Édition du 1er avril 2025

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La "liste des personnes à éliminer" d'Obama

La plus grande horreur est que personne ne soit choqué. C’est ce qui est advenu dans les mass médias face à la liste d’Obama sur les personnes à éliminer. La « liste des personnes à éliminer » n’est pas un film de Quentin Tarantino où le président des États-Unis assis sur une chaise dans la salle ovale de la Maison Blanche serait en train de discuter.

Il Manifesto

La liste des personnes à éliminer, c’est la liste d’êtres humains à être tués que Barack Obama gère personnellement chaque semaine. Quelque chose que le New York Times appelle « l’étrange rituel bureaucratique ». « Chaque semaine environ 100 membres de l’éléphantesque appareil de sécurité nationale se réunissent en vidéoconférence secrète afin de discuter des biographies des personnes soupçonnées de terrorisme et pour recommander au Président qui sera les prochains condamnés à mort.

Les bureaucrates recommandent, mais le dernier mot revient à Obama qui signe, personnellement, la condamnation à mort de « terroristes présumés » qu’ils soient des citoyens américains ou des étrangers. Il est à noter qu’aucun d’entre eux n’a déjà été reconnu coupable par un tribunal. Le président des États-Unis s’arroge littéralement le droit de vie et de mort, sur tout être humain sur cette planète. Bien sûr, une fois que vous signez cette « étrange » décision, elle est définitive et ne peut être critiquée car elle est secrète.

Dans le fond, la Bastille a été rasée pour beaucoup moins : les monarques absolus de l’ancien régime signaient des ordres d’emprisonnement arbitraires, mais certainement pas des condamnations à mort. Après tout, le décrié George W. Bush était plus fidèle à l’esprit de la Constitution des États-Unis parce qu’il se limitait à ordonner la détention arbitraire de toute personne soupçonnée dans le monde : si elle devait être tuée, l’accusé devait au moins avoir été jugé par une cour martiale américaine. Maintenant, toutefois, paradoxalement, on a un président qui a été élu en promettant de fermer la prison de Guantanamo et de ne pas autoriser que les suspects soient détenus indéfiniment sans procès, son premier mandat se conclut par sa signature personnelle sur la liste des assassinats d’État. Il dit non à l’emprisonnement de personnes sans procès, mais il signe l’exécution de personnes qui n’ont pas eu de procès. Gardez à l’esprit que cette liste inclut non seulement les vrais terroristes, mais aussi les « collaborateurs ».

Pour le dire précisément, le président Bush pouvait décréter un enlèvement d’une personne en Italie et son transfert en Egypte ou en Syrie pour qu’elle soit torturée par des experts, puis transférée à une base militaire américaine à l’étranger, telle Diego Garcia, jugée par un tribunal militaire américain et éventuellement, éliminée, sans que personne ne le sache. Maintenant, M. Obama a le pouvoir, avec ses services de la Maison Blanche, de lire la biographie d’une personne, de décider que cette personne est dangereuse et de signer son arrêt de mort. À ce stade, un employé en manches courtes, d’une base militaire du Midwest peut à l’aide de son ordinateur déclencher une commande qui active un drone à 9 000 km qui frappe la terrasse de la maison de la personne à éliminer et la tue avec un missile.

Le New York Times s’est contenté d’une protestation pacifique bien timide quand il a écrit : « cela donne trop de puissance à un président", et, hypocritement, le journal a proposé "d’établir des critères précis" pour composer la liste des personnes à éliminer.

Nous sommes confrontés à un pouvoir absolu. Mais comme je l’ai déjà dit, ce qui est beaucoup plus terrifiant, c’est la façon dont l’opinion publique mondiale a reçu cette information. Nous sommes habitués. Rien ne nous surprend plus. Il n’y a nul indigné qui s’indigne de ça. Qu’est-ce qui va donc nous réveiller ? Un excellent exemple de la « cruauté humanitaire » ou « douce férocité" qui a contribué à nous anesthésier, c’est cette réunion d’Obama et de ses amis conviés à regarder en direct, non pas le Super Bowl, mais le meurtre d’Oussama Ben Laden et de célébrer cette victoire.

Mais encore plus excitant, c’est la blague rappelée par le New York Times, après la signature, par le président, de la peine de mort d’un citoyen des États-Unis au Yémen pour incitation à la djihad et que le prix Nobel de la Paix a commenté en disant , « Cela est devenu si facile. »

http://www.ilmanifesto.it/areaabbonati/inedicola/manip2n1/20120601/manip2pg/01/manip2pz/323586/

(tiré de Rebelion, traduction Bernard Rioux)


Un vidéo de Democracy Now qui nous donne plus de détails sur cette terrible réalité (NDLR)

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