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Santé

État de situation dans les établissements de santé de Trois-Rivières - Le SIIIACQ-CSQ dénonce un sentiment d'usure et d'épuisement généralisé

TROIS-RIVIÈRES, QC, le 3 juin 2014 - « Le climat de travail est à son plus bas dans les établissements de santé de Trois-Rivières. La surcharge de travail se fait lourdement sentir et plusieurs travailleuses et travailleurs de la santé ressentent une sensation d’épuisement et d’usure, ce qui rend très difficile la rétention de nouvelles recrues. »

La présidente du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires du Cœur-du-Québec (SIIIACQ-CSQ), Andrée Guillemette, a rendu public aujourd’hui en conférence de presse à Trois-Rivières, ce portrait de l’état d’esprit de ses 1 800 membres à la suite d’une enquête menée au cours des dernières semaines.

Accompagnée de la présidente de la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ), Claire Montour, Andrée Guillemette a dévoilé les principales conclusions d’une enquête terrain auprès de membres du SIIIACQ-CSQ dans la région de Trois-Rivières.

« L’enquête confirme ce que nous dénonçons depuis un certain temps déjà : le manque de ressources dans certains établissements a des conséquences sérieuses sur le personnel en poste. Toutes et tous sont touchés : infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes. Les heures supplémentaires, volontaires ou obligatoires, sont pratiquement devenues un mode de gestion normal », dénonce Andrée Guillemette.

La politique du « strict nécessaire »

La présidente du SIIIACQ-CSQ ajoute que la situation est d’autant plus pénible pour l’ensemble des établissements, où sont présents ses membres, que le manque évident de ressources n’empêche pas l’imposition d’autres compressions.

« Les départs à la retraite ne sont pas toujours remplacés et lorsque c’est le cas, ce n’est pas nécessairement par des postes à temps complet. Comment peut-on couper des postes alors que l’ensemble des travailleuses et travailleurs est en surcharge de travail ? Le mot d’ordre des directions est devenu : « Contentez-vous de faire le strict nécessaire, rien de plus, » sans plus se soucier de ce que cela signifie sur la qualité des soins offerts aux patients », déplore la leader syndicale.

Risque d’augmentation des infections

Andrée Guillemette n’hésite pas à dire que cette approche de gestion, ne garantissant qu’un minimum de soins, peut se traduire notamment par une augmentation des infections nosocomiales.

« C’est entre autres ce qui risque de se passer dans les Centres hospitaliers de soins de longue durée lorsque l’on change moins souvent les couches des patients. Le choix de nourriture offert est également beaucoup plus restreint », constate la présidente du SIIIACQ-CSQ.

Cette dernière renchérit en mentionnant que « de toute évidence, cette nécessité de faire plus avec moins a conduit à un essoufflement inégalé et à une augmentation importante du taux d’absentéisme notamment pour maladie ».

Des besoins à la hausse

Ces compressions de toutes sortes ont d’autant moins raison d’être que les besoins augmentent sans cesse. 

La population de Trois-Rivières est vieillissante et une partie importante subit de plus en plus les contrecoups d’une situation économique difficile. Le risque de maladies est plus élevé chez les gens sans emploi. Donc, au moment où plusieurs facteurs indiquent une hausse significative des besoins de soins de santé, les établissements réduisent les soins et les services. Cette incapacité du personnel à répondre aux besoins accroit le stress qu’il vit à cause de la surcharge de travail », explique la présidente du SIIIACQ-CSQ.

Une qualité de soins hypothéquée

Plusieurs membres du syndicat qualifient le climat de travail de désolant, certaines allant jusqu’à dire que plusieurs, à force d’être constamment pressées, sont à fleur de peau et irritables. La fatigue psychologique et physique est de plus en plus visible.

« Non seulement les patients sont plus nombreux, mais ils nécessitent également plus de soins puisque les cas sont plus lourds. Malheureusement, il n’y a pas d’ajout de personnel. Il y a des départements où les travailleuses et travailleurs n’ont même plus le temps de prendre leur pause. C’est clair que le personnel est de moins en moins satisfait de devoir travailler dans des conditions où il peut difficilement maintenir la même qualité de soins », conclut Andrée Guillemette.

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