« Si le ministre des Finances est sérieux dans ses déclarations et si la situation est aussi précaire qu’il la dépeint, il se doit d’expliquer pourquoi nous avons encore les moyens de sous-traiter des milliards en contrats informatiques, sans être en mesure d’en connaître le coût exact, pourquoi nous avons encore les moyens de payer les dépassements exorbitants (plus de deux milliards $ !) pour des projets informatiques hors de contrôle comme SAGIR et DSQ, pourquoi nous avons encore les moyens de trop payer pour nos infrastructures, comme nous le prouve la commission Charbonneau, pourquoi nous avons encore les moyens de ne pas récupérer 3,5 milliards $ de pertes fiscales par année », indique le président du SPGQ, M. Richard Perron.
Le SPGQ exprime également sa vive inquiétude lorsque M. Laetao dit qu’« il va falloir que l’on soit capable de vivre à l’intérieur de nos moyens ». Car, selon une étude de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) publiée le 26 août, les salariés du secteur public se sont appauvris au cours des trente dernières années, avec un salaire de 2010 inférieur de 11,6 % à celui de 1978, si l’on tient compte du coût de la vie. De plus, le secteur public tire de la patte par rapport au secteur privé, avec un écart de rémunération de 13,2 %.
M. Leitao mise notamment sur les départs à la retraite des employés de l’État pour contenir les dépenses. Environ 15 000 employés prendront leur retraite en 2014 et autant en 2015 ; plusieurs postes ainsi libérés ne seront pas pourvus. « 60 % des dépenses de programme sont des salaires et la masse salariale continue à augmenter. On ne peut pas faire l’équilibre budgétaire sans toucher à la masse salariale », selon M. Leitao.
« Pour les 25 500 professionnelles et professionnels membres du SPGQ, cette déclaration de M. Leitao jette un pavé dans la marre, car, selon l’étude de l’IRIS, on remarque depuis le milieu des années 80 un affaissement du pouvoir de négociation chez les syndicats, causé entre autres par le développement d’emplois atypiques, la sous-traitance, les lockouts ou la délocalisation, en plus du contexte politique qui empêche les employés du secteur public de se bâtir un rapport de force sans se faire imposer une loi spéciale », s’insurge M. Perron.
Selon le SPGQ, le train de compressions que subira le Québec avec la Commission de révision permanente des programmes - cette commission vise à dégager des économies de 2,7 milliards $ en 2014 et de 3,2 milliards $ en 2015 - ne fera qu’amplifier la crise d’expertise qui mine le gouvernement.
« La prise de grandes décisions basée sur très peu d’expertise a pavé la voie à la commission Charbonneau, car dans ses efforts de rationalisation, le gouvernement a trop réduit ses ressources en matière de réflexion, d’analyse et de capacité de gestion de programmes complexes », conclut le président du SPGQ.