« Au fil des ans, les règles d’admissibilité à l’assurance-emploi ont été considérablement durcies, la durée des prestations diminuée et le taux de remplacement du revenu abaissé. Résultat : de moins en moins de chômeuses et de chômeurs y sont admissibles, et lorsqu’ils y ont droit, c’est pour une plus courte durée et pour des montants réduits. Ce n’est pas acceptable », a affirmé en marge de l’audience François Vaudreuil, président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD).
L’Outaouais n’est pas épargné par le chômage
Dans la région de l’Outaouais, le taux de chômage se situe en dessous de la moyenne québécoise. Cependant, ce chiffre cache des taux beaucoup plus importants dans au moins deux MRC, soit celle du Pontiac avec un taux de 11 % et celle de la vallée de la Gatineau avec un taux dépassant les 15 %. De plus, au fur et à mesure que se font sentir les mises a pied dans la fonction publique fédérale, le taux de chômage dans la région risque d’augmenter substantiellement », a expliqué Dino Lemay, représentant de la FTQ-Outaouais.
Bien que certaines régions connaissent une proportion plus importante d’emplois saisonniers, il n’en demeure pas moins que plusieurs secteurs économiques de la région dépendent également de ce type d’emploi. « Les domaines de la construction, du tourisme, du transport scolaire et de l’enseignement sont particulièrement touchés par la contre-réforme du gouvernement conservateur à Ottawa », a souligné Michel Quijada du Conseil central de l’Outaouais.
« De plus, la région de l’Outaouais a perdu de nombreux emplois dans l’industrie forestière. Plusieurs travailleurs de ce secteur, au cours des dix dernières années, ont du subir des baisses de salaires importantes, d’autres plus âgés, faute de programmes qui auraient pu leurs venir en aide jusqu’à l’atteinte de la retraite, ont dû se résoudre à vivre des prestations de derniers recours.
Dans la construction, le tourisme et le milieu scolaire, pour ne nommer que ces secteurs où se retrouvent des salarié-es occasionnels et à contrat, les travailleurs doivent eux aussi avoir recours à l’assurance-emploi. Si la réforme est maintenue, il sera très difficile d’y recruter ou d’y garder la main-d’œuvre. Quel genre d’emploi un chargé de cours de l’UQO, par exemple, qui doit parfois attendre des semaines avant de voir son contrat renouveler, devra-t-il accepter ? », a ajouté Michel Quijada du Conseil central de l’Outaouais.
« Loin de corriger la situation, la réforme des conservateurs va accentuer le problème. La création de trois catégories de prestataires et les obligations différentes de recherche d’emploi en vertu d’une nouvelle définition de l’emploi convenable limiteront encore plus l’accès aux prestations ainsi que leur durée pour des milliers de personnes », a ajouté Pierre Provençal, président du Syndicat du soutien scolaire de l’Outaouais-CSQ.
Le gouvernement doit contribuer
Les quatre organisations syndicales ont finalement enjoint le gouvernement à prendre ses responsabilités en ce qui a trait au mode de financement du régime, auquel seuls les travailleuses et les travailleurs et les employeurs sont appelés à participer à l’heure actuelle.
« En 1990, malgré une vaste opposition, le gouvernement canadien a cessé de participer financièrement au régime. Nous avons toujours dénoncé ce désengagement de l’État et exhortons le gouvernement à assumer de nouveau la part des dépenses qui lui revient », ont finalement déclaré les représentants de la CSD, de la CSN, de la CSQ et de la FTQ en concluant :
« Si le gouvernement fédéral persiste et signe dans son entreprise de réduction des droits des chômeuses et des chômeurs et refuse de bonifier le régime d’assurance-emploi dans le sens de nos propositions, nous exigerons la création d’un régime québécois d’assurance-chômage, dans la mesure où les paramètres de ce nouveau régime en matière de couverture, de financement et de gouvernance répondent aux revendications de nos organisations. »