Heureusement, il reste suffisamment de temps avant le scrutin pour que les électeurs réfléchissent sérieusement afin de faire un choix qu’ils ne regretteraient pas par la suite. Au-delà de son manque de connaissances des dossiers municipaux et du peu d’intérêt qu’il a manifesté envers ces questions jusqu’ici, M. Coderre a expliqué qu’il met un parti sur pied un parti seulement pour pouvoir profiter des avantages monétaires que confère la loi électorale. Par la suite, sa formation se démembrerait puisque, prétend-t-il, l’administration municipale n’étant pas un gouvernement rien ne justifie la présence de partis. Beau sophisme qui conduirait à un clientélisme débridé nous ramenant directement aux excès de la période noire remontant aux années 1930 et 1940 des maires Camilien Houde et consorts.
Mais ce qui inquiète le plus c’est que M. Coderre renvoie implacablement l’image d’un politicien traditionnel et opportuniste. Son nom a notamment été mentionné plusieurs fois devant la commission Gomery sur le scandale des commandites, en 2004, pour ses relations d’amitié, malgré son statut de ministre, avec le président de l’agence de publicité Everest qui y a été mise en cause. Près de son organisation électorale comme député libéral de Bourassa il compte également plusieurs entrepreneurs en construction ayant paradé devant la commission Charbonneau ces derniers mois. Cet entourage délétère ne peut guère inspirer confiance.
Souhaitons de tout coeur qu’une administration Coderre ne succède pas aux débilitantes administrations Bourque et Tremblay qui ont sévi dans la métropole pendant presque deux décennies. Sinon les Montréalais, en incorrigibles masochistes, se prépareraient d’autres années d’amères déceptions qui nécessiteraient peut-être, en bout de compte, la tenue d’une nouvelle commission d’enquête sur son administration. Ce serait la troisième depuis 1952. Montréal serait alors devenu un cas incurable.
Paul Cliche,
Montréal, 22 mai 2013