« Le SPGQ ne s’oppose pas à l’imposition d’un cran d’arrêt aux dépenses de l’État et à un émondage ciblé, lorsque cela est justifié. Toutefois, comme l’objectif de cette commission est de dégager des économies de 3,2 milliards $ dès l’an prochain, nous redoutons fortement l’imminence d’une coupe à blanc dans les programmes gouvernementaux », affirme le président du SPGQ, M. Richard Perron.
Si la présidente de la Commission de révision permanente des programmes, Mme Lucienne Robillard, est sérieuse dans sa volonté de procéder à une réorganisation du travail et à des innovations structurelles,le SPGQ estime qu’elle devrait d’abord se pencher sur le contrôle des dépenses lié au recours abusif à la sous-traitance qui, au Québec, est beaucoup plus élevé que la moyenne des pays développés, et aux lacunes observées par le Vérificateur général du Québec dans certaines pratiques du Centre de services partagés du Québec.
Recours à la sous-traitance : porte ouverte au gaspillage
À cet effet, M. Perron cite deux projets informatiques confiés à des entreprises privées par le gouvernement qui, à eux seuls, traduisent le cafouillage et l’absence de contrôle qui caractérisent l’approche gouvernementale dans son recours à la sous-traitance : le premier, Solutions d’affaires en gestion intégrée des ressources (SAGIR), devait se terminer en 2007 au coût de 83 milliards $, mais il pourrait plutôt dépasser un milliard de dollars, sans qu’une date de livraison ne soit avancée. Le second, Dossier santé Québec (DSQ), avait été promis pour 2011 au coût de 543 millions $, mais celui-ci devrait osciller autour de 1,6 milliard $ et sa livraison est reportée à 2021.
« Faire planer le spectre de coupures massives dans les programmes, c’est faire planer le spectre de coupures douloureuses dans les effectifs des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec. Nous pouvons donc anticiper un plus grand recours à la sous-traitance et à l’appauvrissement de l’expertise gouvernementale, ce qui conduit, comme nous le savons, à des abus et à des gestes éthiquement douteux, comme nous le rappelle la commission Charbonneau », indique le président du SPGQ.
Optimisation des ressources : de sérieuses lacunes
Le SPGQ estime également troublant le constat du Vérificateur général du Québec dans son rapport de Vérification de l’optimisation des ressources. Dans son chapitre sur les acquisitions de biens et de services, il est mentionné que le Centre de services partagés du Québec (le CSPQ est censé offrir des services partagés de qualité pour générer des économies de temps et d’argent au gouvernement du Québec et ainsi contribuer à assurer la pérennité des services aux citoyens) n’a pas l’assurance que la libre concurrence s’exerce efficacement. Toujours selon ce rapport, Le CSPQ n’a pas pris les mesures suffisantes pour développer et conserver l’expertise organisationnelle nécessaire à l’implantation des meilleures pratiques en vue d’offrir une prestation de services de qualité
« Si le gouvernement veut s’attaquer avec sérieux à dégager des économies de 3,2 milliards $ de dollars dès l’an prochain, il devrait également s’attaquer à l’évasion fiscale qui prive le trésor public de 3,5 milliards $ annuellement, selon Revenu Québec », conclut M. Perron.