La rencontre s’est ouverte sur une présentation de l’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (ATTAC) et d’une courte vidéo montrant son action de désobéissance civile : la réquisition de chaises effectuée dans une banque, une initiative non-violente qui pour certains-es consistait en leur première implication d’action citoyenne.
Le philosophe et essayiste Alain Deneault a notamment insisté sur le droit à savoir des paradis fiscaux en tant que moyen de se soustraire et d’échapper à la législation lorsque les mesures du gouvernement ne conviennent plus aux entreprises. La nature théorique du droit enfreint la possibilité des citoyens de s’en prévaloir alors que les entreprises ont les recours financiers de faire valoir leurs droits. Trois aspects éclairants ressortent de la problématique des paradis fiscaux. D’abord, ceux-ci sont l’œuvre des États et des banques. Ensuite, le manque de transparence dont fait preuve les instances gouvernementales à l’égard des paradis fiscaux.
Enfin, l’idée que si l’État met fin à l’État de nature, les paradis fiscaux contribuent à la restitution de l’État de nature au profit d’une idéologie oligarque dont profite une minorité. Teresa Marshall de Global Alliance for Tax Justice met l’accent sur le délaissement du rôle du gouvernement de défendre le bien-commun pour répondre aux intérêts des entreprises et à la menace des multinationales de quitter le pays. Elle dit : « The government is no longer responding to the citizens interests but to the threat of corporations leaving ».
De surcroît, la multinationale et ses activités agissent comme une myriade dont la structure s’avère dynamique et fluide, permettant à la multinationale de sauvagement tirer avantage des règles néolibérales. Ricardo Fuentes d’OXFAM a fait état de l’accélération des prédictions liées à la concentration de la richesse par les 62 individus qui détiennent le plus d’actifs. Si les paradis fiscaux entretiennent des positions hiérarchiques dans le système économique, les solutions et l’appel à l’action interpellent toutes les échelles. Les règles du marché et du capitalisme bien établies, il y a plus de travail à faire dans les pays du Nord que dans les pays du Sud afin de mettre fin aux paradis fiscaux.
Enfin, les solutions pour mettre fin aux paradis fiscaux doivent inévitablement passer par l’éducation, la responsabilité citoyenne devant un système inégalitaire qui réduit l’individu à un rôle de consommateur. Consolider un appel à l’action pour la redistribution juste des richesses et exiger transparence aux acteurs décisionnels. Au niveau national, des réseaux entre les agendas des gouvernements doivent être mis au jour. La Grande conférence s’est terminée par une période de questions et une discussion ouverte.