« L’étude que nous rendons publique aujourd’hui soulève de nombreuses questions et de nombreux drapeaux rouges. Nous mettons en garde le gouvernement, Investissement Québec et la Caisse de dépôt de ne pas engouffrer davantage de millions d’argent public dans ce projet sans des analyses plus poussées », insiste Paul Comeau, membre de la coalition citoyenne.
Les citoyens ont mandaté l’organisme MiningWatch Canada et l’ingénieur minier Jim Kuipers pour faire l’analyse du projet. L’étude d’une vingtaine de pages a été transmise à Investissement Québec et la Caisse de dépôt le 6 juin dernier. Les institutions financières auraient investi environ 15 millions dans ce projet à ce jour.
Projet hautement spéculatif
Dans l’étude d’une vingtaine de pages, l’ingénieur minier de 35 ans d’expérience conclut que la viabilité économique du projet « n’est pas démontrée ». La firme Kuipers & Associates juge les hypothèses financières de la minière comme « optimistes et peu prudentes ». Il conclut que le projet est « vulnérable » face aux « grands joueurs internationaux qui contrôlent le marché du graphite », lequel se resserre. Il souligne que la multinationale Imerys, pourtant déjà implantée au Québec, a récemment préféré acheter un autre projet plutôt que celui-ci.
Revenus surestimés, coûts sous-estimés
L’ingénieur minier note que le prix du graphite prévu dans l’étude de faisabilité (1730 $US) est incohérent avec les prix prévus à court terme et dans les études précédentes (1124 $US à 1532 $US), soit un écart de 11 à 35%. Il estime que le taux de change de 0.76:1.00 $CD/US prévu sur plus de 20 ans est peu prudent et gonfle les revenus. Du côté des dépenses, nombreux coûts sont sous-estimés ou non documentés adéquatement, notamment les coûts pour la gestion de 107 millions de tonnes de déchets miniers, le traitement des eaux contaminées, la restauration du site après la fermeture, les mesures de mitigation pour la poussière et le bruit, de mêmes les compensations pour les résidents limitrophes, la municipalité et la Nation autochtone.
Une mine « toute électrique » : réalité ou poudre aux yeux ?
Kuipers & Associates observe que la viabilité technique et économique d’une mine « toute électrique » n’est pas démontrée : les coûts de capitalisation et d’opération de cette technologie ne sont pas détaillés nulle part dans les documents de l’entreprise. Le promoteur prévoit recourir au diesel au départ, pendant cinq ans, et possiblement le maintenir à long terme.
Chute de 50% du prix de l’action
Dans ce contexte, la coalition citoyenne conclut qu’il n’est pas étonnant de constater que les investisseurs ne sont pas au rendez-vous et que le cours de l’action de la compagnie a chuté de 50% au cours des 20 derniers mois.
Rappelons que le projet minier est situé dans un milieu sensible entre le Parc national du Mont Tremblant et le Parc régional du Lac Taureau. S’il est autorisé, il deviendrait la plus grande mine à ciel ouvert dans le sud du Québec avec une fosse de 2.6km de longueur et plus de 100 millions de tonnes de déchets miniers produits. Le projet sera devant le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement au cours de la prochaine année.
La Coalition des opposants à un projet minier en Haute-Matawinie (COPH) regroupe une centaine de propriétaires, villégiateurs, commerçants du secteur de Saint-Michel-des-Saints. La vision de la Coalition privilégie des projets économiques récréotouristiques clairement orientés vers le respect des paysages, de la nature et de la tranquillité des lieux. www.lacoph.com et pétition
Un message, un commentaire ?