Cette hausse du salaire minimum équivaut à un gain d’environ 1000$ par année pour une personne travaillant 40 heures par semaine. Il s’agit de la plus haute augmentation du salaire minimum depuis 33 ans.
Une bonne nouvelle, mais …
Pour l’organisme Au bas de l’échelle, organisme de défense des droits des travailleuses et travailleurs non-syndiquéEs, il s’agit d’une bonne nouvelle. Toutefois, une mise en garde s’impose puisque le ministre du Travail devra démontrer cette même volonté l’an prochain et dans les années qui suivront. « L’effort consenti par le ministre et son gouvernement contribuera à améliorer le pouvoir d’achat des personnes rémunérées au salaire minimum, ce qui constitue une bonne nouvelle. Cependant, si nous voulons véritablement réduire l’écart de 23 % qui existe actuellement entre le seuil de faible revenu et le revenu annuel d’une personne travaillant 40 heures par semaine au salaire minimum, il faut s’assurer que les mesures de redressement et de rattrapage seront constantes et soutenues dans le temps. Nous sommes dans la bonne voie et il ne faut pas s’arrêter en chemin. D’autres hausses significatives seront nécessaires à court terme », déclare Esther Paquet, porte-parole d’Au bas de l’échelle.
13 décembre : Jour d’anniversaire
Cette nouvelle annoncée par le ministre arrive le Jour de l’anniversaire de la loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Cette loi, initiée par le Collectif pour un Québec sans pauvreté, a été adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale le 13 décembre 2002. Pour le Collectif pour un Québec sans pauvreté, cette augmentation de 0,50$ de l’heure est une annonce favorable pour la lutte à la pauvreté. « C’est la plus forte hausse du salaire minimum depuis celle de 7,5% que la Marche des femmes « Du pain et des roses » avait arrachée au gouvernement en 1995 par la force de la pression populaire. Il ne faudrait pas cependant que, comme en 1995, on s’en tienne là : le ministre du Travail doit planifier de nouvelles augmentations à brève échéance, en les inscrivant dans une visée précise d’élimination de la pauvreté. »
Une lutte à la pauvreté, mais pas une lutte aux préjugés
Ainsi, les travailleuses et les travailleurs au salaire minimum auront droit à une augmentation de leurs revenus, à un petit pas vers une véritable lutte à la pauvreté, mais pas les personnes assistées sociales. En effet, le ministre de la solidarité sociale, monsieur Sam Hamad annonçait, le vendredi 7 décembre dernier, que les personnes assistées sociales n’ayant pas de contraintes sévères à l’emploi n’auraient qu’une demi-indexation, selon la hausse du coût de la vie, sur leurs prestations d’aide sociale, une hausse équivalente à 0,6% d’augmentation. Le ministre du Travail et son collègue monsieur Hamad annoncent donc leurs couleurs libérales en tapant une fois de plus sur des vieux discours présents dans notre société et basés sur des préjugés. La responsabilité du « travail rémunéré » est individuelle et n’a rien à voir avec les exigences actuelles du marché de l’emploi. D’ailleurs, lors de son point de presse du 13 décembre dernier, monsieur Whissel nous a confirmé cette façon de voir du Parti libéral en affirmant que : « Il faut être capable d’admettre aussi que, si on veut inciter les gens à aller vers le travail, il faut le valoriser et, la meilleure façon de le valoriser, c’est de s’assurer que le salaire net qu’ils auront à leur disponibilité leur permettra de vivre, d’avoir des enfants et justement de supporter une famille. […] avec les mesures que mon collègue Sam Hamad met en place, l’annonce d’aujourd’hui, ça va certainement contribuer à exclure davantage de personnes de la pauvreté. » Encore une fois, on nous sort l’artillerie lourde en nous parlant de « volonté à retourner sur le marché du travail ». On ose même attaquer les femmes en leur disant que travailler au salaire minimum, c’est s’assurer de pouvoir avoir des enfants et de supporter sa famille. Une bonne nouvelle pour les mères monoparentales du Québec !
Le parti libéral du Québec passe une fois de plus à côté d’une véritable lutte à la pauvreté. Une augmentation du salaire minimum d’accord, mais pourquoi pas aussi pour les personnes assistées sociales, des personnes qui vivent aussi dans la pauvreté. Et il ne faut pas se leurrer : travailler au salaire minimum ne veut pas dire sortir de la pauvreté. Monsieur Whissel, depuis quand avoir une « job » au salaire minimum veut dire avoir une « job » au minimum 40 heures par semaine ? Combien de personnes au Québec travaillent à 8$ de l’heure, mais doivent quand même avoir recours à l’aide sociale pour « arriver » ? Comment peut-on séparer les pauvres au salaire minimum et les pauvres à l’aide sociale ? N’est-ce pas la même pauvreté ? Quand pourrez-vous reconnaître une dignité égale en droits pour toutes ces personnes ? Une remise en question de votre parti s’impose : on ne peut pas dire que l’on lutte contre la pauvreté quand on ne cherche qu’à diviser entre elles les personnes les plus pauvres de notre société.