Gatineau, le 29 janvier 2009. Le Journal de Montréal du 29 janvier 2009, sous la plume d’Éric Yvan Lemay, tente de faire du sensationnalisme en prétendant que les organismes communautaires sont le lieu de « dépenses alarmantes » de « fonds publics ». Il en veut pour preuve des exemples de « dépenses discutables » tirés du rapport du vérificateur général du Québec (VGQ). Il est important de mentionner que le VGQ souligne dans son rapport que : « L’apport des organismes communautaires est essentiel à l’amélioration de
la santé et du bien-être de la population. Ces organismes, venant de la communauté, répondent à une multitude de besoins non satisfaits par le réseau public, en plus de favoriser la mobilisation de milliers de personnes autour d’objectifs et de projets communs. » (VGQ. 2008, p. 3-5)
« Bien que navrants, les cas de mauvaise gestion dans les organismes communautaires demeurent l’exception, précise Patrick C. Pilotte, coordonnateur de la Coalition des tables régionales d’organismes communautaires. La très grande majorité des organismes communautaires est gérée d’une façon responsable et transparente ». D’ailleurs, le VGQ met en garde contre la généralisation de ses vérifications. « Les résultats de la vérification ne peuvent être extrapolés puisqu’il est difficile d’utiliser une approche statistique dans un tel domaine. » (VGQ. 2008. p. 3-12)
Avant de parler de dilapidation de fonds publics, remettons les chiffres en perspective. Le budget total des sommes versées aux organismes communautaires par le ministère de la Santé et des Services sociaux (soit, 399,2 millions de $) représente à peine 2% de l’ensemble du budget de ce ministère. « Même en les additionnant, les remboursements que le Journal de Montréal juge « discutables » ne constituent tout de même que 10 108 $ ! On est loin de dépenses alarmantes qui risquent de mettre en danger les finances
publiques du Québec », souligne Mercédez Roberge, coordonnatrice de la Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles.
Par ailleurs, les organismes communautaires qui interviennent dans le domaine de la santé et des services sociaux et financés par les fonds publics doivent se soumettre à une reddition de compte publique qui prévoit, entre autres, la démonstration de la bonne gestion financière et le respect des activités pour lesquels l’organisme est financé. Les organismes communautaires sont reconnus pour leur expertise dans le domaine de la reddition de compte. « Plusieurs regroupements régionaux d’organismes communautaires offrent déjà une formation, financée par les Agences, aux organismes communautaires sur la reddition de compte utilisée au MSSS », remarque fièrement André Gagnon,
directeur du regroupement des organismes communautaires de la région 03 (région de la capitale nationale).
Par ce traitement sensationnaliste autour de cas exceptionnels, le journaliste masque la réalité du sous-financement de l’ensemble des organismes communautaires. Les organismes communautaires n’ont pas le financement nécessaire pour réaliser pleinement leur mission. La solution n’est donc pas de réduire le financement des moins pauvres pour augmenter celui des autres. Il faut plutôt augmenter le financement de l’ensemble des organismes. Pour l’année 2008-2009, il manque 180 millions de $ pour répondre aux
demandes de financement des organismes communautaires qui reçoivent leur
financement des Agences régionales du MSSS. Voilà ce qui est alarmant !
Ce sous-financement des organismes communautaires est réellement alarmant,
particulièrement en cette période de crise économique où la misère et la pauvreté poussent de plus en plus de gens vers le dernier secours offert par les organismes communautaires. Et ce, bien que tous reconnaissent l’importance du travail des organismes communautaires.