La Coalition s’est toujours opposée à établir un lien entre le soutien minimal du revenu des personnes et leur participation à des mesures d’employabilité. Or, c’est exactement ce qu’instaurent les modifications réglementaires, réintroduisant ainsi une approche coercitive qui a déjà démontré son inefficacité. De plus, les modifications envisagées n’ont fait l’objet d’aucune analyse préalable concernant les effets potentiels sur la pauvreté des personnes et des familles. Nous souscrivons entièrement à l’objectif de favoriser un passage vers l’emploi d’un maximum de personnes prestataires de l’aide sociale ; toutefois, il aurait été de loin préférable de travailler à l’atteinte de cet objectif sans insécuriser celles-ci. « Le processus visant la réinsertion sociale et professionnelle des personnes les plus éloignées du marché du travail passe d’abord par une réappropriation de leur confiance en leur capacité de se remettre en action, processus que vient miner l’insécurité financière » affirme Sylvie Roy, présidente de la Coalition.
Des mesures d’aide et d’accompagnement qui manquent à l’appel
De plus, à l’instar de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse, des directions de santé publique du Québec et des trois grandes centrales syndicales, nous nous interrogeons sur les nouvelles mesures annoncées par la ministre : critères d’admissibilité, enveloppe budgétaire et effectifs pour assurer l’accès, modalités d’accompagnement des personnes, durée des prestations associées à la participation aux mesures, procédures d’appel prévues, lien avec les mesures existantes, etc. Ces éléments ne sont pas connus à l’heure actuelle, pas plus que la bonification annoncée de la prestation d’aide pour les personnes seules, alors que les modifications réglementaires, elles, entreront en vigueur le 1er juin. De surcroît, les nouvelles mesures prévues dans la stratégie « Tous pour l’emploi » s’appliquent peu ou pas aux personnes visées par les modifications, qui commandent une approche et des services spécifiquement adaptés à leur situation. « Nous pressons le gouvernement de surseoir à l’application des modifications réglementaires, le temps que des analyses approfondies soient menées et que les nouvelles mesures d’aide aux personnes soient implantées ; à notre avis, il s’agit là de conditions essentielles, si nous voulons effectivement "n’échapper personne" », déclare Sylvie Roy, présidente de la Coalition.
Enfin, la Coalition réitère qu’elle vise également à faire participer un maximum de personnes au marché du travail. Elle insiste toutefois sur l’importance de l’accompagnement professionnel offert par des services spécialisés en emploi dans l’atteinte de cet objectif.