Édition du 19 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Le monde du travail entre en campagne...

À chaque élection, les candidats font le tour des usines pour faire croire aux ouvriers que leur sort leur importe...

jeudi 8 mars 2012
Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 139 (08/03/12)

À la veille de l’élection présidentielle, les candidats découvrent les usines. ArcelorMittal, Pétroplus, PSA, Lejaby, Photowatt..., ils se relaient au chevet des sites menacés de fermeture, tous plus soucieux les uns que les autres de démontrer leur préoccupation pour l’emploi. Ils voudraient laisser croire qu’ils ont des réponses face aux fermetures d’usines et aux licenciements. En réalité, ils agitent les mêmes slogans creux sur la stratégie ou la politique industrielle, leur patriotisme industriel ou, pour Eva Joly, la réindustrialisation par l’économie verte...

Sarkozy, l’ex-candidat de « la valeur travail », de « la France qui se lève tôt » ou celui qui promettait en 2008 le maintien du site de Gandrange qui fut fermé en 2009, a, là encore, la palme du cynisme. La semaine dernière, à peine avait-il annoncé avoir convaincu Mittal de débloquer 17 millions d’euros pour la réouverture du haut fourneau de Florange qu’il y mettait comme condition la reprise de la croissance... Qu’importe, Sarkozy bluffe. Dans son poker électoral, il mise sur quelques coups médiatiques pour tenter de gagner la sympathie d’une fraction de l’électorat ouvrier. Il n’a pas plus de réponses aujourd’hui qu’hier face aux conséquences de la récession engendrée par sa propre politique. Son agitation n’est qu’un écran de fumée pour masquer la réalité : depuis 2009, 900 entreprises ont fermé, 100 000 emplois ont été supprimés dans l’industrie, le chômage a explosé.

Les politiques d’austérité ne peuvent qu’aggraver cette situation. Il n’y a pas de réponse sans rupture avec elles par le refus de payer les intérêts de la dette, un audit populaire en vue de son annulation, pas de réponse sans rupture avec la politique des classes dominantes et de leurs États.

Par leurs résistances et leurs luttes contre les fermetures d’usines et les licenciements, les travailleurs contraignent les politiciens à venir s’expliquer devant eux. Ils les interpellent et les obligent à mettre bas les masques en étalant face à toute l’opinion leur impuissance et leur démagogie. Ils imposent la question sociale au centre de la campagne.

Ils interviennent ainsi directement sur le terrain politique. La lutte contre les fermetures d’usine, pour l’emploi, contre le chômage ne saurait se laisser enfermer sur le terrain syndical en abandonnant la politique aux professionnels qui appellent les ouvriers à voter pour eux tous les cinq ans, l’occasion d’une petite visite, d’une tape sur l’épaule et d’un tour à la cantine...

Ils interpellent tous les partis, les mettent face à la réalité de cette société de classe, de la politique des gouvernements de droite ou de gauche, qui depuis 30 ans ont méthodiquement conduit la société dans une impasse et, aujourd’hui, au bord de la banqueroute.

Ils interpellent la droite comme la gauche libérale qui craignent que les luttes défensives sur l’emploi ne convergent, que l’austérité, le développement du chômage, les conditions de vie et de travail de plus en plus difficiles ne débouchent sur une explosion sociale. Par-delà leur rivalité, ces partis font campagne pour convaincre le monde du travail, les ouvriers d’industrie mais aussi l’ensemble des salariés qui, tous, subissent les conséquences désastreuses de la politique de rentabilité financière, de baisse du coût du travail qu’il n’y aurait pas d’autre choix que de se plier aux lois du système.

Cette interpellation, nous la faisons nôtre, nous n’avons d’autre ambition que de nous en faire les porte-parole, d’en formuler les exigences, de les populariser, de convaincre de leur légitimité. C’est le sens même de la candidature de Philippe Poutou, un ouvrier candidat.

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