Le projet écosocialiste part de l’idée que la présente crise écologique, sans précédent dans l’histoire de l’humanité, ne pourra être résorbée sans la remise en question du système économique, politique et social qui lui a donné naissance et qui nous y renferme toujours davantage : le capitalisme. Le mot d’ordre « system change, not climate change » résume dans sa plus simple expression l’impératif de notre temps, soit le dépassement du mode de production qui conduit à l’épuisement des « deux sources d’où jaillissent toute richesse : la terre et le travailleur » [1].
Mais la théorie critique qui consiste à expliquer les mécanismes complexes qui relient l’exploitation du travail, la marchandisation des biens communs, la surexploitation des ressources naturelles, le militarisme, l’érosion de la démocratie, le productivisme, le consumérisme, l’externalisation des conséquences sociales et environnementales et la privatisation des profits, ne saurait suffire à changer le système par le seul pouvoir de la raison négative. Ce qu’il manque cruellement depuis l’effondrement des régimes communistes et les dérives de la social-démocratie reconvertie aux préceptes de l’économie de marché, c’est la présence d’une alternative globale et positive à la société capitaliste.
Par ailleurs, la solution à la catastrophe écologique ne peut se limiter à un mode de vie basé sur la simplicité volontaire, la critique culturelle de la société de consommation ou la constatation que la croissance infinie est impossible dans un monde fini. Bien qu’une partie importante de la population serait prête à accepter l’idée que l’organisation de notre société repose sur un mode de production non soutenable, Frederic Jameson rappelle qu’il « est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme ». Le fatalisme formulé par la célèbre phrase de Margaret Thatcher – there is no alternative – continue d’exercer son hégémonie sur l’imaginaire collectif alors qu’il devient absolument nécessaire d’envisager une alternative radicale à l’ordre dominant.
Il est donc nécessaire de forger une nouvelle vision du monde, un ensemble d’idées générales et cohérentes capables d’interpréter le monde actuel pour mieux le transformer. Cette vision ne peut reposer uniquement sur l’addition des luttes sociales en cours, la juxtaposition des identités opprimées (femmes, indigènes, immigrants, LGBT, etc.), ou une combinaison des revendications de la société civile réunies dans une plateforme électorale. Il faut avant tout un projet politique, c’est-à-dire une philosophie commune permettant d’unifier les mouvements populaires dans une perspective d’émancipation sociale. La transformation à large échelle des rapports sociaux implique nécessairement la construction de nouvelles institutions, et donc la conquête du pouvoir politique.
Or, les deux seuls mouvements de gauche qui ont été capable de gouverner au XXe siècle, le socialisme révolutionnaire et la social-démocratie, ont lamentablement échoué à instaurer une société libre, égalitaire, écologique et démocratique. C’est pourquoi l’écosocialisme ne peut se contenter de saupoudrer le marxisme d’un brin d’écologisme en parlant de changement climatique, de restauration des écosystèmes et de justice environnementale, bien que ces sujets soient de première importance. Il faut avant tout interroger les mécanismes responsables de la dérive productiviste, bureaucratique et anti-démocratique des régimes politiques qui se réclamaient jadis des idéaux émancipateurs du mouvement ouvrier.
Le problème ne consiste pas à se demander si nous pouvons ou non abolir théoriquement le système capitaliste, mais à réfléchir plus profondément sur la manière pratique de le dépasser. Entendons-nous d’abord sur une définition minimale du capitalisme : il s’agit d’une structure économique fondée sur deux institutions distinctes mais intimement reliées. D’une part, la propriété privée des moyens de production divise la société en deux classes, soit les propriétaires (patrons) et les non-propriétaires qui sont obligés de vendre leur force de travail (salariés). D’autre part, le marché représente le principal mécanisme de coordination des activités économiques par l’auto-régulation des prix, en étendant la valeur d’échange et la catégorie de marchandise à l’ensemble de la vie sociale. C’est pourquoi le capitalisme est non seulement un système économique, mais une forme de société où toutes les sphères de la vie humaine se retrouvent encastrées dans le marché, pour reprendre l’expression de Karl Polanyi.
Le socialisme révolutionnaire ou communisme, tel que défini par Karl Marx et Engels dans le Manifeste du Parti communiste, représente la tentative la plus radicale pour renverser la société capitaliste, fondée sur la propriété privée et le marché, grâce au pouvoir despotique de la propriété étatique et la planification centralisée. « Nous avons déjà vu plus haut que le premier pas dans la révolution ouvrière est la constitution du prolétariat en classe dominante, la conquête de la démocratie. Le prolétariat se servira de sa suprématie politique pour arracher peu à peu à la bourgeoisie tout capital, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l’État, c’est-à-dire du prolétariat organisé en classe dominante, et pour augmenter au plus vite la masse des forces productives. Cela ne pourra se faire, naturellement, au début, que par une intervention despotique dans le droit de propriété et les rapports bourgeois de production, c’est-à-dire par des mesures qui économiquement paraissent insuffisantes et insoutenables, mais qui, au cours du mouvement, se dépassent elles-mêmes et sont inévitables comme moyen de bouleverser le mode de production tout entier. » [2]
Cette idéologie repose sur une conception téléologique de l’histoire, une vision optimiste de l’industrialisation selon laquelle le développement technique et le plein déploiement des forces productives, de plus en plus entravées par la propriété privée et l’anarchie du marché, pourrait assurer un progrès économique et social via une rationalisation accélérée du travail et une planification centralisée. Le mouvement du capitalisme ferait ainsi naître, par un renversement révolutionnaire, une société communiste. « À la place de l’ancienne société bourgeoise, avec ses classes et ses antagonismes de classes, surgit une association dans laquelle le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous. » [3]
Cette conception faisait dire à Lénine que « le communisme, c’est le pouvoir des Soviets plus l’électrification du pays », et à Trotsky que « le taylorisme, comme technique d’organisation du travail, est mauvais dans son usage capitaliste et bon dans son usage socialiste. » Nous voyons aisément pourquoi cet imaginaire productiviste privilégiait l’industrialisation, la militarisme, l’organisation hiérarchique du travail, la croissance économique et la conquête spatiale, au détriment de la réduction du temps de travail, l’autogestion, la décentralisation, l’agriculture paysanne, la démocratie directe et d’autres formes de mécanismes de décision qui auraient permis aux communautés et aux classes populaires de se gouverner elles-mêmes. Ce n’était pas les travailleurs librement associés et les citoyens qui dirigeaient la société, mais le Parti-État qui vise à triompher du capitalisme par le développement technologique, la course aux armements, l’endoctrinement idéologique et la conquête du monde.
Il faut comprendre que cette dérive des régimes du « socialisme réellement existant » n’est pas une simple erreur de parcours due à des facteurs conjoncturels comme des individus malintentionnés, une bureaucratisation mal contrôlée ou d’autres contextes historiques spécifiques, mais le résultat d’un biais structurel découlant d’une conception étatiste du socialisme. L’abolition de la propriété privée était comprise à partir de la dictature du prolétariat, l’étatisation des moyens de production et la répression impitoyable de la bourgeoisie, comme l’affirme clairement Lénine dans l’État et la révolution. Ce « socialisme par le haut » est non seulement incompatible avec l’égalité sociale et la démocratie, mais avec les contraintes écologiques parce qu’elle empêche toute forme de délibération publique et de contrôle populaire sur des questions aussi essentielles que le niveau de consommation, la croissance économique et la protection de l’environnement.
C’est pourquoi l’écosocialisme exige de repenser non seulement la propriété du système de production et d’échange, mais aussi le contenu des productions et les modes de consommation. Ce projet de société alternatif au capitalisme doit troquer l’étatisation des moyens de production par la planification démocratique et décentralisée de l’économie, car elle seule permettrait de sortir du paradigme de la croissance infinie en réduisant certaines productions et consommations porteuses d’une empreinte écologique inacceptable. S’il faut rompre avec la dictature de la propriété privée et du marché, il faut également critiquer le productivisme, le consumérisme, la publicité et la marchandisation généralisée qui conduisent à des gaspillages destructeurs pour la société et l’environnement.
Mais une fois que nous avons dénoncé les dérives autoritaires de l’étatisme et le mythe du progrès dont il était porteur, que reste-t-il ? L’écosocialisme ne peut être la simple négation du bon vieux socialisme, jumelée aux slogans du développement durable et de la démocratie participative. Or, ce piège est précisément celui de la social-démocratie verte dans lequel la plupart des groupes environnementalistes, des partis verts et des organisations citoyennes sont en train de s’enfoncer. Si la social-démocratie verte a le mérite de rejeter les dogmes du néolibéralisme qui vise la marchandisation intégrale de la société et la nature, de même que l’austérité qui conduit à l’explosion des inégalités sociales, elle ne remet pas en question le cœur du problème, soit les lois d’accumulation de la valeur, le primat du gouvernement représentatif, et les insuffisances des régulations du marché par l’État.
La social-démocratie, en tant que capitalisme partiellement étatisé ou d’étatisme moyennement privatisé, ne repose pas sur la défense des biens communs, l’auto-gouvernement populaire, l’auto-organisation citoyenne, la démocratie locale et industrielle, l’économie sociale et solidaire inscrite dans des réseaux de proximité et le territoire. Elle reproduit encore la même dichotomie entre le marché et l’État, le privé et le public, en insistant sur la nationalisation, la défense des entreprises étatiques et la prédominance de l’appareil administratif sur la vie sociale et économique. Il ne s’agit pas ici de rejeter en bloc les institutions nationales, les entreprises publiques et les mécanismes de sécurité sociales héritée de l’époque des Trente glorieuses et de l’État-providence, mais de constater que celles-ci sont nées dans un contexte de croissance économique et d’un certain compromis entre les intérêts du capital et du travail, deux facteurs constitutifs qui ne sont plus présents aujourd’hui, et ne pourront plus revenir au XXIe siècle qui sera marqué par la crise écologique et la disparation de la société d’abondance.
Pour le meilleur et pour le pire, nous entrons dans un nouveau monde, que nous devrons construire nous-mêmes afin de ne pas être soumis aux guerres impérialistes pour la conquête des ressources naturelles et énergétiques, à la fermeture des frontières pour limiter les migrations de réfugiés climatiques, économiques et politiques, à la domination du modèle extractiviste et à la financiarisation des catastrophes environnementales. De plus, nous ne pouvons pas attendre un éventuel effondrement du capitalisme, à cause de l’épuisement des hydrocarbures ou d’une grande crise financière, car ce système a toujours réussi à profiter des crises pour se relancer sur de nouvelles bases. Pourtant, nous pouvons miser sur le fait que le prochain siècle sera marqué par l’intensification systémique de la crise, que ce soit au niveau politique, économique, énergétique, social, culturel et environnemental. Le capitalisme ne sera plus capable de « livrer la marchandise », c’est-à-dire d’assurer le confort matériel pour la majorité sociale et la prospérité générale. Avec la perte de légitimité de sa principale idéologie, le néolibéralisme, le système devra de plus en plus recourir à la force pour se maintenir. La montée des grandes contestations populaires depuis 2011 en est le premier signe annonciateur.
Dans ce contexte historique que nous pouvons apercevoir dès maintenant sous nos yeux, l’aveuglément de la social-démocratie ne consiste pas à revendiquer des réformes (car nous en avons cruellement besoin !), mais à penser que la transition sociale et écologique se fera en douceur, graduellement, par voie électorale, sans remise en question des puissants intérêts établis, de l’oligarchie politique et économique qui nous dirige sans scrupules. Il ne s’agit pas non plus d’opposer abstraitement réformes et révolution, mais de concevoir que la justice sociale et la préservation des écosystèmes ne pourront être assurées sans une transformation radicale du système économique et politique dans lequel nous vivons. Cela nécessite de penser aux modalités d’une reconversion écologique des industries, d’une réforme agraire véritable, d’une révolution fiscale permettant d’inverser les priorités sociales en faveur des classes populaires, ainsi qu’une décentralisation massive des décisions politiques, sociales et économiques.
Mais plus fondamentalement, au-delà du programme que nous mettrons de l’avant, nous devons envisager une nouvelle perspective stratégique permettant de forger des alliances robustes non seulement entre différents groupes de gauche, les mouvements sociaux et les comités citoyens, mais avec les classes moyennes et populaires sans lesquelles nous ne pourrons former une majorité sociale. Cela suppose également de réfléchir sérieusement à la forme d’organisation pratique d’un tel mouvement, soit la définition collective du véhicule politique qui pourra servir de plateforme aux multiples initiatives qui luttent déjà pour un réel changement social. Il n’y a pas de projet politique sans parti politique, c’est-à-dire sans une organisation permettant de rassembler les citoyens par une philosophie commune visant à transformer les institutions pour réaliser un projet de société.
Or, à l’heure de la crise de légitimité des institutions démocratique et du système des partis, qui se manifeste autant par le cynisme, l’apathie, l’absentéisme, mais également par les mobilisations populaires ferventes de démocratie directe et farouchement opposées à toute forme de réduction idéologique, il semble quelque peu illusoire, au mieux téméraire, de recourir à la forme du parti pour relancer un mouvement politique d’ampleur. Par ailleurs, le décalage entre les mouvement sociaux et les partis politiques semble toujours plus prononcé, les premiers étant cantonnés dans une sphère de contestation toujours plus réduite, surveillée et réprimée, les seconds étant de plus en plus tentés par les sirènes de l’électoralisme, les positions plus consensuelles et l’obligation de donner l’image de bons gestionnaires des coffres de l’État.
Comment dépasser cette dichotomie rigide entre mouvements sociaux et partis politiques, la séparation croissante entre la rue et les urnes ? Une piste de recherche s’ouvre actuellement en Catalogne et en Espagne, avec de nouvelles formations fort originales comme la Candidatura Unitat Popular (CUP) et Podemos. D’un côté, la CUP est un parti anticapitaliste, indépendantiste, féministe, écologiste et anti-impérialiste, qui présente des candidatures dans l’ensemble des municipalités du territoire catalan. Ce parti ne fait pas que promouvoir la démocratie participative comme un supplément inoffensif au gouvernement représentatif, mais la comprend comme une transformation radicale de la culture politique. Sa volonté déclarée est de jouer le rôle d’un « cheval de Troie » des classes populaires dans les conseils municipaux et l’appareil d’État, par le biais de candidat(e)s directement branché(e)s sur les assemblées locales. Son action politique est extrêmement démocratique : les députés ne peuvent obtenir plus d’un mandat, leur rémunération ne doit pas dépasser 1600€ par mois, les activités parlementaires sont soumises à la consultation permanente des militant(e)s, il y a un non-cumul des postes à l’interne, etc. Leur objectif ultime est de créer de mécanismes de démocratie directe, active et participative au niveau des institutions, de simplifier les structures administratives à travers la dissolution de conseils provinciaux, et les remplacer par les municipalités, les comtés et autres institutions supra-municipales comme bases d’une politique de proximité. Autrement dit, la CUP défend les municipalités comme les seules institutions qui restent à la portée du peuple, en promouvant le municipalisme comme outil de transformation sociale.
L’autre exemple majeur est sans aucun doute la formation espagnole Podemos, une alternative aux partis de gauche traditionnels qui a remporté 8% des voix lors des dernières élections européennes de mai 2014, et ce seulement après quatre mois d’existence. À quoi ce nouveau venu doit-il son succès ? Tout d’abord, Podemos émane du mouvement des Indignés (15-M), de l’initiative de groupes anticapitalistes et d’un réseau de militant(e)s proches de la télévision web indépendante La Tuerka, fondée par un jeune professeur charismatique en sciences politiques, Pablo Iglesias. « Son fonctionnement favorise la participation politique du peuple, organisant des élections primaires ouvertes, l’élaboration d’un programme politique participatif, la constitution de plus de 400 cercles et assemblées populaires dans le monde entier. Podemos obtient ses ressources exclusivement de contributions populaires, refusant tout prêt bancaire, et toute sa comptabilité est publique et accessible en ligne (podemos.info). Tous ses représentants seront révocables, et soumis à la stricte limitation de leurs mandats, leurs privilèges et leurs salaires. » [4]
Selon Pablo Iglesias, ce qui différencie Podemos de ses concurrents comme Izquierda Unida, « ce n’est pas tant le programme. Nous voulons un audit de la dette, la défense de la souveraineté, la défense des droits sociaux pendant la crise, un contrôle démocratique de l’instrument monétaire… Ce qui nous différencie, c’est le protagoniste populaire et citoyen. Nous ne sommes pas un parti politique, même si nous avons dû nous enregistrer comme parti, pour des raisons légales, en amont des élections. Nous parions sur le fait que les gens « normaux » fassent de la politique. Et ce n’est pas une affirmation gratuite : il suffit de regarder le profil de nos eurodéputés pour s’en rendre compte (parmi les cinq élus, on trouve une professeur de secondaire, un scientifique, etc.) ». [5]
La particularité de ce parti « nouveau genre » ne réside donc pas dans son idéologie ou son projet de société, mais dans son modèle d’organisation souple et horizontal. Il représente une « innovation politique » qui dépasse la séparation traditionnelle entre le parti et les mouvements sociaux, en traduisant les pratiques de démocratie participative et délibérative des grandes contestations populaires amorcées en 2011 sur le plan institutionnel. Il représente en quelque sorte la « forme politique enfin trouvée » de l’émancipation populaire ; les luttes sociales et initiatives citoyennes peuvent dès lors dépasser leur méfiance du pouvoir et des partis pour construire directement et collectivement un projet politique capable de se confronter aux urnes tout en restant ancré à la base par des « cercles ». « Pas de nombre minimum de participants, pas besoin d’affiliation, ni de donner son identité seulement un nom et une adresse mail suffisent pour faire partie d’un cercle. À la veille des élections, 400 cercles virtuels s’étaient constitués de manière spontanée. Le parti Podemos n’a pas de bâtiment ni de lieux physiques. Les rencontres et assemblées se programment sur Internet et se font dans la rue sur des places. […] Le parti vit grâce aux réseaux sociaux, mais ne les utilisent pas comme un moyen de propagande, sinon comme un moyen pour s’organiser ». [6]
Quelles leçons doit-on tirer pour le projet écosocialiste ? Tout d’abord, les militant(e)s ne doivent pas se concentrer sur l’élaboration du programme, mais sur la formation d’une structure démocratique qui pourra faire vivre un nouveau protagoniste citoyen et populaire, un sujet politique qui sera susceptible de se diffuser dans l’ensemble de la société civile, les institutions municipales, provinciales et fédérales. Une telle expérimentation politique pourrait-elle être traduite dans le contexte canadien ? Pourrait-on se servir de rencontres comme le Forum social des peuples, de nouveaux médias indépendants comme Ricochet, de mobilisations citoyennes et autochtones contre les grands projets pétroliers, et se doter d’une organisation souple pour présenter des candidatures populaires lors des prochaines élections fédérales de 2015 ?
Un projet politique proposant une transition sociale et écologique pour sortir de la dépendance aux hydrocarbures, une redistribution massive de la richesse, une décentralisation majeure des décisions économiques et politiques, la reconnaissance du droit à l’auto-détermination des peuples, et une démocratie radicale pourrait-elle mobiliser de larges secteurs de la population ? Comment dépasser le fossé culturel entre la gauche québécoise, les groupes militants du Canada anglais, et les Premières Nations qui à commencent à peine à discuter ensemble dans le cadre du Forum social des peuples ? Toutes ces questions complexes mais essentielles doivent servir de tremplin à l’organisation d’une alternative politique qui pourra articuler la question écologique, sociale et nationale sous une forme originale. Comme disait Marx, « l’humanité ne se pose jamais que des problèmes qu’elle peut résoudre, car, à y regarder de plus près, il se trouvera toujours, que le problème lui-même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le résoudre existent déjà ou du moins sont en voie de le devenir. » [7]