Édition du 11 février 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Petite chronique CHARTREuse !

Le 26 septembre 2013

Je prends la parole (mon crayon), en sachant que d’autres l’ont prise avant moi, parce que beaucoup de choses me dérangent présentement et que les médias traditionnels ne transmettent pas toujours l’information comme ils le devraient. Dès le départ, je n’ai rien contre les divergences d’opinion, je pense même que c’est salutaire. Je n’ai rien contre le fait que les gens ne pensent pas comme moi. Je crois fermement que la majorité des féministes, peu importe leur orientation en lien avec la Charte des valeurs, y vont avec des convictions personnelles toutes aussi légitimes que les miennes.

Si on pensait toutes et tous pareil, on n’avancerait pas, on serait figé dans le ciment du « non-progrès » … là, on est figé dans autres choses de plus
nauséabond.

Je commence…

L’INSTRUMENTALISATION DE LA VALEUR DE L’ÉGALITÉ ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES.

C’est fou comme tout le monde, tout à coup, est pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Alors que dans les faits, si on regarde les salaires moyens des femmes, la place qu’elles occupent dans les postes de pouvoir, dans les groupes de directions des grandes entreprises, parmi les personnes les plus pauvres tout au long de la vie et particulièrement à la retraite ; si en plus, on prend acte des violences faites aux femmes, de la sexualisation de l’espace public et du retour en force des stéréotypes sexuels, etc., il me semble assez évident que nous sommes bien loin de la coupe aux lèvres en matière d’égalité hommes/femmes.

Si nous devions décréter qu’il y a urgence, ce n’est sûrement pas le projet de Charte, et particulièrement la partie sur le port des signes religieux ostentatoires, qui serait mis de l’avant.

Le gouvernement minoritaire, pour des visées partisanes, prend mon argent
(publicités), perd du temps et des énergies et pire, il est en train de créer une crise sociale plus dommageable que celle du printemps érable.

REVENONS UN PEU SUR LA FFQ

Depuis quand un groupe comme la Fédération des femmes du Québec (FFQ)
représente des groupes avec une pensée monolithique ? La FFQ a toujours dit qu’elle représentait une diversité et sa raison d’être est de travailler à l’atteinte de l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que l’égalité entre les femmes elles-mêmes afin que cette égalité s’applique au uotidien, plus que dans la théorie, bref, sortir du virtuel… Ce qui veut dire que toutes les femmes doiventavoir accès aux mêmes droits, c’est simple il me semble.

La FFQ est démocratique et malgré les litanies de ces chantres d’une FFQ
infiltrée par des méchantes islamistes… eh bien c’est plate pour les médias, mais ce n’est pas le cas. Toutes ne sommes pas d’accord sur tout et toutes avons le loisir de participer au débat en respectant les règles qui permettent les échanges sécuritaires et respectueux… Et, dans une démocratie comme celle-là, il y a des votes, et la po rte-parole doit respecter ce que ses membres ont voté de façon majoritaire et démocratique.

SCISSION À LA FFQ ?

Et bien, comment interpréter cette scission ? Dans mes dernières participations aux assemblées générales de la FFQ, je n’ai pas vu, à titre d’exemple, Mme Louise Beaudoin. Où est la scission pour elle ? Elle était peut-être membre individuelle, mais ne venait pas aux assemblées générales, ce qui fait qu’elle n’aurait pas cru bon, dans ces moments de débat sur la laïcité, de se prévaloir de son droit de vote ou de parole ?

Dans l’article « Scission au sein de la Fédération des femmes » de Hélène Buzzetti du Devoir (25 septembre 2013), il est écrit : « Deux femmes se sont fait refuser le droit de participer aux tables de discussion organisées par la FFQ pour déterminer les orientations politiques des 20 prochaines années ».
Eh bien là, quatre choses :

1. Ce n’est pas des tables de discussion mais bien des tables de travail ;

2. Ce n’est pas la FFQ qui décide mais bien le Comité d’orientation des États
généraux de l’action et de l’analyse féministes, composé de 25 personnes
venant de divers milieux, de points de vue différents.

3. La décision prise était mûrement réfléchie par le Comité d’orientation. De
plus, les candidates n’avaient pas respecté tous les critères d’admissibilité
qui avaient préalablement été décidés ;

4. Contrairement à ce qu’a dit Pierre Charbonneau hier à l’émission de RDI
les EX, ce n’est pas sur des raisons idéologiques que le refus a été décidé,
la FFQ n’a pas peur de débattre avec ses membres sur des points de vue
qui ne créent pas l’unanimité.

LA DISCRIMINATION SYSTÉMIQUE

C’est fou ce que ce concept est élastique. Sans considérer cette définition
complète, on pourrait dire que la discrimination systémique « est le fait d’un
système et ne repose pas sur des actions individuelles, elle n’est pas
intentionnelle ou volontaire. Elle est le résultat de politiques, de procédures, de règles qui ont pour effet d’exclure ou de désavantager un groupe
historiquement ou culturellement discriminé, ici, les femmes. » [1]

Ce concept a été à la base des luttes des femmes pour l’accès au travail
malgré les grossesses, le handicap, la race, le sexe, pour la reconnaissance de l’équité salariale, etc. Aujourd’hui, on viendrait nous dire que c’est défendre uniquement la liberté individuelle ? Autrement dit, pour certaines personnes, le concept de discrimination systémique ne pourrait pas être utilisé dans le cas de la Charte. Des valeurs à deux vitesses !

L’AUTOMNE MISÉRABLE

Nous pensions être sorties d’une crise après ce printemps érable. Nous sommes maintenant dans la crise de « l’automne misérable ». Si le gouvernement avait un tant soit peu de bon sens, s’il agissait comme une
bonne mère de famille, il devrait y aller avec ce qui fait consensus et pour le
reste, proposer des débats après une analyse pointue différenciée selon le sexe et la race, donc après avoir posé un regard sur les impacts qu’aurait
l’interdiction des signes religieux dans les services publics…

Depuis des semaines, dans les deux camps, parce que c’est vraiment rendu ça, il y a de la grogne, des déceptions, des attaques, des mensonges et des gros mots. C’est comme un enfant en pleine crise, un chien qui mord son os, un intégriste avec sa foi…

Petit conseil en cet automne misérable : Lâcher le morceau, ça a du bon, pas juste pour les mâchoires. Alors, c’est ce que je ferai pour quelques jours, éviter tout ce qui traite de la Charte sauf… si quelqu’un fait du mal à celles et ceux que j’aime !

Chantal Locat

Militante féministe

Membre du Comité d’orientation des États généraux de l’action et de l’analyse féministes

Membre individuelle de la FFQ

Retraitée de l’enseignement


[1CSQ, [En ligne], (page consultée le 25 septembre 2013). Adresse URL : www.csq.qc.net

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