« Il y a déjà plusieurs semaines que les États-Unis et le Mexique ont présenté en détail leurs priorités relativement à l’ALENA, tandis que les objectifs de négociation ’’progressistes’’ du gouvernement canadien demeurent riches en rhétorique, mais avares de précisions », a déclaré aujourd’hui le directeur national du Syndicat des Métallos, Ken Neumann.
« Les négociations devraient débuter dans deux jours. Nous sommes déçus du niveau de transparence et de consultation jusqu’ici », a affirmé M. Neumann après une audience devant le Comité du commerce international de la Chambre des communes, pendant laquelle la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a discuté des plans de négociation de son gouvernement pour la première fois.
Le gouvernement libéral défendra des éléments « progressistes » dans l’ALENA renégocié, y compris des dispositions plus rigoureuses en matière de travail et d’environnement, de même que des chapitres consacrés aux droits à l’égalité des sexes et aux droits des Autochtones.
Cependant, la ministre n’a pas divulgué de détails sur ces mesures de protection, sauf pour déclarer que les négociateurs prévoient utiliser des dispositions tirées des accords commerciaux récemment négociés entre le Canada, l’Union européenne (AECG) et le Chili à titre de lignes directrices.
Mme Freeland n’a pas laissé entendre que le Canada insisterait pour que les partenaires de l’ALENA acceptent la convention sur les syndicats et les droits à la négociation collective de l’Organisation internationale du travail des Nations Unies, qui a récemment été ratifiée par le gouvernement canadien.
« Jusqu’ici, ce gouvernement a refusé de prendre des engagements véritables et obligatoires à l’égard des normes du travail et de l’environnement dans l’ALENA renégocié », a souligné M. Neumann.
Ce dernier a également dénoncé l’engagement de Mme Freeland à conserver les pouvoirs accordés aux sociétés en vertu du chapitre 11 de l’ALENA, fort controversé, qui porte sur les mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États.
« La ministre parle d’un modèle ’’réformé’’ de mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États dans l’ALENA renégocié, mais les mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États ne peuvent pas être réformés », a indiqué M. Neumann.
« Ces dispositions permettent aux sociétés étrangères d’affaiblir les règlements et politiques développés dans l’intérêt public. Il n’y a pratiquement aucune organisation de la société civile, à l’extérieur de la communauté des investisseurs, qui soutient les mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États. Selon nous, ils ne sont fondés sur aucune justification rationnelle. Ils doivent être éliminés, et non réformés. »
« Les Canadiens s’attendent à ce que leur gouvernement refuse aux sociétés multinationales le pouvoir de poursuivre notre pays parce qu’elles s’opposent à des lois qui visent à protéger notre santé, notre environnement et nos emplois. Les Canadiens s’attendent à ce que leur gouvernement veille aux droits des travailleurs et aux bons emplois pour la classe moyenne, qu’il renforce les normes environnementales et qu’il défende nos principales industries », a-t-il déclaré.
« Deux jours avant le début de la renégociation de l’ALENA, le gouvernement libéral n’a pas pris de tels engagements envers les Canadiens. »
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