Tiré de ArtyMag
Occuper les théâtres pour réclamer la réouverture des lieux culturels, tel est le mantra de plusieurs centaines de militants à travers la France. Ils sont comédiens, metteurs en scène, costumiers, étudiants en art du spectacle. Souvent intermittents, toujours inquiets pour leur futur.
Le mouvement a commencé jeudi 4 mars avec l’occupation de l’Odéon-Théâtre Europe, suite à une manifestation qui demandait la réouverture des lieux culturels. Depuis, la mobilisation s’est étendue au Théâtre de la Colline, dans l’Est de Paris, et au Théâtre National de Strasbourg (TNS). Ce qui porte l’occupation à trois théâtres nationaux sur quatre (hors danse et opéra), seule la Comédie-Française échappant pour le moment au mouvement. Pour combien de temps encore ?
« Culture sacrifiée, gouvernement disqualifié »
Samedi 6 mars dernier, la ministre de la culture Roselyne Bachelot s’est fendue d’une visite surprise au théâtre de l’Odéon, sans proposer de mesures ultérieures face aux interrogations soulevées. Mercredi, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée Nationale, la ministre a jugé que ce « n’est pas le bon moyen, c’est inutile (…). Ces manœuvres sont dangereuses » et que les manifestants menacent « des lieux patrimoniaux fragiles ». La grogne ne retombe pas et les manifestants n’ont pas levé le piquet.
Dans un communiqué de la CGT Spectacles diffusé le 8 mars, les revendications portent entre autres sur la prolongation de l’année blanche pour les intermittents, ainsi que la communication d’un calendrier et d’un dispositif d’accompagnement à la reprise de l’activité. Le mouvement a reçu le soutien du député LFI François Ruffin qui a fait le déplacement à l’Odéon. Sur les façades du théâtre, on peut lire sur de nombreuses banderoles : « Bachelot si t’ouvres pas, on vient jouer chez toi », « culture sacrifiée » ou encore « gouvernement disqualifié ».
Sur une note plus poétique, Wajdi Mouawad, directeur du Théâtre National de la Colline, a partagé mercredi 10 mars un communiqué sur le compte Instagram du théâtre qui s’ouvre sur deux phrases porteuses d’espoir : « Le printemps arrive ! La jeunesse est là ! »
Pau, Nantes et Châteauroux se joignent au mouvement
Difficile de prédire quelle sera l’issue du mouvement. La seule certitude, c’est que l’étincelle de désobéissance civile commence à se répandre dans l’hexagone : le Théâtre de Pau est occupé par une trentaine d’intermittents du spectacle depuis lundi, le Théâtre Graslin à Nantes par une quarantaine d’artistes et techniciens depuis mercredi, le même jour que la Scène nationale de Châteauroux par le collectif CIP 36-18.
La prémisse d’un mouvement à plus grande échelle semble se dessiner : « Pour nous, il s’agit d’un mouvement national. On a des retours des syndicats en région et ça commence à bouger, ils s’organisent », a confirmé à l’AFP Karine Huet du SNAM-CGT (Union Nationale des Syndicats d’Artistes Musiciens de France). Les cinémas et salles de concert emboîteront-ils le pas aux théâtres ? Eux aussi attendent toujours des mesures concrètes pour leur réouverture.
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