Édition du 3 décembre 2024

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Syndicalisme

L’AFPC contre-attaque contre la crise du coût de la vie

155 000 travailleurs du secteur public fédéral de l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC) sont en grève. Il s’agit de la plus importante grève d’un seul syndicat dans l’histoire du Canada.

20 avril 2023 | triré de springmagazine

Les questions au centre de cette grève sont les salaires, les conditions de travail et la qualité du service public. Les membres en grève de l’AFPC occupent un éventail d’emplois pour le Conseil du Trésor et l’Agence du revenu du Canada – du travail de bureau et de garde aux inspecteurs des aliments et au traitement des données. La majorité de ces travailleurs gagnent entre 40 000 $ et 65 000 $ par année.

Contexte : emplois et services

Au cours des 15 dernières années, les travailleurs du secteur public fédéral ont dû faire face à un certain nombre de défis. Les compressions importantes effectuées par le gouvernement Harper ont laissé le secteur public fédéral gravement en sous-effectif : 25 000 emplois ont été éliminés entre 2010 et 2015. Cela a eu une incidence non seulement sur les travailleurs du secteur public fédéral, mais aussi sur toutes les personnes qui comptaient sur les services du secteur public fédéral.

L’attaque contre les services publics et l’attaque contre les travailleurs du secteur public sont allées de pair. Lorsque Harper a été chassé de ses fonctions en 2015, de nombreuses questions demeuraient. Le système de paye Phénix, introduit par Harper et déployé sous Trudeau, était un gâchis complet. Plus de 100 000 travailleurs ont été touchés par des erreurs de paie, y compris des travailleurs sous-payés, surpayés ou pas payés du tout. Cela a causé d’énormes difficultés aux travailleurs du secteur public fédéral et persiste depuis des années, ce qui témoigne de « l’efficacité » de la sous-traitance.

Lorsque la pandémie a frappé, les exigences imposées aux travailleurs de la fonction publique ont considérablement augmenté. Le gouvernement a créé de nouveaux programmes du jour au lendemain et en a considérablement modifié d’autres. Ils étaient administrés et desservis par des travailleurs du secteur public.

Puis vint la crise du coût de la vie. Comme les autres travailleurs, les travailleurs du secteur public fédéral ont besoin d’une augmentation salariale pour suivre le rythme de la hausse de l’inflation.

Demandes

L’AFPC a entamé des négociations en 2021 et s’est retrouvée dans une impasse en 2022. Le syndicat exige une augmentation salariale de 13,5 pour cent sur trois ans, ce qui est en fait inférieur à l’inflation. Le gouvernement fédéral se voit offrir 8,2 % sur trois ans, révisé à neuf pour cent. Ce chiffre est bien inférieur à l’inflation pour la durée du contrat (2021 – 2023).

Le syndicat exige également des primes de quart supplémentaires, pour les heures supplémentaires et les heures en dehors des heures normales de travail. L’AFPC veut également une nouvelle allocation pour les travailleurs sociaux d’Anciens Combattants Canada qui sont sous-payés. Une grande partie des travailleurs de la fonction publique fédérale ont rapidement été transférés au travail à distance lorsque la pandémie a frappé. Maintenant, le syndicat exige des règles plus claires sur les modalités de télétravail.

Au cours du mois de mars, le syndicat a procédé à un vote de grève. Les membres ont voté à une écrasante majorité pour le mandat de grève avec un taux de participation élevé. Les membres de l’AFPC en ont assez.

Leçons

Il s’agirait de la troisième grève majeure des travailleurs du secteur public fédéral. En 1991, l’AFPC a mené ce qui était alors la plus importante grève au Canada. S’attaquant à un gouvernement progressiste-conservateur de Brian Mulroney qui voulait imposer un gel salarial (tout en accordant une augmentation salariale aux gestionnaires), les membres ont voté pour s’engager dans leur première grève. Les piquets de grève pour la grève de l’AFPC de 1991 ont surpris la direction et prouvé que les travailleurs du secteur public fédéral étaient une force combattante. L’appui massif du public à la grève a nui davantage au gouvernement Mulroney. Bien que le gouvernement ait adopté une loi de retour au travail, les conditions du contrat n’étaient pas aussi mauvaises qu’avant la grève.

En 2004, les travailleurs du secteur public fédéral ont de nouveau déclenché une grève après des années de compressions libérales. Mais la grève s’est rapidement essoufflée lorsque les dirigeants de l’AFPC ont ordonné à certaines unités de retourner au travail sans entente, tandis que d’autres travailleurs sont restés en grève.

Les expériences des grèves passées de l’AFPC montrent à la fois le pouvoir de l’État de dépouiller les travailleuses et travailleurs de leurs droits et la faiblesse des travailleuses et travailleurs lorsqu’ils sont divisés. Mais les grèves ont également révélé que lorsque les travailleurs se battent, ils peuvent galvaniser toute la classe et repousser les attaques des gouvernements libéraux et conservateurs.

Solidarité avec la grève

La grève actuelle n’est que la dernière expression de la crise du coût de la vie à laquelle sont confrontés les travailleurs. Les gouvernements et les employeurs cherchent à se décharger de la hausse du coût de la vie sur le dos des travailleurs. Mais lorsque les travailleurs s’organisent et se battent, ils peuvent gagner et donner confiance aux autres travailleurs pour qu’ils se joignent à eux.

La grève dans la fonction publique fédérale a également révélé les similitudes entre les libéraux de Trudeau et les conservateurs de Poilievre. Alors que Poilievre a attaqué sans relâche Trudeau et les libéraux, il est plus que disposé à s’unir avec eux pour s’opposer aux travailleurs du secteur public fédéral. Les cousins en guerre des partis libéral et conservateur expriment le programme anti-ouvrier dominant de la classe des affaires. La FCEI, l’Institut Fraser et d’autres groupes de pression des grandes entreprises réclament une loi de retour au travail. Bien que le NPD ait appuyé les grévistes et affirme qu’il s’opposera à toute loi de retour au travail, son accord de confiance et d’approvisionnement avec les libéraux entrave sa capacité à vraiment mettre à nu les points communs entre les libéraux et les conservateurs.

Comme lors des grèves passées, il y a le danger que l’État attaque les travailleurs, et nous ne pouvons pas attendre que la direction de l’AFPC organise une vaste riposte. Mais si nous pouvons créer une solidarité de masse pour les membres de l’AFPC, alors ils peuvent riposter contre Trudeau, exposer Poilievre et donner confiance aux autres.

Trouvez une ligne de piquetage près de chez vous : www.workerscantwait.ca

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