Un programme qui reste ouvert à l’exploration du pétrole dans le golfe St-Laurent
Dans le domaine énergétique, c’est la même poudre aux yeux. En ce début d’avril, elle nous rappelait l’orientation adoptée par le Parti québécois en ce qui concerne l’exploitation pétrolière. Le programme adopté au dernier congrès nous dit qu’un gouvernement péquiste « évaluera la possibilité d’ouvrir la voie à l’exploitation sécuritaire et au développement durable des réserves potentielles de pétrole ou de gaz naturel dans le golfe Saint-Laurent et sur la terre ferme, dans une perspective de respect de la souveraineté territoriale du Québec et de ces écosystèmes, et ce, après la tenue d’un vaste débat public dans lequel les régions de la Côte-Nord, du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine devront être partie prenante (et qu’un gouvernement péquiste) prendra, si un ou des gisements d’hydrocarbures sont découverts, une participation dans les entreprises de production de façon à assurer d’adopter des règles environnementales et sociales les plus strictes et pour répondre aux besoins résiduels d’hydrocarbures au Québec."
On développera l’exploitation pétrolière dans le golfe St-Laurent. On ne dit pas un mot sur la nationalisation de ces ressources, pour assurer le contrôle de cette énergie polluante, seul moyen d’en empêcher l’exploitation. Elle ne dit pas un mot sur les dangers pour l’environnement pour le golfe St-Laurent alors que la population qui y vit se mobilise contre cette perspective. Elle ne dit pas un mot sur l’exportation de ce pétrole vers les États-Unis. Elle garde le silence sur les effets de l’utilisation de cette énergie fossile sur la détérioration du climat.
L’important ce ne sont pas des considérations écologiques sérieuses, l’important nous dit-elle, c’est que le Québec s’assure au moins 50% de la richesse créée par l’exploitation pétrolière et gazière. Avec cette logique, plus le renforcement de cette exploitation se développera, plus le Québec s’enrichira...
Pour masquer l’essentiel, elle nous parle de la Norvège qui a su exploiter du pétrole de façon sécuritaire. Elle s’entoure de députéEs ayant un passé écologiste pour nous faire avaler la pilule, pour cacher son irresponsabilité devant le véritable défi énergétique auquel doit faire face le Québec et la planète.
Jean Charest inscrit sa politique dans le cadre de la désastreuse politique énergétique canadienne
Quels sont donc les principaux axes de cette stratégie ? L’objectif de la stratégie canadienne est de faire du Canada une superpuissance énergétique centrée sur l’exportation d’énergies fossiles. Le gouvernement canadien rappelle que les sables bitumineux constituent un avantage considérable à long terme pour la population de l’Alberta et pour l’ensemble de la population canadienne. Cette stratégie de l’énergie visera d’abord a) à développer de nouveaux marchés pour le pétrole, le gaz et l’électricité, b) à simplifier la réglementation environnementale, c) à discréditer le discours sur le réchauffement climatique d) à faire d’Ottawa le maître d’œuvre de la politique énergétique alors que l’énergie est de compétence provinciale. Le Parti libéral de Jean Charest agit comme un gribouille irresponsable qui cherche à brader nos ressources à bas prix au profit des entreprises privées. L’exportation du pétrole vers les États-Unis est partie prenante de sa stratégie de développement.
Le Parti québécois parle des deux côtés de la bouche
Le PQ prétend lui, s’orienter vers les énergies renouvelables. Mais, il ne pense pas réellement la transition et ne définit pas les conditions de sa réalisation. Il n’y a aucune perspective de planification écologique dans son approche, car tout le développement en cette matière, si ce n’est l’éolien, restera aux mains du privé. Et c’est particulièrement vrai en ce qui concerne l’exploitation des énergies fossiles, même si il envisage une certaine participation. Plus : il joue sur tous les tableaux. Oui, au transport public... et électrifié, bien sûr. Mais oui aussi à ce que le Québec prenne sa place comme exportateur pétrolier. Pauline Marois nous parle du développement durable... du pétrole, d’une ressource non renouvelable, en voie d’épuisement. Ça, c’est de l’innovation.
Hier, encore, avant le mouvement contre les gaz de schiste, Pauline Marois nous servait la même salade en ce qui concerne le gaz de schiste. « Il faut savoir si l’exploitation des gaz de schiste peut être fait dans le respect de l’environnement et avec l’adhésion de la population. » Dans ce cadre, un gouvernement péquiste soutiendrait le développement du gaz de schiste pourvu qu’un minimum de 50% des revenus tirés de l’exploitation de ce dernier soit versé au Trésor public. Aujourd’hui, il soutient le moratoire, en attendant que les conditions de l’acceptabilité sociale de cette exploitation aient réussi à se recréer.
L’enjeu au niveau du renouvellement des politiques énergétiques, ce n’est pas simplement la sécurité, c’est d’abord sortir des énergies fossiles qui pourrissent le climat de la planète et qui sont la cause de pollutions multiples, c’est l’organisation du passage à la généralisation de l’utilisation des énergies renouvelables. C’est la nécessité d’en finir avec le gaspillage présent à tous les niveaux du système économique capitaliste.
La population du Québec mérite mieux que les promesses péquistes qui , dans leur forme même, annoncent leur oubli au nom d’un réalisme économique à courte vue. N’est-ce pas qu’avec le Jour de la terre qui vient, on mérite mieux que de se faire jeter de la poudre aux yeux ?