« Le ministre de la Santé est tellement silencieux qu’on dirait un fantôme. On est là pour lui rappeler qu’il a une obligation envers tous-toutes les patient-e-s du Québec. Ce que le gouvernement veut faire, c’est carrément dangereux pour les patient-e-s ! Est-ce que le ministre Dubé va finir par s’en rendre compte ? », affirme Julie Bouchard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ.
Pertes de revenus dans cinq jours
Alors que la négociation se poursuit, le gouvernement a décidé de couper les revenus de toutes les professionnelles en soins, en retirant, à partir du 4 novembre, une prime de 3,5 % liée à la COVID.
« La pandémie est peut-être terminée, mais elle a laissé sa trace dans le réseau de la santé. Le gouvernement dit vouloir régler la négociation d’ici décembre et sabre dans les conditions de travail, coupe dans le revenu des professionnelles en soins qui portent le réseau à bout de bras. Ça n’aidera sûrement pas à trouver une entente », ajoute Nathalie Levesque, vice-présidente et coresponsable de la négociation.
Envoyer n’importe qui, n’importe où, n’importe comment
Les plus récentes propositions à la table de négociation sont particulièrement révoltantes pour les professionnelles en soins. Le gouvernement persiste à vouloir essentiellement abolir les notions d’établissement, de spécialité et de quart de travail sur tous les emplois pour les infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques.
En termes clairs, le gouvernement veut être capable de prendre, par exemple, une infirmière de jour dans un CLSC depuis 15 ans et l’envoyer boucher un trou de soir à l’hôpital. Les professionnelles en soins sont offensées qu’on se propose de les traiter de la sorte, sans aucun respect pour leur jugement professionnel ou leur vie personnelle.
« Le gouvernement fait fausse route. Ça fait des mois qu’on lui dit. Mais il refuse de nous entendre. Ce que le gouvernement propose, ça va détériorer les soins à la population parce que les professionnelles en soins vont toutes courir vers la porte de sortie. Déjà que les conditions de travail actuelles sont très difficiles, là, ça va carrément devenir invivable », explique Jérôme Rousseau, vice-président et coresponsable de la négociation.
La FIQ propose des solutions
Pourtant, il existe des solutions aux problèmes persistants dans le réseau de la santé. La Fédération demande que le gouvernement passe une loi pour définir et limiter les ratios professionnelles en soins /patient-e-s, comme cela a été fait en Australie et en Californie, comme ça vient d’être fait en Colombie-Britannique et en Orégon.
Ces ratios ont pour effet de ramener des conditions de travail intéressantes pour les professionnelles en soins, de freiner les nombreux départs et d’attirer des travailleuses vers le réseau.
La FIQ tient à rappeler qu’il y a 82 000 infirmières, près de 30 000 infirmières auxiliaires, plus de 4500 inhalothérapeutes et près d’une centaine de perfusionnistes cliniques diplômées au Québec.
« S’il manque tant de gens dans le réseau de la santé, ce n’est pas parce qu’il manque de personnes qualifiées. C’est qu’on manque de personnes qualifiées prêtes à accepter les très mauvaises conditions de travail qu’on y trouve. Et là, le gouvernement se propose de les rendre encore pires », conclut madame Bouchard.
Un message, un commentaire ?