Les groupes se sentent interpellés et forcés d’intervenir par la rapidité du déploiement de certains projets d’infrastructure dans le cadre de la nouvelle Stratégie maritime du Québec ou du développement de certaines administrations portuaires fédérales. Ils citent notamment la future zone industrialo-portuaire de Cacouna qui se situerait au cœur de la pouponnière des bélugas et le projet de deux nouvelles infrastructures portuaires dans le Haut-Saguenay qui auraient pour effet de doubler la circulation maritime sur cette voie d’eau d’ici 4 ans.
Une partie importante de l’habitat essentiel des bélugas est traversée par la voie maritime. Tout développement maritime dans le Saint-Laurent aura ultimement un impact sur ce secteur déjà fortement impacté. Pour Robert Michaud, spécialiste des bélugas au GREMM, « il est essentiel d’assurer que les zones calmes, les refuges acoustiques des bélugas, comme le Saguenay et le secteur de Cacouna dans le chenal Sud de l’estuaire le demeurent. »
Vers une stratégie béluga
Nature Québec et la SNAP Québec invitent le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec à travailler avec les milieux environnementaux et les acteurs économiques pour mettre en place rapidement une stratégie béluga. Ils proposent en priorité la mise en place de nouvelles aires protégées dans l’estuaire du Saint-Laurent afin de renforcer la résilience des espèces et des écosystèmes et d’assurer la présence de refuges acoustiques pour le béluga. Cette stratégie devrait également inclure une amélioration significative des mesures de conservation et de gestion de la partie de l’habitat essentiel située dans les limites actuelles du Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent.
« La feuille de route que nous proposons vers une stratégie béluga comprend l’intégration des scientifiques et des milieux environnementaux dans les instances décisionnelles liées à la stratégie maritime et l’élargissement des processus de consultation et de participation du public. Le développement du Saint-Laurent ne doit pas se décider derrière des portes closes et laisser à la marge la protection du béluga et des écosystèmes » a précisé Christian Simard, directeur général de Nature Québec.
La feuille de route s’appuie également sur le respect de la Loi sur les espèces en péril (Canada) et de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables (Québec). À cet effet, le ministre responsable de Pêches et Océans Canada a publié, le 14 mai dernier dans la Gazette du Canada, un projet d’arrêté ministériel visant la protection de l’habitat essentiel du béluga du Saint-Laurent. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP), l’adoption d’un arrêté ministériel en vertu de l’article 58 de la LEP nous indique que les mesures de protection actuelles de l’habitat essentiel de l’espèce sont inadéquates. « La jurisprudence est sans équivoque, les mesures de protection légales mises en place doivent permettre l’atteinte des objectifs visés par la Loi et donc assurer les conditions du rétablissement de l’espèce » d’indiquer Alain Branchaud, directeur général de la SNAP Québec. « La mise en place des mesures de protection légales doit également se faire dans un délai raisonnable. Si l’arrêté ministériel avait été adopté dans les délais prévus par la LEP, la saga du terminal pétrolier de TransCanada à Cacouna aurait pu être évitée » d’ajouter Me Michel Bélanger, spécialiste en droit de l’environnement.
En conclusion, Nature Québec et la SNAP Québec invitent l’ensemble des parties intéressées par la Stratégie maritime à être à l’écoute du message provenant du nid-de-pie : Iceberg en vue !
Contact média SNAP Québec :
Charlène Daubenfeld
Contact média Nature Québec :
Sophie Gallais