Édition du 12 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Les 100 premiers jours du gouvernement péquiste

Pour un refus global des politiques néolibérales !

tract type préparé pour la manifestation du 4 octobre 2012

Depuis les 30 dernières années, le gouvernement du Québec a pris le virage (à droite !) des politiques néolibérales. Privatisation d’entreprises ou de services publics, accords de libre échange, « déficit zéro », compressions budgétaires et tarification des services publics ne sont que quelques exemples. Maintenant le gouvernement parle de partenariats publics-privés, du principe d’utilisateur-payeur et d’importantes baisses d’impôts.

(tiré du site http://refusglobal.ca/)

Si ces politiques prétendent vouloir que chacun-e paie sa juste part, leur conséquence est plutôt l’accroissement des inégalités sociales. Ainsi, le 20% le plus pauvre de la population du Québec a aujourd’hui un revenu annuel moyen de 13 139$ ; tandis que le 20% le plus riche lui gagne 107 291$. Le budget 2010 lui annonçait une hausse majeure des frais de scolarité, l’instauration d’une taxe santé de 200$ par année et une hausse importante de 20 à 30% du bloc patrimonial des tarifs d’hydro-électricité à partir de 2014.

Les politiques néolibérales appauvrissent la classe moyenne et maintiennent les personnes les plus démunies de notre société dans une situation de pauvreté inacceptable. Pendant ce temps, les femmes sont toujours plus pauvres que les hommes. Pour nous, des alternatives fiscales existent pour financer des services publics et des programmes sociaux sans recourir à la tarification et à la privatisation. Il s’agit d’un choix politique !

La grève générale étudiante a entraîné une mobilisation sans précédant de plusieurs pan de la société exaspérés de voir la classe politique défendre les intérêts d’une minorité de privilégiés. La grève générale étudiante n’était que le commencement. Démontrons une fois de plus que la mobilisation populaire contre la hausse des frais de scolarité, la taxe santé, la hausse des tarifs d’hydro-électricités, la corruption et la vision néolibérale de notre société se poursuit.

Pourquoi faut-il poursuivre la mobilisation ?

Le 4 septembre dernier, le Québec a peut-être réalisé un pas en avant en se débarrassant d’un parti qui a accéléré le virage néolibéral, synonyme de pauvreté, de précarité et d’exclusion pour la majorité d’entre nous. Les élections ont aussi sonné le glas de son chef, figure de proue de mesures antisociales et anti-démocratiques rarement vues dans les dernières décennies. Par ailleurs, il faut souligner que si le Parti Québécois, à la tête d’un gouvernement minoritaire, s’est engagé à répondre favorablement à certaines revendications portées par la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, c’est en grande partie grâce à la mobilisation étudiante et populaire des derniers mois. Ainsi, la conjoncture démontre plus que jamais que l’action collective et la mobilisation demeurent les moyens privilégiés pour obtenir des changements sociaux.

Le gouvernement Charest a été remplacé par le Parti québécois qui s’est engagé, lors de la campagne électorale, à mettre fin aux mesures régressives les plus injustes des budgets de 2010 et de 2011, soit l’augmentation des frais de scolarité, la taxe santé de 200 $ par an par personne et la hausse majeure des tarifs d’électricité à partir de 2014. Dès la prise du pouvoir, le PQ a confirmé qu’il voulait agir rapidement dans les deux premiers cas, même si l’abolition de la taxe santé requiert l’appui d’un des partis d’opposition.

Durant la campagne, il s’est aussi engagé sur certaines mesures fiscales qu’avait mises de l’avant la Coalition : ajouter deux paliers d’imposition pour les contribuables gagnant plus de 130 000 $ par an, et soumettre à l’impôt 75 % des gains de capital (réalisés par exemple, à la vente d’immeubles ou d’actions boursières), plutôt que 50 %, comme c’est le cas présentement. Il s’est également engagé à mettre fin aux PPP et à modifier les contrats secrets d’Hydro-Québec.

Cependant, en dépit de ces engagements, la vigilance reste de mise, pour les optimistes comme pour les pessimistes. Le PQ en restera-t-il a proposer l’indexation des frais de scolarité, lui qui a rejeté d’emblée la gratuité scolaire avant même l’amorce du sommet à cet égard ? L’engagement de ce parti à l’égard des tarifs d’électricité a été pris à la dernière minute et n’a pas été réitéré par Pauline Marois lorsqu’elle a présenté les projets de son nouveau gouvernement. De plus, rien n’a été dit sur la poursuite des récentes compressions budgétaires dont les impacts se font toujours sentir, en santé, en éducation et dans l’accès aux programmes sociaux. Enfin, un autre constat inquiétant tient au fait que le PQ a continué a endosser, tout au long de la campagne électorale, l’atteinte du déficit zéro réalisé par le gouvernement Bouchard à la fin des années 1990 et les mesures d’austérité budgétaire pour « rééquilibrer » les finances du Québec qui l’ont accompagné. Les mauvais souvenirs des deux derniers gouvernements péquistes comme le virage ambulatoire, la taxe à l’échec, l’appui à l’ALÉNA, les baisses d’impôt pour les plus riches pour n’en nommer que quelques uns incitent plusieurs d’entre nous à rester sur leurs gardes.

Par ailleurs, Pauline Marois a été élue à la tête d’un gouvernement minoritaire, dont le sort dépendra des choix faits par le Parti Libéral (à la recherche d’un nouveau chef) et la Coalition Avenir Québec de François Legault, deux partis qui prônent la tarification et la privatisation des services publics, ainsi que l’austérité budgétaire. Le milieu des affaires, allié traditionnel de ce type de formation politique, jouit d’importantes tribunes médiatiques lui permettant d’alimenter le vent de droite en agitant l’épouvantail de la dette publique et de dénoncer l’adoption de mesures fiscales visant à faire contribuer davantage les grosses entreprises et les plus fortunés.

La bataille n’est donc pas gagnée ! Il y a une certaine urgence de lutter pour s’assurer que le PQ respecte ses engagements et ce, dès cette année. Nous éviterons ainsi peut-être des reculs importants, Cependant, la pauvreté persistera et les inégalités sociales creusées par près de trois décennies de néolibéralisme sont toujours bien présentes. Il convient donc ne pas en rester là et d’exiger davantage pour éviter l’appauvrissement et la précarisation croissante. En ce sens, la lutte contre la privatisation et la marchandisation des services publics menée de pair avec celle pour le respect des droits économiques et sociaux est loin d’être terminée.

Les membres de la Coalition, comme plusieurs autres groupes sociaux de divers horizon partout au Québec constatent que l’urgente nécessité d’un partage plus équitable de la richesse requiert la poursuite et l’élargissement de la mobilisation. Dans diverses villes et quartiers les casseroles et les assemblées populaires ont permis, comme le mouvement de grève étudiante, à de nouvelles solidarités de se créer. Les changements vers une société plus juste et solidaire ne tomberont pas du ciel. Comme l’histoire l’a encore démontré ce printemps, c’est de longues luttes que nos gains s’arrachent, mais ensemble, nous pouvons en obtenir !

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