Les emplois des tuteurs et tutrices sont menacés par une réorganisation du modèle d’encadrement, que la TÉLUQ a mis en place sans consulter ceux-ci, alors même qu’ils effectuent la quasi-totalité de ce suivi pédagogique individualisé des étudiantes et étudiants depuis 1972. L’université les remplace par de nouvelles personnes embauchées pour des contrats d’un an ou deux, à qui elle donne le titre récemment créé de « professeurs sous contrat ». La TÉLUQ se prive ainsi de l’expertise de ses enseignantes et enseignants disposant en moyenne de 14 ans d’ancienneté et détenant, pour la grande majorité d’entre eux, les qualifications demandées pour les nouveaux postes.
« C’est en fait une volonté de contourner la convention collective des tuteurs et tutrices, qui prévoit un nombre d’heures d’encadrement par étudiant. La TÉLUQ peut ainsi rentabiliser le service aux étudiants, en demandant aux nouvelles personnes contractuelles de donner moins de temps d’accompagnement par étudiant », soutient Nancy Turgeon, présidente du Syndicat des tuteurs et tutrices de la Télé-université - CSN (STTTU-CSN).
Les syndicats de chargés et chargés de cours de la FNEEQ-CSN sont interpellés par cette mise à l’écart de leurs collègues d’expérience. « C’est un précédent inquiétant de créer ainsi de nouveaux titres qui précarisent encore plus les emplois universitaires. Et c’est d’autant plus inadmissible que cela réduira la qualité de la formation pour les étudiants atypiques du réseau de l’Université du Québec, qui ont au contraire besoin davantage d’encadrement », affirme Nicolas Harvey, vice-président du Syndicat des chargées et chargés de cours de l’UQO - CSN.
Les tuteurs et tutrices, en négociation depuis 17 mois, avaient d’abord gagné une première bataille contre la sous-traitance de leurs emplois à une entreprise privée, l’Institut MATCI. Le directeur général de la TÉLUQ a été suspendu en aout par le ministère de l’Éducation dans la foulée d’enquêtes au sujet de ce contrat, déclenchées suite aux dénonciations du STTTU-CSN et de la FNEEQ-CSN. Des milliers d’étudiantes et étudiants de la TÉLUQ voient leurs sessions mises en péril, alors que les tuteurs et tutrices attendent que la nouvelle direction leur donne des garanties, à la table de négociation, que leur travail ne sera plus confié à d’autres employés.
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