Avec l’expérience dont il bénéficie dans le secteur du bois d’œuvre, Unifor peut déjà témoigner des conséquences négatives de l’imposition de droits compensateurs et antidumping sur une industrie et ses emplois. « Toutes les querelles commerciales que nous avons connues dans le passé avec les États-Unis dans le secteur du bois d’œuvre nous l’ont démontré, cela représente un réel danger pour les emplois et l’industrie. À terme, ce n’est pas seulement Bombardier qui écoperait, c’est l’ensemble de l’industrie aérospatiale qui se trouverait fragilisée », a expliqué M. Gagné. Unifor déplore particulièrement le fait que Boeing utilise la législation commerciale afin de s’enrichir en attaquant la concurrence.
Plus de 500 membres d’Unifor ont ainsi pris d’assaut le centre-ville de Montréal afin de signifier leur appui à la défense de l’industrie aérospatiale et des emplois qui en dépendent. Mentionnons que des membres de l’Association internationale des machinistes et travailleurs et travailleuses de l’aérospatiale (AIMTA) se sont aussi joints à la manifestation d’Unifor.
Pour le syndicat Unifor, il importe de mobiliser tous les acteurs de l’industrie y incluant les élus de tous les paliers et de toutes les organisations politiques. Plusieurs ont ainsi répondu à l’appel, dont Alexandre Boulerice et Pierre Nantel du NPD, Gabriel Sainte-Marie du Bloc québécois ainsi qu’Alain Therrien du Parti québécois.
Faire la différence dans la négociation de l’ALENA
Les échanges commerciaux avec l’étranger et particulièrement avec les États-Unis sont déterminants pour la vitalité de notre économie et les emplois. Que ce soit l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA - Canada-États-Unis-Mexique) ou tout autre accord commercial, Unifor plaide afin de s’assurer que les conditions de travail ne soient pas tirées vers le bas. « L’ALENA a fait du mal aux travailleuses et travailleurs dans les trois pays. Il est maintenant temps de rectifier les erreurs du passé », voilà le message livré par le syndicat alors qu’il participe au processus de renégociation de l’ALENA. Au nombre de ses priorités, Unifor demande notamment à ce qu’un chapitre distinct de l’entente soit consacré aux droits des travailleuses et travailleurs avec des énoncés clairs : liberté d’association, liberté de négociation, normes minimales et des clauses punitives conséquentes afin que les employeurs ne violent pas l’accord impunément.
Rappel de la dispute
La compagnie américaine Boeing a porté plainte contre Bombardier en mai dernier, prétendant que cette dernière a bénéficié d’une aide gouvernementale indue lui permettant de vendre au rabais son avion CSéries. À la suite de cette plainte, une enquête a été amorcée par le département du commerce américain et une décision est attendue le 25 septembre prochain.
Quelques chiffres sur Bombardier
– Bombardier a contribué au produit intérieur brut (PIB) à hauteur de 12,4 milliards de dollars en 2013 (soit 0,7 % du PIB) ;
– Bombardier et ses fournisseurs directs comptent 24 300 emplois directs et 40 800 emplois indirects ;
– Le salaire annuel moyen d’un employé chez Bombardier est de 95 500 $ en 2017 (1,7 fois plus élevé que la moyenne nationale) ;
– Bombardier a payé plus de 723 millions de dollars en impôts fédéral et provincial. S’y ajoute l’impôt sur le revenu payé par les employés de Bombardier, pour un total de 1,3 milliard de dollars ;
– Le programme d’avions CSéries fait appel à plus de 200 fournisseurs d’un bout à l’autre du pays ;
– Bombardier achète des produits et services à plus de 600 fournisseurs au Québec et à 350 autres en Ontario ;
En 2016, Bombardier employait 7 000 personnes aux États-Unis et générait des retombées de 14 milliards de dollars chez des sous-traitants américains.
Unifor et ses membres
Outre les membres qu’il représente chez Bombardier, Unifor représente aussi des travailleuses et travailleurs chez des sous-traitants de la CSéries dont Pratt & Whitney et Avior. Unifor est aussi présent dans de nombreuses autres entreprises du secteur aérospatial, dont Héroux Devtek, CMC Électronique et CAE. Unifor compte aussi au nombre de ses membres les travailleuses et travailleurs de l’industrie de l’aluminium qui produisent la matière première nécessaire à la fabrication d’avion, entre autres.
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