Les travailleurs et travailleuses de la construction ont compris l’importance de ces négociations pour leurs conditions de travail des quatre prochaines années (2013-2017) et la grève a été votée à 95%, et plus, dans toutes les assemblées des syndicats de l’Alliance.
Nos négociateurs ont fait face à des associations patronales d’une intransigeance inouïe qui veulent imposer aux travailleurs des conditions inacceptables. Cette espèce d’arrogance - renforcée symboliquement et concrètement par des gouvernements néolibéraux qui les épaulent presque inconditionnellement - voudrait nous faire reculer de 50 ans dans certains points de notre convention collective.
Nous avons déclenché la grève parce qu’un travailleur de la construction n’est pas riche avec les 35 000$ par an qu’il gagne en moyenne par et parce que les demandes patronales pourraient lui faire perdre plus de 3000$, même si cet emploi continue d’être le plus dangereux, le plus grand nombre des personnes mortes et accidentées chaque année sur leur lieu de travail.
Nous avons déclenché la grève parce que la rétroactivité n’existe pas dans l’industrie de la construction, et parce que depuis le 30 avril (date de la fin de la Convention collective antérieure) les travailleurs et travailleuses sont privés d’augmentation salariale pour compenser la hausse du coût de la vie.
Nous avons déclenché la grève parce que cette situation favorise la partie patronale, qui fait traîner les négociations et qui, en attendant, met dans ses poches 53$ par travailleur et par semaine.
Nous avons déclenché la grève parce qu’à ce jour les patrons se sont emparés de plus de 300$ auprès de chaque travailleur.
Nous avons déclenché la grève parce que c’est carrément du vol et parce que retarder la signature d’un accord devient payant, surtout quand les augmentations salariales ont déjà été indexées aux soumissions des travaux devant s’exécuter après le 30 avril.
Pendant ces neuf mois, nous avons réussi à constituer et maintenir une coalition syndicale formée par les cinq syndicats qui représentent la totalité des 175 000 travailleurs et travailleuses syndicalisés de la construction du Québec.
Mais nous partons aussi en la grève parce que c’est un droit et l’outil politique légitime des travailleurs et travailleuses contre l’entêtement, la rigidité et l’égoïsme des certains secteurs patronaux.
Nous avons déclenché la grève parce que nous avons décidé de répondre politiquement aux attaques politiques dont souffrent les syndicats, comme la réforme à l’Assurance-emploi. Devant les campagnes antisyndicales, comme l’élimination progressive du crédit d’impôt aux fonds de travailleurs, nous allons répondre avec plus d’organisation.
Nous avons déclenché la grève parce qu’on a assez d’une corruption qui nous coûte beaucoup plus cher que la maigre augmentation qu’on demande et parce que la commission Charbonneau a été réclamée pendant plus de dix ans par la CSN.
Nous avons déclenché la grève parce que cette corruption empoisonne toutes les sphères du tissu social, parce que la parole des partis politiques impliqués dans ces actes ne vaut plus rien et parce que les promesses de campagne ne sont jamais tenues par ces partis. La démocratie perd sa valeur.
Nous avons déclenché la grève parce que quand on appauvrit les travailleurs et travailleuses, on ralentit l’économie entière, bien sûr, mais aussi les revenus de l’État.
Nous avons déclenché la grève parce que nous trouvons profondément illégitimes les privilèges de ce 1% qui contrôle l’ensemble des finances et concentre scandaleusement les profits générés par la force de travail de tous les salariés et salariées du Québec.
Nous nous mettons en grève parce que nous tenons à la justice sociale et parce que nous savons que le véritable, le plus honnête et le plus profond débat que nous devons aborder comme société est celui de la répartition de la richesse et des sources de revenus de l’État.