Il y a plus d’un an, des femmes autochtones à Val-d’Or sont venues de l’avant pour signaler des cas d’inconduite de certains policiers. Leur courage a ouvert la voie à des autochtones ailleurs au Québec pour partager leur propre expérience d’abus.
Dès le début, les femmes autochtones, l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador et la Nation crie d’Eeyou Istchee ont réclamé une commission d’enquête provinciale indépendante afin d’examiner les causes systémiques de discrimination envers les autochtones et d’y remédier.
Seule une telle commission d’enquête provinciale permettra aux femmes autochtones du Québec de partager leur expérience. Seule une telle commission sera en mesure d’identifier les enjeux systémiques, spécifiques au Québec, qui sous-tendent la discrimination envers les autochtones et ce, en vue de proposer des solutions.
Au cours de la dernière année, un très fort consensus s’est dégagé quant à la nécessité d’une telle enquête provinciale. L’observatrice indépendante de l’enquête du Service de police de la Ville de Montréal, le récent rapport de l’Observatoire sur les profilages sur la judiciarisation de l’itinérance à Val-d’Or et l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées insistent tous sur la nécessité de se pencher sur ces enjeux systémiques.
Les indications préliminaires font état de facteurs systémiques tels le recours excessif aux services policiers comme premiers répondants et au système judiciaire pour traiter des problèmes sociaux, le manque de formation des policiers sur les réalités autochtones et une pénurie de services de santé et services sociaux pour répondre aux besoins des autochtones.
La commission d’enquête dont l’annonce est faite aujourd’hui vise à faire la lumière sur ces enjeux systémiques et d’autres, sous-jacents à la discrimination vécue par les autochtones. Elle se penchera sur les moyens d’améliorer pour les autochtones non seulement les services policiers, mais également les services publics connexes, tels les services de santé et services sociaux et les services judiciaires. Cette démarche intégrée vise à favoriser des actions correctives efficaces et durables.
« Je suis très heureux qu’aujourd’hui le gouvernement du Québec ait entendu les demandes des femmes autochtones pour une commission d’enquête. L’enquête leur permettra de partager leurs expériences et de contribuer à trouver des solutions. Cet exercice ne cherche pas à faire porter le blâme. Il vise plutôt à nous permettre, autochtones, policiers et les autres intervenants, de travailler ensemble pour résoudre des problèmes. C’est l’écoute des femmes autochtones qui leur permettra de débuter le processus de guérison. Je tiens à les remercier pour leur courage et leur persévérance - sans elles, cette enquête n’aurait jamais eu lieu. » - Grand Chef Dr Matthew Coon Come.
La commission d’enquête sera complémentaire aux travaux de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. La Nation crie d’Eeyou Istchee entend collaborer avec les deux enquêtes afin d’éliminer la violence et la discrimination envers les femmes autochtones et tous les autochtones et, ce faisant, de cheminer vers une véritable réconciliation.