PARCE QUE l’imposition d’une contribution d’un montant fixe
pour toutes et tous sans égard à leurs revenus (sauf s’il est de
moins de 14 400 $ par année) est une forme de taxe régressive
plaçant une pression accrue sur les personnes à faible revenu. De
façon spécifique, l’augmentation des frais pèse plus lourdement
sur les femmes, car leurs revenus sont nettement moindres que
ceux des hommes. Elles ont des salaires plus bas (en moyenne,
elles font 70 % du salaire des hommes) ; elles ont moins accès
à l’emploi et à la syndicalisation ; elles ont moins de sources de
revenus ; et elles sont surreprésentées dans les emplois précaires
et à temps partiel.
PARCE QUE l’introduction de la logique de
l’utilisateur-payeur (plus on « utilise », plus on
paye), en plus de considérer la santé comme
une marchandise et non un droit, va toucher les
femmes de plein fouet parce qu’elles ont recours
plus régulièrement aux services de santé pour
elles (contraception, grossesse, accouchement,
dépistage des cancers du sein et du col de
l’utérus, etc.) et leurs enfants.
PARCE QUE les femmes sont majoritaires
comme travailleuses dans les secteurs des
services sociaux et des services de santé ;2 elles
sont donc les premières à voir leurs emplois
disparaître ou se précariser. Les coupes dans le
système public minent l’organisation du travail
et occasionnent une surcharge de travail, du
stress et de l’épuisement professionnel.
PARCE QUE pour pallier les coupes, la dégradation
et la tarification des services publics et des
programmes sociaux, les femmes, en raison de leur
socialisation dans un système patriarcal qui considère
qu’elles sont « par nature » portées à s’occuper des
autres, se sentiront obligées d’assumer dans la
sphère domestique ce que l’État déleste comme
responsabilité sociétale. Cela représente un net recul
pour les femmes, au plan salarial, sur l’évolution de
leur carrière et sur leur disponibilité dans l’implication
politique et sociale. Elles sont nombreuses à réduire
leurs heures de travail ou même à quitter leur emploi à
cause des soins qu’elles prodiguent (enfants, proches
en perte d’autonomie, etc.) Les femmes constituent
en eff et 80 % des proches aidantes.
PARCE QUE si les conditions de vie des femmes ont
grandement été améliorées par la mise en place
d’un système de santé public, universel et gratuit,
force est de constater qu’elles payent cher le prix du
désengagement de l’État : que ce soit en tant que
proches aidantes, usagères ou travailleuses. Donc,
le prélèvement de la taxe santé ou toute autre
augmentation de tarif ainsi qu‘une privatisation
progressive porteraient atteinte au droit des
femmes à l’égalité et perpétueraient les inégalités
envers elles !