Édition du 19 novembre 2024

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Santé

La santé n'est pas une occasion d'affaires ! (Coalition Solidarité Santé)

MONTRÉAL, le 14 juin 2016 /CNW Telbec/ - La Coalition Solidarité Santé dénonce la tenue du Sommet de la santé organisé par LesAffaires.com (1), faisant la promotion du privé en santé et services sociaux.

La Coalition manifeste son opposition à la tenue de ce énième colloque s’adressant, comme son programme l’indique, aux présidents, directeurs généraux, sous-ministres, hauts gestionnaires des CISSS, du Conseil du trésor, du Ministère des Finances, directeurs aux programmes de soutien, administration et performance, approvisionnement, hauts-fonctionnaires du Ministère de la Santé et des services sociaux, ainsi qu’aux directeurs des Cliniques et Groupes de médecine familiale (GMF) et PDG de cliniques médicales et de GMF.

En commission parlementaire sur le projet de loi (PL) no 10, la Coalition avait mis en garde le ministre Barrette contre les dangers croissants de privatisation qui suivraient la fusion des établissements de santé et de services sociaux.

« Le ministre Barrette avait répondu qu’il n’y avait rien dans son PL pour la privatisation. S’il n’y avait rien pour, il n’y avait assurément rien contre non plus. Et maintenant, il ne peut nier ce qui se passe. Nous assistons indéniablement à une privatisation en santé et services sociaux », déclare Jacques Benoit, coordonnateur de la Coalition.

Solidarité Santé explique que depuis l’entrée en vigueur du PL 10, la privatisation s’exerce de diverses façons dans tout le réseau public de services sociaux et de santé. Et les directions d’établissements sont fortement encouragées à recourir au privé pour sous-traiter soins et services. « Quand les hauts fonctionnaires des ministères et même les sous-ministres sont présents à un tel événement, on ne peut s’attendre à ce que les services publics soient maintenus, ajoute Jacques Benoit. C’est un exercice pour planifier à grande échelle l’utilisation des fonds publics au service du privé. »

Pour Johanne Nasstrom, de la Table régionale des organismes communautaires de la Montérégie (TROC-M), la privatisation, c’est aussi le transfert des travailleuses et travailleurs sociaux (T.S.) des CLSC vers les GMF, avec des effets que le ministre ne mentionne pas. « Des organismes communautaires ont reçu des appels de T.S. qui cherchaient des intervenantes et intervenants pour faire des suivis de dossiers. On peut penser que c’est dû au fait que ces T.S. ne seront pas remplacés après leur transfert. Avec comme résultat que si les groupes ne les prennent pas en charge, les personnes se retrouveront sans services et sans aide aucune », se désespère-t-elle.

Pour Jacinthe Normand, du comité des usagères et usagers des Sommets, le fait de combler le manque de services publics par de la sous-traitance au privé ne règle pas le problème. « Quand les personnes sont hébergées en CHSLD privé, elles ne sont plus considérées comme usagères du réseau public et, comme comité d’usagères et usagers, on ne peut plus défendre leurs droits. Nous n’avons pas de prise sur les services, nous ne pouvons jouer notre rôle de chien de garde de la qualité. Ça augmente les risques pour ces personnes qui sont forcées de recourir à cette option », déclare-t-elle.

Marc-André Burelle-Favron, qui utilise beaucoup les services à domicile, est catégorique : le recours au privé n’est pas un choix. « Si les services publics à domicile étaient suffisants, il n’y aurait pas grand monde qui recourrait au privé. Leurs services ne sont définitivement pas meilleurs que le public, il y a un fort roulement de personnel qui n’est pas formé professionnellement pour faire le travail. On a beau se dire qu’ils ont le cœur à la bonne place, ça ne leur montre pas comment s’occuper d’une personne comme moi », déclare-t-il.

La Coalition Solidarité Santé affirme que les solutions aux problèmes du réseau public sont publiques. Le ministre et son gouvernement doivent rappeler leurs gestionnaires, sous-ministres et hauts-fonctionnaires et leur fournir les moyens de maintenir et améliorer les services publics sociaux et de santé.

« Il y en a un, remède aux coupures. Le gouvernement n’a qu’à rendre entièrement public le régime hybride privé-public d’assurance médicaments que nous avons. Il économisera de façon récurrente plus d’un milliard de dollars annuellement. Un milliard à réinvestir dans de bons soins et services publics de santé, ça ferait toute une différence », conclut Jacques Benoit.

1- http://www.lesaffaires.com/evenements/conferences/sommet-sur-la-sante---2e-edition/585013

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