Le regroupement dénonce le sous-financement dont souffre le programme AccèsLogis, empêchant la réalisation de milliers de logements coopératifs et sans but lucratif. Selon le FRAPRU, non seulement le nombre de logements sociaux budgétés annuellement depuis 10 ans est insuffisant, mais une proportion considérable des unités annoncées n’a pas être réalisée. « Les conséquences de ce sous-financement ont atteint un sommet cette année, puisque seulement 731 nouveaux logements sociaux, soit moins du quart des unités annoncées lors du dernier budget québécois, sont effectivement sortis de terre », explique Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. « Alors que des centaines de milliers de personnes ont des besoins criants d’un logement décent, ce sont 15 000 logements sociaux qui ont fait l’objet d’annonces budgétaires depuis 10 ans et qui n’ont jamais été réalisés. C’est tout simplement scandaleux ! », s’indigne-t-elle.
La porte-parole du regroupement s’inquiète de la déclaration de la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, jeudi dernier, à l’effet que le gouvernement Legault serait en attente de l’aide financière du fédéral pour aller de l’avant. Elle rappelle qu’en campagne électorale, la CAQ avait promis de livrer pendant son premier mandat les logements sociaux déjà annoncés mais pas encore réalisés. « Québec doit effectivement aller chercher sa juste part des fonds fédéraux prévus dans la Stratégie fédérale sur le logement, mais ces sommes doivent servir à planifier encore plus de logements sociaux, pas à délester le Québec de ses responsabilités et à éponger la facture occasionnée par la négligence des gouvernements québécois antérieurs », explique Véronique Laflamme.
Si Québec tarde à livrer les logements attendus et n’utilise pas les fonds fédéraux pour en faire davantage, le FRAPRU craint une détérioration rapide de la situation du logement. Les données du Rapport sur le marché locatif de l’automne 2018 de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) sont en effet alarmantes. Dans plusieurs régions métropolitaines et villes québécoises, les taux d’inoccupation des logements locatifs dégringolent en dessous du seuil dit d’équilibre de 3%, voire sous la barre du 2%, et les loyers y augmentent beaucoup plus rapidement que l’inflation. « On a tous les indices d’un retour à une pénurie grave de logements, en particulier dans les régions de Gatineau et de Montréal, de même qu’en Montérégie et dans les Basses Laurentides », rappelle Véronique Laflamme.
Selon le FRAPRU, faute d’investissements significatifs dans le logement social, des locataires risquent de se retrouver à la rue dans les mois et les années à venir, comme ce fut le cas au début des années 2000. « Il faut donner un grand coup maintenant pour augmenter le nombre de logements financés à chaque année. Si on ne fait rien pour mettre fin aux nombreux dénis au droit au logement, alors qu’on cumule les surplus budgétaires, quand le fera-t-on ? », conclut la porte-parole. Devant les bureaux du premier ministre, elle a invité ce dernier à faire les choix qui s’imposent pour amorcer un vrai changement pour les personnes mal-logées.
Des images de la manifestation sont disponibles sur les pages Facebook et Twitter du FRAPRU.
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