« A-anti-anticolonialiste ! A-anti-anticapitaliste ! », criaient les manifestant.e.s en déambulant dans les rues jouxtant les célébrations de la fête du Canada. Ils et elles ont distribué des centaines de pamphlets aux passant.e.s durant la marche (texte disponible ici).
Manifestation de nuit contre le Canada et toutes les frontières coloniales !
Ni Patrie, ni État, ni Québec, ni Canada !
Mercredi le 1er juillet
19h au Place Jacques Cartier
(Notre Dame et Jacques Cartier)
Pour le 1er juillet, alors que le gouvernement canadien se prépare pour les célébrations de 2017 soulignant les 150 ans de la confédération canadienne, n’oublions jamais :
QUE la fondation du Canada repose sur le vol des richesses et l’occupation illégale des terres appartenant aux nations autochtones.
QUE tous les niveaux de l’État canadien, son système judiciaire raciste, ses législateurs, ses corps policiers (municipaux, provinciaux et fédéraux) et ses citoyenNEs ont participé de près ou de loin à ce qui est aujourd’hui reconnu officiellement par plusieurs organisations nationales et internationales comme un génocide, une réalité à laquelle font face les communautés autochtones et contre laquelle elles luttent depuis plusieurs siècles.
QUE les forces du capitalisme canadien dépendent de ce vol et de la destruction des terres occupées des autochtones, autant localement qu’internationalement.
QUE les mécanismes de l’économie canadienne sont huilés par l’exploitation imperialiste et la dépossession des peuples des pays du sud, au bénéfice des pays du Nord. Près de 80% des compagnies minières du monde sont situées au Canada, leurs opérations semant la destruction sociale et écologique sur leur passage.
QUE ce même État revendique le droit de décider qui entre et qui sort de sa forteresse coloniale, détruisant la vie d’individus, de familles et de commaunautés entières grâce aux déportations et aux détentions.
QUE ces politiques d’immigration racistes gardent les travailleurs et travailleuses immigrantEs temporaires et les résidentEs sans papiers dans la partie la plus isolée, vulnérable et exploitée de la classe ouvrière du pays.
QUE les communautés immigrantes, les communautés autochtones et les communautés racisées ont toujours été visées et criminalisées par les forces répressives canadiennes et enfermées dans ses prisons de façon disproportionnée.
QUE les musulmanNEs, particulièrement les femmes, sont la cible d’une rhétorique islamophobe, qui est générée par le gouvernement canadien, et doivent subir du harcèlement continu ici, au Québec, et partout au Canada.
QUE les communautés autochtones et immigrantes ont mené une lutte contre la violence de l’État canadien depuis la confédération.
Pour le 1er juillet, une journée qui célèbre cette continuelle histoire de violence, de mort et de traumatismes avec un sentiment de fièrté et de légitimité, nous réitérons notre engagement à lutter CONTRE LE CANADA ET TOUTES LES FRONTIÈRES COLONIALES « Ni Patrie, ni État, ni Québec, ni Canada ! »
Organisé par le comité 1er juillet anticolonial
Nous sommes des colons et des immigrantEs impliquéEs dans les luttes anti-déportations, anticoloniales et anticapitalistes
Endossé par : Solidarité sans frontières, Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) Montréal, subMedia TV
Cette manifestation a lieu sur le territoire traditionnel des Kanien’keha:ka. Les Kanien’keha:ka sont les gardiens de la Porte orientale de la confédération des Haundenosaunee. L’île nommée Montréal est appellée Tiotia:ke dans la langue des Kanien’keha:ka et elle était historiquement un lieu de rencontre pour d’autres nations autochtones, dont les peuples algonquins.
Pour nous, nommer le territoire où nous vivons sert aussi à nous rappeller d’apprendre et de partager l’histoire de l’endroit que nous habitons. Nous voulons souligner que 2015 marque le 25e anniversaire de la lutte dans la Pinède de Kanehsatake , du blocage du Pont Mercier et des barricades à Kahnawake, ainsi que la réaction violente et raciste des colons de Montréal et des environs face à cette lutte.
L’État canadien et ses institutions ont été récemment reconnus comme participant à ce que plusieurs organisations internationales et nationales qualifient désormais de génocide par la Commission de vérité et de réconciliation. La manifestation d’aujourd’hui avait pour but de déranger les festivités de la fête du Canada, État-nation responsable de ce génocide qui dure depuis des centaines d’années.
D’autre part, les protestataires critiquent sévèrement les industries canadiennes, en particulier les compagnies minières, dont les opérations outre-mer détériorent les conditions de vie de plusieurs milliers de personnes des pays du Sud, au bénéfice des pays du Nord.
Les manifestant.e.s ont également souligné le racisme au sein du système d’immigration canadien, notamment par la déportation et la détention d’immigrant.e.s. L’économie canadienne se base sur l’exploitation des travailleurs.euses temporaires et des personnes sans statut, tout en limitant leurs conditions d’accès à une résidence permanente. En 2013, 19 000 migrant.e.s ont été déporté.e.s par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), une moyenne de 52 déportations par jour. Cela a été possible avec l’augmentation de 2,1 milliards de dollars dans le budget de l’ASFC en 2013, incluant un montant supplémentaire de 16 millions pour les dépenses liées au contrôle de l’immigration.
« Aujourd’hui, nous nous opposons férocement aux forces invisibles, mais évidentes, du colonialisme et du capitalisme », a expliqué un des membres du comité organisateur de la marche, « Notre présence ici est un rappel de l’histoire continuellement violente et traumatisante de ce que nous appelons le Canada, mais aussi de toutes les frontières coloniales de ce monde ! »
La marche était endossée par Solidarité sans frontières, la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) Montréal, subMedia TV, Tadamon ! et Le Frigo Vert.