Or, l’Outaouais démontre de nombreux signes d’une faiblesse du réseau public : maintien du statut particulier, temps d’attente très long dans les salles d’urgence, 100 000 citoyens sans réelle porte d’entrée dans le réseau public, ainsi que la prolifération de coops de santé, de cliniques d’IRM privées et d’entreprises de prélèvement sanguin privées. Tous ces éléments sont pour nous des symptômes d’un réseau public négligé par des gouvernements successifs, notamment les gouvernements libéraux depuis 2003.
Le ministre Bolduc ne semble qu’avoir une seule préoccupation : les urgences. C’est de cela qu’il viendra parler. Il semble oublier le reste et pourtant, s’il ne fait que s’attarder à vouloir rénover et agrandir les urgences, ça ne fera que rendre l’attente un peu plus confortable, mais ça n’aide pas réellement à renforcer et diversifier les services de première ligne. La preuve que son approche ne fonctionne pas, des centaines de milliers de dollars ont été dépensés pour agrandir et moderniser l’urgence de Hull, et la situation ne s’est pas du tout améliorée depuis l’inauguration de la nouvelle urgence.
Nous croyons qu’il est important d’améliorer l’organisation du travail dans les urgences, mais qu’il y a d’autres priorités. En voici quelques-unes :
M. Bolduc doit se prononcer clairement et légiférer sur la prolifération des coops de santé qui exigent des frais annuels. L’Outaouais a plus que sa part de coop et d’ailleurs, une nouvelle coop s’organise à Buckingham. Il doit faire cesser la surenchère entre les municipalités du Québec qui tentent d’attirer les médecins par la création de coop. Cette approche entretient l’illusion d’un meilleur accès, ouvre la porte à des soins de santé à deux vitesses et déresponsabilise l’État.
Le ministre doit répondre aux demandes de la population qui exige que soit abolie la « taxe santé », une taxe régressive, contraire à tout principe de justice sociale. Cette taxe est une aberration ;
Qu’il s’attaque au développement indu d’un réseau privé parallèle, particulièrement dans le domaine de l’imagerie médicale (IRM), ainsi que des entreprises de services de prise de sang, où l’Outaouais fait figure de modèle.
Il doit faire preuve de créativité et d’audace, en proposant des solutions aux problèmes chroniques dans l’organisation des soins de première ligne, par exemple : faire plus de place aux infirmières en tant que porte d’entrée du réseau. Les milieux isolés au Québec le font et sa fonctionne très bien. Pourquoi pas ici ?
Action Santé Outaouais est un organisme communautaire régional à but non lucratif, ayant pour mission la défense collective du droit à la santé.