L’Espagne, alors gouvernée par José María Aznar, leader du Parti populaire, avait décidé de participer à la guerre et à l’occupation de l’Irak aux côtés de George Bush et de Tony Blair. Des millions de personnes manifestaient dans le monde entier contre la guerre et contre l’occupation d’un pays qui, situé à des milliers de kilomètres de notre réalité quotidienne, était devenu du jour au lendemain aux yeux des médias de communication une base de production d’armes de destruction massive qui mettrait en danger toute la population mondiale.
Cette guerre a mené à des attaques à Madrid, Londres, Paris et dans d’autres villes européennes. Et ceux et celles d’entre nous qui ont compris que cette guerre n’était pas notre guerre mais celle de ceux qui voulaient voler le pétrole irakien, ont subi la colère de ceux qui cherchaient à se venger. Dans ces moments-là, nous étions contre la guerre. Nous étions solidaires avec le peuple irakien et avec nos victimes.
Les jours suivants, des élections générales ont eu lieu et le gouvernement du parti populaire perdait ses élections en faveur du gouvernement socialiste qui, dès son arrivée au pouvoir, retira les troupes espagnoles d’Irak.
Nous venons de célébrer au Canada la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Cette journée est l’occasion de rendre hommage aux enfants qui n’ont jamais pu retourner chez eux et aux survivant.es des pensionnats ainsi qu’à leurs familles et leurs communautés. Une journée qui reconnait in fine une période de conquête, de pillage, de domination culturelle et de génocide.
Face à cette reconnaissance des crimes passés, une autre s’impose à nous, du moins son absence. Nous vivons actuellement un autre génocide en Palestine qui est retransmis en direct sur nos écrans. Le parti pris, l’incompréhensible justification et soutien aux actions d’Israël, la désinformation servie aux citoyen.nes sur la légalité internationale et les différentes conventions que l’État d’Israël a violées dans son offensive contre les Palestiniens de Gaza et maintenant au Liban, ont laissé orphelin.es celles et ceux qui auraient espéré se voir refléter dans les actualités. Des canadien.nes d’origines diverses souffrent pour leurs familles et ami.es dans cette partie du monde.
Il est difficile de vivre dans ce pays contradictoire qui, d’une part, reconnaît ses mauvaises actions passées et qui, de l’autre, permet et tolère, quand il n’encourage pas avec ce fallacieux prétexte qu’Israël a le droit de se défendre, des crimes similaires à ceux que les Français et Les Anglo-Saxons ont perpétré contre les premières nations de ce pays.
Il est douloureux de voir comment des amis continuent de vivre depuis des décennies dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban, dans l’espoir de retourner un jour dans leur terre d’origine. De bonnes personnes, dévouées aux autres et qui accomplissent un énorme travail humanitaire avec des ressources minimes pour assurer une couverture à celles et ceux qui n’ont rien. Il est intolérable d’un point de vue humain de constater la passivité nourrie par les médias et la classe politique, qui vit de la délégation citoyenne, face à ce qui se passe au Moyen-Orient.
La déshumanisation des sociétés arabes est inconcevable si l’on recherche véritablement un monde de paix fondé sur des normes mondiales et des relations justes. Gober les récits de ceux qui justifient le droit d’Israël à se défendre, revient à légitimer la destruction de Gaza et la mort de milliers de civils palestiniens et maintenant libanais. L’accepter signifie que n’importe lequel d’entre nous, simples mortels d’une époque turbulente, peut être sacrifié, à tout moment et pour des intérêts géopolitiques, comme l’étaient les premières nations du Canada à leur époque quand les colons ont décidé de leur avenir sur des terres qu’elles n’ont jamais cédées.
Si nous, au Canada, savons que ce qui a été fait aux Premières Nations est un chapitre très sombre de notre histoire, pourquoi le gouvernement canadien et le gouvernement du Québec appuient-ils inconditionnellement la colonisation de la Palestine et l’extermination de ses Premières Nations ?
L’éthique et l’humanité politique, lorsqu’elles se perdent, engendrent des monstres. Ceux de notre temps, mus par différents motifs, ont des noms et des prénoms, mais ils n’existent pas seuls. Ils ne pourraient pas sévir sans la complaisance de ceux qui leur offrent une couverture politique, économique et médiatique.
Aujourd’hui, la guerre au Moyen-Orient est plus que jamais imminente. Chaque personne devra à présent faire son examen de conscience : qu’avons-nous fait, de quel côté étions-nous, qu’est-ce qui a été fait en notre nom à des familles inconnues et qui, à l’instar des nôtres, sont composées de pères, de mères, de filles et de frères.
Donner un coup de pied dans la fourmilière sous prétexte de rendre le monde plus sûr est une illusion à laquelle personne ne peut croire. Les gouvernements disposent d’outils pour garantir la paix. Ne pas les utiliser, c’est laisser passer l’impunité et ouvrir ainsi un espace pour que celles et ceux qui vivent dans le désespoir et à qui on a tout enlevé, y compris leur droit de se voir reflétés de manière juste et humaine dans les médias, trouvent d’autres manières de nous faire comprendre qu’eux aussi ont droit à la vie et à la reconnaissance.
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