D’ici cinq ans, le gouvernement prévoit investir 2,1 milliards de dollars visant la création d’infrastructures de transport et d’habitation afin de créer les conditions nécessaires à l’exploitation des richesses minières. Les deux tiers de ces investissements qui serviront essentiellement aux entreprises seront faits par le gouvernement du Québec. Le tiers qui reste serait de la responsabilité des entreprises privées. À terme, le Plan Nord, qui a un horizon de 25 ans, devrait déboucher sur des investissements de 80 milliards de dollars.
Le gouvernement Charest inscrit son plan comme une réponse à la montée du prix des ressources. 11 projets miniers seraient mis en exploitation d’ici cinq ans ce qui nécessiterait des investissements de 33 milliards de dollars.
Au cours des 25 prochaines années, le plan prévoit une production de 3500 MW dont 3000 seraient produits par de nouveaux barrages hydroélectriques sur les rivières du nord. Pour ce qui est de la production de l’énergie éolienne, l’objectif est fixé 300 MW. 200 MW seraient produits par les hydroliennes.
C’est donc autour d’une logique d’exploitation et de vente des matières premières et de l’énergie du Grand Nord que s’organise le Plan Nord du gouvernement Charest. C’est la logique de la nouvelle frontière à conquérir, des occasions d’affaires juteuses à offrir aux entreprises d’ici et d’ailleurs.
Les organisations patronales sont très satisfaites. L’Association minière du Québec applaudit au projet Charest. Cela va donner aux entreprises les moyens de répondre aux besoins des pays émergents en ressources. La main-d’oeuvre québécoise et autochtone ne saurait suffire. Déjà, elle envisage de faire venir une main-d’oeuvre de la Colombie et de la Roumanie qui a une bonne expérience dans le domaine minier.
Le premier ministre Charest a bien pris soin d’entourer son projet de sa rhétorique écologiste habituelle. Mais, en fait, il s’agirait davantage d’un plan de croissance économique traditionnel que celui d’un développement durable et de protection de l’environnement. Les groupes environnementaux n’hésitent pas à qualifier le Plan Nord d’un développement énergétique injustifié.
Charest répète qu’il a mené une grande consultation et qu’il a créé des partenariats avec les populations locales. Mais, les Innus tout particulièrement, n’y trouvent pas leur compte. "Le gouvernement Charest agit comme s’il avait un chèque en blanc pour exploiter nos territoires " a déclaré le chef Raphaël Picard. Les Innus exigent des négociations de nation à nation qui reconnaissent l’existence de droits ancestraux. "Nous avons des droits qui exigent notre consentement pour tout projet de développement de nos terres ancestrales " affirme pour sa part le Chef Georges-Ernest Grégoire. Le gouvernement Charest veut bien négocier certains aménagements, mais toute son entreprise semble se moquer de la réalité des droits ancestraux des Innus.
Nous publions ci-dessous un communiqué de groupes écologistes et un communiqué des Innus de l’Alliance. Nous reviendrons dans une prochaine édition sur les tenants et aboutissants du plan Charest d’exploitation du Grand Nord.