Inprecor no 699-700 août-septembre 2022
Entretien de Carlos F. Chamorro avec Mónica Baltodano et Luis Carrión
Pour Luis Carrión Cruz, dirigeant de Unión Democrática Renovadora (UNAMOS) – dénommée auparavant Movimiento Renovador Sandinista (MRS) –, l’un des commandants historiques de la révolution du FSLN qui a conduit au renversement de Somoza il y a 43 ans, l’abandon de la place est une confirmation de « l’usure politique du FSLN et de Ortega, qui n’a pas de confiance dans sa capacité de convoquer politiquement une foule ».
De son côté, la commandante guérillera Mónica Baltodano – également dissidente de la dérive totalitaire de Ortega et exilée au Costa Rica comme Carrión – considère que « Ortega et le FSLN perdent chaque jour davantage cet appui et c’est pour cette raison que cette dictature va tomber, tout comme celle de Somoza ».
Dans un entretien avec Confidencial et Esta Semana, effectuée à la veille du 19 juillet, Mónica Baltodano et Luis Carrión s’accordent sur le fait que la sortie politique à la crise de la dictature Ortega-Murillo implique de récupérer une capacité d’organisation dans les territoires.
Carlos Fernando Chamorro : Daniel Ortega exerce aujourd’hui un pouvoir absolu au Nicaragua et s’acharne à imposer un régime totalitaire. Quel niveau d’appui ce projet totalitaire a-t-il au sein du Front sandiniste, dans ses bases sociales et économiques et au gouvernement ?
Mónica Baltodano : Le 19 juillet 1979 fut un jour de consensus national, tout le pays célébra la fin de la dictature dynastique d’Anastasio Somoza. Et bien que cette célébration ait été confisquée depuis plusieurs années pour devenir une célébration du culte à la personne de Daniel Ortega, l’histoire un jour récupérera cette date et la placera à sa juste dimension.
43 ans plus tard, l’appui au Front sandiniste, et particulièrement à Daniel Ortega, a été quasiment pulvérisé, non seulement au sein du peuple nicaraguayen, mais aussi dans les bases du Front sandiniste, au sein de ses bases historiques, où beaucoup d’entre nous ont dénoncé la dérive dictatoriale. Ce pouvoir concentré a soumis toutes les institutions, l’armée et le pays entier, la majorité des gens. Même les employé∙es de la fonction publique et jusqu’à des fonctionnaires historiques du Front sandiniste l’appuient avec une grande réserve, c’est-à-dire qu’ils l’appuient publiquement, mais au fond ils ne sont pas d’accord avec ce qui se passe. Ils dépendent économiquement du pouvoir pour faire vivre leur famille, pour avoir du travail, mais ils n’appuient pas ses actions, parce que comme nous l’avons vu ce pouvoir prend chaque jour des positions de plus en plus extrêmes, des positions absolument démentielles comme ce fut le cas avec les nonnes [expulsion de religieuses du Nicaragua].
Je crois que le soutien à cette dictature diminue sans cesse, raison pour laquelle cette dictature va tomber, comme est tombée celle de Somoza
Carlos Fernando Chamorro : Ce 19 juillet, tout comme l’année passée, il n’y a pas eu de convocation à un rassemblement de masse sur la place, mais une réunion avec des invités retransmise sur une chaîne nationale de radio et de télévision. Pourquoi n’y a-t-il pas une convocation massive, alors que Ortega-Murillo ont tout le pouvoir pour amener leurs sympathisants et leurs partisans ?
Luis Carrión : Daniel Ortega reconnaît que son pouvoir, quoique apparemment monolithique, a connu une grande usure politique. Il ne peut plus, si ce n’est totalement par la force, convoquer ces grandes manifestations qui en d’autres temps avaient lieu pour célébrer le 19 juillet. Alors Ortega a besoin de scénarios totalement contrôlés, avec des petits groupes de gens qui applaudissent selon un guide, pour éviter le risque d’avoir un rassemblement clairsemé, faible et peu enthousiaste, comme cela serait le cas en amenant des gens par la force, en les achetant, mais sans aucune conviction pour célébrer ce jour. Je crois que c’est la raison : Daniel Ortega n’a pas confiance dans sa capacité de convoquer politiquement une foule suffisamment grande.
Carlos Fernando Chamorro : Il y a des courants au sein du Front sandiniste. Cette bataille s’est exprimée publiquement entre les militants historiques et Rosario Murillo, ou entre Rosario Murillo et les militants historiques. Quel a été le dénouement ?
Mónica Baltodano : Bien que « el Chino Enoc » (1) ait reconnu publiquement qu’il avait fait partie des groupes paramilitaires, il est maintenant en prison, non pour avoir tiré sur le peuple et les étudiants, mais pour s’être opposé publiquement aux politiques de Rosario Murillo et avoir exprimé une fissure qui existe actuellement au sein du Front sandiniste parmi ceux qui ne reconnaissent pas la direction et le rôle joué par Rosario Murillo. Car c’est une direction autoritaire, verticale et absolument anti-démocratique.
La cohésion qui se produit quand il existe un pouvoir et une répartition des miettes, une répartition de privilèges, est assez forte. Les fissures vont se manifester au moment où le peuple pourra se mobiliser et s’exprimer. Je ne parle pas nécessairement du fait de descendre dans la rue, mais du moment où une mobilisation populaire aura la capacité de s’exprimer et coïncidera avec les départs massifs qui se produiront en raison des divisions internes existant au sein du Front sandiniste. Et cela s’est passé non seulement avec la dictature des Somoza, mais avec des régimes autoritaires dans le monde entier, qui s’effritent à la chaleur de la mobilisation et des réponses populaires, et cela arrivera à un moment dans notre pays comme cela s’est produit en avril 2018.
La « succession de Rosario Murillo »
Carlos Fernando Chamorro : Mais, en ce moment, il semblerait que le régime démontre sa capacité à maintenir la répression, à imposer une sorte de stabilité autoritaire. Où se situent dans ce schéma les employés de la fonction publique, qui ne sont pas des paramilitaires ? Les uns disent : je défends mon poste de travail ; d’autres disent : nous sommes séquestrés ; d’autres défendent le régime Ortega, et la majorité se plaint d’être politiquement surveillée.
Luis Carrión : Ces trois discours pour justifier la participation au sein de l’État sont légitimes et réels : il y a des gens qui l’appuient, d’autres qui se sentent terrorisés et d’autres qui défendent leur poste de travail. Mais je n’ai aucun doute que ceux qui y sont pour une sorte de conviction ou d’intérêt matériel – au-delà du salaire, la position à certains niveaux de l’État leur donne l’opportunité de recevoir des prébendes ou de profiter des processus de corruption qui se sont étendus et généralisés – sont une minorité. La majorité des employés de la fonction publique – j’en suis convaincu et c’est ce que l’on observe – sont là premièrement par peur et deuxièmement parce qu’ils n’ont pas le choix. Au Nicaragua, si tu perds ton travail, les gens n’ont pratiquement pas d’options, comme le démontre l’émigration massive, comme jamais, des Nicaraguayens vers le Costa Rica, les États-Unis et d’autres pays. Les gens n’ont pas d’espoir, ils n’ont pas de choix pour améliorer leur vie et beaucoup de gens qui travaillent pour l’État le craignent beaucoup.
L’État n’est pas monolithique et c’est pour cette raison qu’il exerce une vigilance permanente, y compris sur ses propres gens. Une dictature comme celle-ci, à vocation totalitaire et dynastique, a besoin d’appliquer dans ses propres rangs les mêmes mesures de contrôle qu’envers la population, y compris par la répression, la menace et la prison, comme nous l’avons vu dans le cas du « Chino Enoc ».
Carlos Fernando Chamorro : Il y a 4 ans, le Front sandiniste avec la police et les paramilitaires a déclenché une répression sanglante, « l’opération nettoyage » principalement à Managua, Masaya, Carazo et dans d’autres parties du pays. En fait, ce 19 juillet, il célèbre l’anniversaire de cette répression. Quel en est l’impact sur les bases du Front sandiniste ?
Mónica Baltodano : L’un des facteurs ayant le plus contribué à la perte d’appui interne et d’appui national fut la brutale répression déclenchée il y a 4 ans. C’est démontré par les prisonniers provenant des rangs du Front sandiniste, qui furent et sont actuellement incarcérés : Dora María Téllez, Ana Margarita, mais aussi Harry Chávez et Irving Larios. Il y a un rejet clair de la dictature. Et célébrer ces massacres en les faisant confluer avec les célébrations du 43e anniversaire est vraiment atroce, honteux et je ne crois pas que cela contribue à la cohésion. Au contraire, cela contribue à démontrer l’esprit mafieux et mensonger du régime : la volonté de construire un récit dictatorial, comme font tous les dictateurs, le récit autour d’une tentative de coup d’État pour justifier les massacres.
Ainsi, il est bien démontré que les Nicaraguayens, comme l’a dit un jour Pedro Joaquín Chamorro [propriétaire du journal La Prensa, assassiné en janvier 1978 par la dictature Somoza] sont restés sans patrie, parce que, disait-il, « ma patrie, c’est la liberté ». Et quand il n’y a pas de liberté de mobilisations, il n’y a pas de liberté pour protester, quand il n’y a pas de liberté d’expression et de presse, les Nicaraguayens sont littéralement sans patrie.
Et ces commémorations atroces de crimes commis lors des « opérations de nettoyage », très similaires à celles effectuées par Somoza en 1978, sont une perversion de l’histoire, une perversion des symboles et des dates.
Carlos Fernando Chamorro : Quel est le futur du FSLN avec Daniel Ortega et Rosario Murillo, ou même éventuellement sans Daniel Ortega ? Rosario Murillo est placée sur la ligne de succession constitutionnelle comme vice-présidente. Est-ce qu’elle a une capacité de direction propre pour diriger une dynastie, sans Daniel Ortega ?
Luis Carrión : Je crois que le contrôle exercé par la famille Ortega-Murillo sur le Front sandiniste et l’exercice totalitaire du pouvoir, en voie de consolidation, vont mener au désastre le Front sandiniste, ou plutôt ce qui reste du Front sandiniste. Parce que, comme le disait Mónica, le Front sandiniste est passablement diminué et dans une grande mesure c’est l’expression d’alliances mafieuses entre des groupes de pouvoir et des groupes économiques qui gravitent autour de Daniel Ortega.
Rosario Murillo n’a pas la même capacité de convoquer et de réunir ces groupes. Indubitablement, bien qu’elle ait un degré très important de contrôle sur les structures de l’État et les petits groupes qui forment le Front sandiniste, elle ne bénéficie pas de la reconnaissance du leadership historique que représente encore Daniel Ortega d’une certaine manière. Dans une situation où Rosario Murillo remplacerait Daniel Ortega à la tête du gouvernement et du Front sandiniste, une série de tensions et de contradictions existantes, qui sont souterraines et contrôlées par Ortega vont commencer à émerger. En clair, Rosario Murillo n’aurait pas une gouvernance si facile, au contraire elle approfondirait les contradictions, parce que Rosario Murillo est une femme profondément vindicative, et pas seulement avec ses adversaires politiques, mais avec quiconque diverge, fait dissidence ou la contredit dans les rangs du Front sandiniste. Il y aurait alors un affaiblissement de l’unité, de la cohésion, même de ces groupes mafieux qui soutiennent le pouvoir d’Ortega.
Carlos Fernando Chamorro : Où situer le rôle de l’armée nicaraguayenne dans cette crise ou dans ces tensions, dans la tentative de consolider un régime totalitaire ? Je ne parle pas du général Avilés ou du commandement de l’armée. Mais existe-t-il une réserve institutionnelle dans cette institution, face au futur de cette tentative de perpétuer une dynastie ?
Mónica Baltodano : Je crois qu’il existe des réserves de patriotisme dans les rangs de l’armée, et je le dis parce que plusieurs officiers supérieurs ont manifesté leur mécontentement avec l’état de choses ; ils n’ont pas admis, par exemple, ce qui est arrivé à Hugo Torres, la lâcheté de l’armée, qui ne lui a pas rendu les honneurs appropriés lorsqu’il est mort dans la prison d’Ortega.
Mais il faut aussi reconnaître que jusqu’à aujourd’hui, par le biais du général Avilés, Ortega a réussi à contrôler l’armée, et il le fait de la même manière qu’avec le reste du FSLN. Il trafique avec les besoins du peuple, et il consolide aussi son pouvoir ou sa capacité de le soumettre sur la base des privilèges, en leur permettant de faire de grandes affaires, en leur donnant de grandes opportunités de s’enrichir.
Je crois aussi que l’armée, et pas seulement l’armée, mais aussi la police, ont été perverties ; mais je crois qu’il existe toutefois des éléments au sein de l’armée qui peuvent réagir. Ortega a construit le caudillisme durant 43 ans, il a joué ce rôle et cela a contribué à être l’élément qui donne toutefois une cohésion au Front et une subordination de ces institutions. Mais personne au sein de l’armée et de la police ne se subordonnerait de la même manière à Rosario Murillo. Alors, je crois qu’il existe là une réserve, dont il faut continuer d’attendre qu’à l’avenir elle puisse réagir, comme cela s’est passé, je le souligne, dans d’autres processus historiques et dans le cas de la dictature de Somoza où se sont produites d’importantes fissures ayant contribué aussi à son renversement.
La sortie démocratique
Carlos Fernando Chamorro : À la différence du processus contre la dictature de Somoza – un processus national, politique, massif, mais aussi insurrectionnel, avec une composante de lutte armée – il existe aujourd’hui un consensus au Nicaragua pour chercher une issue politique, civique. Quel espace y a-t-il aujourd’hui au Nicaragua pour la résistance civique, sous l’État policier ? L’opposition s’attend-elle à ce que la pression extérieure puisse produire un changement politique démocratique ?
Luis Carrión : En ce moment, il n’existe pas de possibilités de se manifester pour les secteurs anti-ortéguistes et pro-démocratie, et c’est le but de toutes les mesures prises par Ortega. La répression, l’emprisonnement, les menaces servent à intimider, non quelques-uns, mais tout le monde, parce que quiconque – même n’ayant pas eu de grande participation à la lutte d’avril 2018 ou ultérieure – peut aller en prison. Nous avons vu des cas de gens qui sont emprisonnés et on ne sait parfois pas pourquoi, ou on ne les laisse pas sortir du pays, ou on les réprime de toute manière.
Les processus sociaux sont cycliques. Nous avons eu une vague de lutte populaire dans les dernières années, et maintenant il y a un recul brutal en raison de la répression brutale. Ces vagues vont revenir. Quand ? Il est difficile de le dire, mais la dictature – dans la situation d’isolement politique interne et international où elle se trouve – va graduellement perdre la capacité de maintenir son contrôle sur le pays et sur les gens. Les sanctions extérieures sont importantes, elles jouent un rôle, mais elles devraient se situer dans une stratégie plus intégrale, politique et diplomatique, pas seulement comme une sorte de châtiment, mais comme partie d’une stratégie visant à affaiblir la cohésion du régime et donner les espaces nécessaires pour que ce ressentiment, ce rejet généralisé du régime – qui est écrasé et incapable de se manifester – trouve les espaces nécessaires pour accélérer l’usure de la dictature. Son processus de détérioration va le conduire à un changement démocratique, peut-être plus graduel, peut-être plus rapide, mais inévitable.
Carlos Fernando Chamorro : En attendant, le régime peut-il rester au pouvoir ? Quelles sont ses forces et sa principale faiblesse ?
Mónica Baltodano : Sa principale force continue à reposer sur la répression, la prison, l’exil de beaucoup d’entre nous, et c’est alors une force à la Pyrrhus, parce qu’il repose sur les armes de la police et de l’armée. L’histoire montre que quand tu perds le peuple et le consensus national, finalement les gens finissent par manifester.
Maintenant, les gens ont choisi le chemin de la lutte civique. Je crois qu’il y a une attente à propos de la tâche de nous articuler, d’obtenir un consensus sur quelques actions des différentes forces, d’établir quelques ponts qui doivent être basés sur l’action concrète et, à mon avis, sur l’action des gens qui se trouvent sur le terrain. La capacité de nous mettre d’accord sur une stratégie par rapport aux prisonnier∙es détenus dans toutes les prisons du Nicaragua. Nous devons avoir la capacité de tracer ensemble des stratégies et des campagnes actives où se combinent les actions internes, mais aussi l’action des forces internationales.
La vérité, c’est que le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, les organismes financiers comme la Banque centroaméricaine d’intégration économique (BCIE), continuent d’appuyer Ortega. Alors, l’action internationale est assez faible. Nous devons parier sur le mot d’ordre « Seul le peuple sauve le peuple » et renforcer notre organisation territoriale, chaque force de manière séparée, mais être capables de construire des ponts d’articulation pour réaliser des actions de résistance.
L’axe le plus faible de la dictature, c’est son incapacité de donner des réponses aux grands besoins de la population. L’énorme migration, les morts sur le Rio Bravo, l’émigration vers d’autres pays d’Amérique centrale en cherchant la vie, indiquent qu’il n’y a pas de réponses aux énormes difficultés économiques qui frappent les gens : problèmes de salaire, inflation, corruption évidente dans la gestion du pétrole et des combustibles.
C’est la principale faiblesse et l’un des éléments clés qui influenceront les explosions qui ne manqueront pas de se produire à l’avenir et qui, espérons-le, nous trouveront cette fois-ci plus organisés, plus articulés, afin que ce soit vraiment l’occasion de mettre fin à la dictature et de commencer un chemin de construction démocratique et de liberté dans notre pays.
Luis Carrión : Il est important que les organisations ayant une base au Nicaragua travaillent sérieusement pour se consolider, pour se renforcer, et c’est cela qui va permettre dans un futur proche que ces forces s’articulent, pas nécessairement en une seule entité, mais au sein d’une même vision, d’un même objectif politique et stratégique et d’une logique inclusive, parce que l’exclusion va mener à d’autres crises, si elle ne se résout pas.
Alors, c’est cela qui doit permettre aux forces de s’articuler et d’agir de manière cohérente, certaines dans le meilleur des cas peuvent aller plus avant vers une fusion, ou peut-être non. Mais ce n’est pas indispensable. L’indispensable, c’est l’action collective, partagée, qui peut se constituer en une alternative de pouvoir face au régime.
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* Mónica Baltodano (« Isabel 104 » dans la clandestinité), une des dirigeantes de l’insurrection urbaine de juin 1979 à Managua, commandante guérillera, ex-membre de la Direction nationale du Front sandiniste de libération nationale (FSLN) et ex-députée du FSLN, est fondatrice du Movimiento por el Rescate del Sandinismo (MpRS, Mouvement pour le sauvetage du sandinisme). Lors des congrès du FSLN en 1994 et 1998, Mónica Baltodano animait la tendance Izquierda Democratica, opposée à celles et ceux qui allaient fonder le Movimiento renovador sandinista (MRS). Elle avait alors soutenu Daniel Ortega comme secrétaire général du FSLN (contre Henry Ruíz, qui s’était porté candidat contre Daniel Ortega en 1994), convaincue par son « discours gauche ». Elle a quitté le FSLN en 1998, au moment du pacte Ortega-Alemán. Actuellement exilée au Costa Rica.
Luis F. Carrión Cruz est un des neuf commandants de la direction nationale sandiniste (FSLN) qui a renversé le régime Somoza en 1979. Il a dirigé le front oriental lors de l’offensive finale de la révolution. Il a démissionné du FSLN en 1995, devenant un des fondateurs du Movimiento Renovador Sandinista (MRS), devenu Unión Democrática Renovadora (UNAMOS). En 2018 il a soutenu les manifestations et a appelé Ortega à se retirer. En juin 2021, à la suite des arrestations dans l’opposition, il s’est exilé au Costa Rica. est un journaliste nicaraguayen d’investigation, indépendant, fondateur du site web d’information Confidencial. Cet entretien a été publié le 19 juillet 2022 par Confidencial : https://www.confidencial.digital/politica/luis-carrion-y-monica-baltodano-el-gran-desgaste-del-fsln-el-19-de-julio-ortega-caera-como-somoza/ (Traduit du castillan par Hans-Peter Renk).
Notes
1. « Chino Enoc », de son vrai nom Marlon Gerardo Sáenz Cruz, est un ex-guérillero sandiniste historique. Avocat retraité et paramilitaire. En avril dernier, il a admis dans une interview au journal La Prensa qu’il faisait partie des milliers d’hommes armés par le régime de Daniel Ortega pour démanteler à coups de balles les barricades érigées lors des manifestations citoyennes réclamant la démission du dictateur en 2018.
Depuis le 18 mai 2022, il est dans une cellule de punition de la prison connue sous le nom d’El Chipote, avec une quarantaine de dirigeants de l’opposition et de critiques du régime qu’il persécutait.
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