« Cette méthode est totalement inadaptée aux services sociaux. En santé mentale, par exemple, un acte d’une travailleuse sociale n’est pas facilement codifiable et réductible à une statistique. Comment peut-on mettre un prix sur l’empathie d’une intervenante face à la souffrance humaine ? »
« Après le projet de loi mammouth sur les structures du réseau, voilà qu’on nous prépare un autre grand dérangement. Selon les études sur le financement à l’activité, les services ne sont pas améliorés : pas d’augmentation des services et aucune diminution des listes d’attente. Par contre, nous notons une augmentation des ré-hospitalisations. Quelle est l’urgence de procéder à une telle réforme ? Elle ne vise certainement pas la réduction de l’encadrement, bien au contraire. La réforme créera une couche supplémentaire de bureaucratie, chargée d’analyser à temps plein une nouvelle avalanche de statistiques. Déjà, le personnel croule sous la paperasse et les redditions de comptes statistiques. Dans certains cas, le personnel doit même adapter ses pratiques professionnelles afin de s’adapter aux diktats statistiques. »
Le financement par activité mettra également les établissements et les équipes de travail en compétition. « La pression est déjà insoutenable sur le terrain, ajoute Carolle Dubé. Le financement à l’activité ne fera qu’augmenter cette pression, les charges de travail et le stress. De plus, les risques sont grands de voir les établissements prioriser les actes les plus payants sur les actes moins payants. »
Tout système de financement doit placer l’accessibilité, la qualité et l’efficacité des soins et services au cœur de ses priorités. « L’APTS invite le ministre de la Santé et des services sociaux à consulter largement avant de mettre en place cet énième chambardement », de conclure Carolle Dubé.