« Au Québec, certains, dont la Commission Robillard, s’appuient sur le modèle de la Colombie-Britannique pour affirmer qu’une libéralisation de l’alcool permettrait aux Québécois·e·s de bénéficier d’une baisse des prix. Or, on remarque d’entrée de jeu en Colombie-Britannique que le vin et les spiritueux coûtent 9,6% plus cher chez les détaillants privés que dans les commerces de la société d’État, la BC Liquor Stores. Cela montre bien que ce n’est pas le privé qui tire les prix du public vers la bas, mais l’inverse », explique Julia Posca, chercheure à l’IRIS et co-auteure de l’étude.
L’étude de l’IRIS portait sur 584 bouteilles représentant 19 produits et examinées dans 38 commerces privés. Les données ont montré que le prix moyen d’une bouteille d’alcool était de 17,24$ à la BC Liquor Stores alors qu’elle est de 17,71$ à la Société des alcools du Québec (SAQ), une différence de 2,6%.
« Contrairement à ce qu’affirment les tenants du libre marché, l’apparition de concurrents privés n’a pas eu pour impact de faire diminuer les prix. La différence entre les prix affichés par la société d’État en Colombie-Britannique et au Québec est minime. Si la BC Liquor Stores a un léger avantage du côté du vin, la SAQ en a un pour les spiritueux », souligne Julia Posca.
« La SAQ se démarque favorablement par ailleurs à titre d’entreprise publique bien gérée : ses frais d’administration ont diminué par rapport au montant de ses ventes depuis dix ans. De plus, si les dividendes qu’elle verse au gouvernement sont depuis toujours plus bas que ce que prélève la Colombie-Britannique, ils ont augmenté de 65% entre 1997 et 2013, contre seulement 14% », affirme Simon Tremblay-Pepin, chercheur à l’IRIS et co-auteur de l’étude.
Enfin, l’étude souligne également que le nombre de litres d’alcool consommés par personne depuis 1997 au Québec a augmenté de 84% pour ce qui est du vin et de 72% pour les spiritueux, soit des hausses plus fortes qu’en Colombie-Britannique. « Cela nous montre bien que les prix pratiqués par la SAQ sont loin de repousser les consommateurs et consommatrices car, au contraire, cette période a vu le Québec dépasser la Colombie-Britannique en terme de litres de vin consommés par année », constate Simon Tremblay-Pepin.
Le Syndicat des employé·e·s de magasin et de bureau de la SAQ (SEMB-SAQ) a participé au financement de cette étude. L’étude Faut-il mettre fin au monopole de la SAQ ? est disponible gratuitement à : www.iris-recherche.qc.ca.