Une commission plutôt que des actions
Alors que nous attendions l’annonce de mesures pour la protection de l’habitat du caribou prenant en compte nos préoccupations, nos droits et nos connaissances concernant Atiku, le gouvernement du Québec a plutôt annoncé la tenue d’une commission indépendante. Le gouvernement dispose, pourtant déjà, de tous les spécialistes et des données nécessaires pour agir dans ce dossier. Pour nous, il est clair que cette commission est inutile et ne fait que repousser à plus tard les actions concrètes qui doivent être posées sans délai pour la sauvegarde d’Atiku. Comme il le fait depuis de nombreuses années dans ce dossier, le gouvernement se décharge à nouveau, avec cette commission, de sa responsabilité de nous consulter et de respecter nos droits ancestraux.
Et pendant ce temps, l’habitat du caribou continu d’être perturbé et les décès au sein des populations continuent d’excéder les naissances…
Situation critique
Depuis le début des années 2000, nous avons mis énormément de temps, d’énergie et d’argent pour assurer la survie d’Atiku. Nous avons mis en place un moratoire sur la chasse pour nos membres, procédé à des suivis télémétriques, réalisé des travaux de fermeture de chemin, participé à de nombreuses Tables, créé une aire protégée, etc. Malgré tous ces efforts et l’importance historique du caribou pour notre Nation, le gouvernement continue de nous traiter comme de simples intervenants, sans considération réelle pour notre responsabilité envers le caribou et pour nos valeurs et connaissances traditionnelles. Ce comportement du gouvernement est contraire au respect de nos droits ancestraux ainsi qu’à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, qu’il a pourtant reconnue.
Nous avons demandé à plusieurs reprises une véritable consultation de Nation à Nation. En raison de l’urgence de la situation, nous avons aussi proposé des solutions auxquelles le gouvernement n’a pas donné suite. À moins d’actions rapides et satisfaisantes de la part du gouvernement du Québec, nous sommes prêts à déposer un recours devant les tribunaux, afin d’exiger le respect de nos droits ancestraux et des mesures de protection immédiates de l’habitat du caribou.
En raison de son importance culturelle, nous avons la responsabilité, en tant qu’Innus, de protéger Atiku. Si le gouvernement du Québec refuse la voie de la collaboration, nous prendrons le chemin de la justice car, pour nous, chaque caribou compte.
Le Conseil de la Première Nation des Innus Essipit et le Conseil de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh
Un message, un commentaire ?