Édition du 17 décembre 2024

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Négociations du secteur public

Les professionnelles en soins de la FIQ vont voter sur la grève les 24 et 25 octobre prochains

MONTRÉAL, le 11 oct. 2023 - Pour la première fois depuis près d’une génération, les 80 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques sont appelées par la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ à se prononcer en faveur du déclenchement de la grève. Le vote référendaire aura lieu les 24 et 25 octobre 2023.

« Si on annonce la grève, c’est parce qu’on n’a plus le choix. Déjà que nos conditions de travail sont inacceptables, ce que le gouvernement nous propose à la table de négociation, c’est de les dégrader encore plus. Et le gouvernement refuse d’entendre raison », explique Julie Bouchard, présidente de la FIQ.

Aucune contrainte au déplacement

Au cours des dernières semaines, la partie patronale persiste à vouloir abolir toute forme de stabilité pour les professionnelles en soins. C’est-à-dire que l’employeur ne veut plus être contraint de respecter la notion d’établissement, la notion de spécialité ou la notion de quart de travail attribué à un poste. Il veut être capable d’envoyer n’importe qui, n’importe où, n’importe comment.

« Ce que le gouvernement veut faire, c’est prendre, par exemple, une infirmière de jour en CLSC depuis 15 ans et l’envoyer boucher un trou en chirurgie à l’hôpital le lendemain. Non seulement c’est inacceptable pour les professionnelles qui ont une expertise et une vie personnelle, mais c’est carrément dangereux pour les patient-e-s. C’est là que le gouvernement veut aller et il va trouver la FIQ sur son chemin. On va faire la grève pour nous, mais aussi pour nos patient-e-s », ajoute madame Bouchard.

Exode des professionnelles en soins

La FIQ tient à rappeler qu’il n’y a pas de réelle pénurie de main-d’œuvre dans le réseau de la santé au Québec. Il y a 82 000 infirmières diplômées au Québec, 30 000 infirmières auxiliaires, 4500 inhalothérapeutes. S’il en manque autant dans le réseau, c’est que les professionnelles en soins ont fui le réseau public, écœurées par la surcharge de travail et le manque de respect de l’employeur pour leur jugement professionnel et leur vie personnelle.

« Ce qu’on vit dans le réseau, c’est un exode, un sauve-qui-peut causé par les conditions invivables qu’on subit tous les jours. Les expertes du réseau sont rendues qu’elles préfèrent aller travailler chez Costco ou chez Jean Coutu, plutôt que de rester dans le réseau. C’est ça le vrai problème », estime madame Bouchard.

Les ratios, la pierre angulaire pour l’amélioration des conditions de travail

Selon la FIQ, il n’existe qu’une seule vraie solution à la situation actuelle. Cette solution a été appliquée en Australie et en Californie et est en train d’être appliquée en Colombie-Britannique et en Oregon. Il s’agit des ratios professionnelles en soins/patient-e-s.

En bonifiant le salaire, en compensant le travail de soir, de nuit, de jour et de fin de semaine, en permettant de trouver un réel équilibre entre leur travail et leur vie personnelle, on permettrait aux professionnelles en soins des conditions de travail décentes dans un milieu de travail important et précieux à la population du Québec. On souhaite encore se faire soigner au public et avoir un réseau fort de soins de santé.

Les ratios permettent de travailler sur plusieurs angles des conditions de travail, c’est réclamé par les professionnelles en soins depuis des années. Plusieurs juridictions ailleurs au Canada et dans le monde nous prouvent que c’est possible.

« Ces autres juridictions ont compris que la seule façon de cesser de s’enfoncer dans le cercle vicieux actuel, c’est de créer des conditions, et surtout une charge de travail, dans lesquelles les professionnelles en soins retrouvent du plaisir à faire leur travail et à exercer leur expertise. Si on fait ça, sur une période de quelques années, on verra des changements significatifs, mais il faut commencer maintenant. Le gouvernement actuel manque de vision », juge madame Bouchard.

Un vote référendaire

Il est à noter que le vote de grève de la FIQ se fera de façon référendaire. C’est-à-dire que le vote se fera directement auprès des membres de façon virtuelle et partout en même temps au Québec. Au cours des deux prochaines semaines, les syndicats affiliés à la FIQ tiendront des assemblées générales pour expliquer les propositions inacceptables qui sont faites par le gouvernement, afin que les expertes du réseau de la santé votent en toute connaissance de cause.

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