Quand ? : Le mardi 2 octobre : départ de Montréal à 7h30, arrivée à Ottawa vers 10h00. Nous repartirons d’Ottawa à 15h00.
Où ? Un autobus partira du 1455 Boul. de Maisonneuve ouest (Université Concordia) à 7h30 am. Contribution suggérée : 5-15 $, mais personne ne sera refusé par manque d’argent.
Pourquoi ? Parce qu’en moyenne 7 Mexicains par jour sont déportés du Canada et renvoyés à des conditions de violence extrême
Le 2 octobre prochain, nous, les membres du MUR (Mexicains unis pour la régularisation), nous rendrons à Ottawa afin de remettre une pétition qui demande à ce que les membres du groupe ne soient pas déportés, aient accès à un programme de régularisation ainsi qu’à la résidence permanente. Nous exigerons également que le Mexique ne soit pas désigné comme « pays sûr ».Nous manifesterons devant le Parlement et tiendrons une conférence de presse dans l’avant midi. Le MUR est formé d’un groupe de femmes et hommes mexicains vivant au Québec qui sont dans l’attente d’une réponse à leur demande d’asile ou à qui elle a été refusée.
Bien que le MUR lutte pour la régularisation des Mexicains en particulier, nous sommes solidaires de toutes les luttes immigrantes, ici et ailleurs, et préconisons un monde sans frontières, où tous les êtres humains sont libres de se déplacer, ainsi que l’abolition de la différence entre les statuts de « citoyen » et « étranger » et les droits inégaux qui y sont associés.
Contexte :
Au mois de juillet 2009, le Canada a imposé un visa aux ressortissants mexicains désirant accéder au territoire canadien. Le ministre fédéral de l’immigration, Jason Kenney, a alors justifié l’action de son gouvernement en qualifiant les Mexicains de « faux » réfugiés, abusant du système d’asile canadien. Depuis plusieurs années, un nombre important de Mexicains ont demandé l’asile au Canada, à cause des conditions difficiles qui secouent leur pays. Or, les demandes de la majorité de ceux-ci sont refusées et ces individus sont déportés vers le Mexique. En ce moment, à chaque jour, 7 Mexicains sont déportés vers leur pays d’origine. Par ailleurs, le gouvernement canadien est sur le point de dévoiler, dans le cadre de sa réforme du système de protection des réfugiés (une loi clairement anti-réfugiés) une liste de pays « sûrs », dont les citoyens verront le traitement de la demande d’asile accéléré et n’auront pas accès à la Section d’appel des réfugiés suite à un rejet de leur demande. Le Mexique figurera presque assurément sur cette liste. Ces pays « sûrs » sont, selon le gouvernement conservateur, des démocraties libérales « habituellement non sources de réfugiés », « qui respectent les droits de la personne » et « offrent une protection de l’État ».
Cette description de la réalité mexicaine semblera soit complètement déconnectée, soit totalement hypocrite à quiconque a suivi moindrement l’actualité au cours des dernières années. En effet, le « Global Peace Index », instrument développé par un comité international d’experts et qui classe les pays selon leur niveau de violence place le Mexique au 135ième rang sur un total de 153 pays, ce qui en fait un pays plus violent que le Congo et le Rwanda.
En décembre 2006, le gouvernement mexicain a déclaré une « guerre aux narcotrafiquants » et déployé l’armée à travers tout le pays, malgré ses antécédents historiques de violation des droits humains et d’impunité. Ainsi, plutôt que de contribuer à la diminution de la violence associée au crime organisé, les forces de sécurité ont elles-mêmes commis assassinats, torture, viols et autres abus. Pour la population mexicaine, cette violence s’ajoute aux nombreuses morts de civils pris entre les feux croisés des cartels de la drogue et des forces de sécurité, ainsi qu’à la terreur exercée par les membres du crime organisé qui s’en prennent de plus en plus à la population civile, à travers l’extorsion, les enlèvements contre rançons, le recrutement forcé et l’assassinat de quiconque ne se soumet pas à leurs règles. Les fusillades, massacres, explosion de bombes, découverte de corps décapités, torturés et jetés sur la place publique font désormais partie du quotidien au Mexique. En 5 ans, cette guerre meurtrière a fait près de 100 000 morts (dont 1400 enfants), entre 10 000 et 20 000 personnes disparues ainsi que 230 000 personnes déplacées. Le journal Le monde, en août dernier, décrivait en ces termes la situation qui prévaut au Mexique : « Cette véritable hécatombe constitue, et de loin, le conflit le plus meurtrier de la planète au cours des dernières années ».
Malheureusement, la violence associée au narcotrafic et à la militarisation ne représente pas l’unique phénomène qui nous a fait fuir notre pays. S’ajoutent, entre autres :
– Des formes extrêmes de violence envers les femmes, perpétrées dans la plus complète impunité.
– Des attaques, intimidations et assassinats fréquents des défenseurs des droits humains, journalistes, activistes et militants.
– Une hausse de la paramilitarisation, ce qui mène plusieurs à parler de la « colombianisation du Mexique ».
Un État de droit gravement affaibli, un système judiciaire dysfonctionnel et un accès à la justice inexistant pour la majorité des Mexicains, ce qui engendre et perpétue la violence et l’impunité.
Une persécution généralisée des minorités sexuelles
Le gouvernement canadien affirme que l’État mexicain est en mesure de protéger ses citoyens. Or, la corruption et l’infiltration par les groupes criminels à tous les échelons du gouvernement et des forces de sécurité rendent cette tâche impossible. Les deux femmes s’étant vu refuser l’asile et assassinées au Mexique peu de temps après leur déportation du Canada démontre la fausseté des allégations canadiennes.
À cause de l’irresponsabilité du gouvernement canadien et de son refus de reconnaître la violence extrême qui enflamme le Mexique ainsi que l’incapacité de l’État mexicain à protéger ses citoyens, des milliers d’entre nous, craignant pour notre vie si nous devions retourner dans notre pays d’origine, avons été, sommes ou serons contraints de demeurer ici sans papiers ; cela nous condamnera à coup sûr à une situation d’extrême vulnérabilité. En effet, les personnes sans papiers sont les plus exploitées sur le marché du travail et parmi les plus vulnérables dans la société en général. Elles sont privées de droits fondamentaux et vivent généralement dans la peur, l’angoisse et l’isolement.
Le gouvernement canadien affirme que nous sommes de « faux réfugiés » abusant de la générosité du Canada. Or, selon nous, cette façon de présenter les choses est malhonnête et hypocrite. Il n’est pas ici question de générosité, mais plutôt d’une responsabilité de la part du Canada d’accueillir les réfugiés mexicains, étant donné que, par ses politiques impérialistes d’intégration néolibérale, il est en partie responsable de la misère, de l’essor de la criminalité et de la violence, des déplacements forcés et de la désintégration sociale qui sévissent au Mexique actuellement. Le gouvernement canadien affirme que le Mexique est un pays démocratique, mais les politiques néolibérales profitant à ses intérêts économiques y ont plutôt causé un retour vers l’autoritarisme et la violation des droits de la majorité de la population.