Par Guy Roy,
Coporte-parole du PCQ
L’association des fournisseurs des Chantiers monte aux barricades : elle demande ni plus ni moins que la démission du ministre D’Amour, responsable de la politique maritime au gouvernement libéral, pour incompétence dans la manière de gérer le dossier du traversier que le Québec fait construire pour relier les Iles-de-la Madeleine au continent.
En effet le ministre D’Amour a ouvert les soumissions pour ce navire en ne demandant que 30 % de contenu québécois. Pauvre ministre ! Il n’a dans sa mire que le laisser-faire pour venir en aide aux ouvriers de la Davie. Tout ce qu’il demande aux Chantiers et aux sous-traitants, c’est de se mettre à l’ouvrage et de proposer une offre, la meilleure possible. On en est encore au plus faible coût sans considération pour les ouvriers. Bien sûr, il faut produire au meilleur coût. Les ouvriers ne sont pas prêts à moins. Pour qui le ministre les prend-ils ? Pour des abuseurs comme le voulait avant le préjugé populaire ? Monsieur le ministre, qui abuse maintenant de leur patience ?
« Pourquoi pas 100 % de contenu québécois ? », me disait un ouvrier. Hé, oui ! Pourquoi faire confiance à un autre chantier que la Davie alors qu’il possède 50 % de la capacité de construire au Canada, qu’il est sous-utilisé et que ses ouvriers ont prouvé leur valeur ? Il ne s’agit pas de faire jouer la concurrence capitaliste, elle ne joue pas de toute façon avec le fédéral qui refuse aux Chantiers Davie de soumissionner sur le Plan de Construction Naval du Canada. Il s’agit de jouer cette fois-ci SANS le fédéral dont nous dépendons encore pour des contrats. Le petit peu que le Québec peut encore faire doit l’être en faveur d’ouvriers québécois : c’est tout. On n’en a que faire du libéralisme dans la manière de voir notre économie. Les Libéraux ont assez gouverné en laissant nos fleurons se vendre à l’étranger. Et même si cette compagnie est étrangère, elle est dans une situation où elle s’est implantée au Québec pour y rester. Encore faut-il que l’on cesse de la décourager d’investir ici pour des emplois d’ici.
Je ne suis pas en faveur de la sous-traitance qui prive, tout comme le fédéral d’ailleurs, les ouvriers de la Davie de travail, mais les sous-traitants, selon un mécanicien d’entretien, ont reçu 30,000.00 $ « cash » de la Ville de Lévis pour leur campagne contre le fédéral ... et le ministre D’Amour. Alors pourquoi se priveraient-ils de faire jouer pendant les élections le nationalisme économique dont le PQ fait la promotion. Ça montre que les enjeux nationaux, même en faveur du capitalisme québécois, ne sont pas à négliger quand il s’agit de voir aux intérêts des ouvriers, tous québécois, femmes en partie ou immigrants ou même autochtones aux Chantiers, et au mieux être de l’économie de la nation, notre patrimoine commun malgré la propriété privée. Cette propriété passe, mais les infrastructures restent comme le démontre la succession d’acquéreurs les uns après les autres des Chantiers Davie !
Comme communistes, nous avons établi dès le début que cette lutte est une lutte de tout le Québec et les Libéraux, après avoir prétendu en être à l’Assemblée Nationale, s’en excluent de plus en plus en laissant le libre choix au Canada. Compter sur la CAQ ? C’est cautionner quatre ans de passivité complète dans le dossier. Le nationalisme économique, c’est le PQ qui le porte et nous le faisons nôtre sans aucune honte même si nous sommes anti-capitalistes.
Nous soutenons que c’est une lutte ouvrière ET nationale et qu’elle a une portée beaucoup plus grande que les seuls emplois et la seule survie du chantier de Lévis. Il s’agit de patrimoine historique québécois mainte fois documenté dans tout Lévis par les noms de rue et dans différents parcs de la Ville. Il s’agit de main-d’oeuvre qualifiée et d’expertise internationale d’un des grand chantier du monde. Il s’agit d’infrastructure industrielle située au Québec et qui dans un Québec indépendant et socialiste passerait sous contrôle ouvrier. Voilà ce qui motive notre ardeur à nous porter à la défense de ces ouvriers, de leur expertise et des installations modernes de ce qu’on appelle trop prétentieusement Chantiers « Canada ».
Nous ne lâcherons pas le morceaux. Si la compagnie veut l’appui de la communauté, nous tenterons de la lui acquérir pour le moment comme un employeur de notre région (ils aident le comptoir alimentaire Le Grenier : à vrai dire ils ont offert aux salariés de contribuer par des dons, retranchés de leur paie, à la survie du comptoir, une manière de s’attirer la sympathie et des ouvriers et de la communauté). Mais je vous le dit tout de suite, le motif profond de notre combat en faveur des Chantiers Davie est le même qui nous fait croire en la classe ouvrière et envers toute notre nation pour un avenir où les ouvriers seront maîtres chez eux : il s’agit pour nous d’un avenir d’indépendance et de socialisme.
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