Montréal et Québec, le jeudi 13 novembre 2008. Le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) dévoile aujourd’hui les résultats de sa compilation sur les hausses de loyers. L’analyse du RCLALQ montre noir sur blanc qu’un vrai contrôle des loyers est plus que nécessaire pour mettre un terme aux hausses abusives de loyers. D’ailleurs, profitant de la campagne électorale, la porte-parole du RCLALQ, France Émond, a lancé : « Les partis politiques parlent beaucoup d’économie mais peu de logement, qui représente pourtant la dépense principale des ménages ! Qu’attendent-ils pour dire aux 448 835 ménages qui consacrent déjà plus de 30% de leurs revenus pour se loger, qu’un prochain gouvernement imposera un vrai contrôle des loyers et les laissera souffler un peu ? »
Selon les données compilées par le RCLALQ en 2008, les locataires ont reçu, en moyenne, des hausses de loyer de 4,2% : un « trop-perçu » de 15,30$ par logement. De manière plus détaillée, on a enregistré des hausses de 3,5% à Laval, de 4,0% à Longueuil, de 4,1% à Québec, de 4,3% à Beauharnois, de 3,9% à Valleyfield, de 3,7% à Trois-Rivières et de 4,3 % à Montréal. À Montréal, 13 groupes ont compilé des données. Les résultats montrent que ce sont généralement les locataires des quartiers centraux, ceux et celles du Plateau Mont-Royal et du Centre-sud qui reçoivent d’importantes hausses de loyers, 4.7% en moyenne dans chacun de ces quartiers. Toutefois, le RCLALQ note que ce sont dans les quartiers en voie d’embourgeoisement, comme Hochelaga-Maisonneuve et Verdun que les hausses sont fulgurantes (4,9% et 5,3% respectivement).
Dans l’échantillon étudié, on remarque que le chauffage est principalement à la charge des locataires (66,5%) et que la majorité des logements n’ont pas subi de réparations majeures (74,3% ). Pour ce type de logement, l’indice d’ajustement des loyers, publié par la Régie du logement en janvier dernier, se limitait à 0,7% (en excluant les hausses de taxes foncières). « Malgré tout, les propriétaires ont demandé des augmentations de presque 6 fois supérieures aux taux d’ajustement de la Régie du logement », précise Mathieu Houle-Courcelles, du Bureau d’animation et information logement de Québec (BAIL).
D’après la porte-parole du Regroupement, les données montrent que les mentalités en matière d’augmentation de loyers n’ont pas évoluées : « Peu importe les indices de la Régie, les propriétaires demandent invariablement 10$, 15$, 20$ et 25$. Ils n’arrondissent pas au dollar près comme le suggère la Régie du logement mais au 5$ près », ironise Mme. Emond.
En plus de son caractère facultatif, la méthode actuelle de calcul a de nombreux irritants. Le RCLALQ déplore notamment que les locataires ne puissent pas obtenir une diminution du coût de leur loyer lorsque les dépenses du propriétaire baissent. Les locataires doivent accepter de fortes hausses de loyer s’il y a une augmentation des taxes foncières mais ne bénéficient jamais d’une réduction de loyer même lorsque les locataires font des réparations en lieu et place des propriétaires. « Les partis politiques vont-ils annoncer la fin de l’iniquité des règles en fixation des loyers ? » a demandé Mathieu Houle-Courcelles du BAIL. Sans une intervention gouvernementale, le RCLALQ craint que de nouvelles hausses soient à prévoir pour 2009. Le RCLALQ estime qu’il est temps pour les partis politiques en lice de dévoiler leurs intentions en matière de logement et d’annoncer des mesures pour contrôler le prix des loyers.
Le RCLALQ a tenu à prévenir les locataires qu’il ne faudra pas tenir compte des recommandations d’augmentations de loyer émises par les corporations de propriétaires immobiliers. En effet, la Régie du logement ne publie qu’à la fin janvier ses indices d’ajustement des loyers et sa grille de calcul. À partir de ce moment, muniEs de la variation annuelle des taxes foncières de son immeuble (disponible auprès de leur municipalité et de leur Commission scolaire), les locataires pourront consulter leur comité logement qui pourra les aider à mesurer le caractère raisonnable ou non de la hausse demandée. Le cas échéant, ils et elles pourront la refuser par écrit dans le mois suivant l’avis de leur propriétaire. Toutes ces démarches sont absolument indispensables puisque le contrôle des loyers n’est toujours pas obligatoire au Québec.
Enfin, le RCLALQ n’entend pas en rester là. Les militantEs se sont donnéEs rendez-vous à Québec le 18 novembre prochain afin de demander haut et fort aux partis politiques un vrai contrôle des loyers et l’instauration d’un registre des baux. Les ménages locataires ne veulent pas être les laisséEs pour compte de cette campagne électorale. Après tout, le droit au logement est un droit fondamental. Il ne faudrait pas que les partis politiques puissent l’oublier !