du Syndicat de professionnelles et de professionnels du gouvernement du Québec, pour témoigner en leur nom. « Le mouvement syndical reconnaît à sa juste valeur la contribution de la FFQ à de nombreuses luttes sociales. C’est grâce à la FFQ qu’il y a eu la Marche mondiale des femmes et la marche Du pain et des roses en 1995. Sa contribution a été capitale dans l’obtention de nombreuses lois : équité salariale, perception automatique des pensions alimentaires, etc. Elle doit pouvoir continuer d’être un pôle majeur de concertation entre nos mouvements. »

L’apport de la FFQ a été souligné par plusieurs organisations mixtes, notamment par Martine Eloy, du conseil d’administration de la Ligue des droits et libertés. « Comme nous, la FFQ est convaincue que la lutte pour les droits des femmes passe par la défense collective des droits. Elle intervient aussi bien pour dénoncer les conditions des détenues de la prison Leclerc, défendre les droits des personnes à l’aide sociale, que pour dénoncer le racisme systémique. Il faut pouvoir compter encore longtemps sur la FFQ et je suis convaincue qu’elle recevra de nombreuses lettres d’appuis. ». Des témoignages similaires ont également été livrés par Nicole Jetté, militante au Front commun des personnes assistées sociales et par Sylvie Lévesque, porte-parole de la Coalition pour la conciliation famille-travail-études, directrice générale de la Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec.

En réclamant un financement adéquat, la FFQ s’inscrit dans la campagne Engagez-vous pour le communautaire. Cette campagne revendique notamment du gouvernement québécois l’ajout de 475 millions de dollars par an pour financer les 4 000 groupes d’action communautaire autonomes. La FFQ a d’ailleurs participé aux actions entre du 7 au 9 novembre dernier.

La conférence de presse marquait le lancement de plusieurs actions en lien avec le financement de la FFQ. « Dans les prochaines semaines, nous ferons appel au public de différentes façons, notamment sous le titre de #FFQ50deplus, par une campagne de lettres d’appui à nos demandes et par une prochaine campagne de socio-financement, » de conclure Chantal Locat, trésorière de la FFQ.

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