J’avoue ne pas comprendre ces réactions. Les travailleurs de l’usine d’Alma sont en lock-out, et on leur reproche leur salaire parce qu’ils n’ont pas de secondaire V, prend-on soin d’ajouter pour motiver ce regard sévère sur ce conflit de travail. D’autres disent que si les travailleurs de la machine numéro 6 de l’usine Kénogami ont perdu leur emploi c’est parce qu’ils gagnaient trop cher. Le gouvernement augmente la taxe de la TVQ et le taux de contribution au régime des rentes du Québec, et tout de suite, certaines personnes remettent en cause les salaires et les fonds de pension des fonctionnaires.
Pourtant, personne ne conteste les primes que se donnent allègrement les hauts dirigeants d’entreprises. Par exemple, RTA a versé, l’an dernier, un total de 30,3 millions de $ en rémunération à 14 dirigeants. Cinq hauts dirigeants de la Caisse de dépôt et placement ont reçu des primes totalisant 4 millions $, en plus d’un autre M$ alloué à son ancien PDG, Richard Guay. Que dire de David Paterson, ancien grand patron d’AbitibiBowater, qui a reçu une rémunération totale de 2,38 millions $ US en 2010, de sorte qu’il a touché globalement près de 3,5 millions $ US pendant les deux années au cours desquelles la papetière se trouvait en restructuration judiciaire ! Et la rémunération du PDG d’Air Canada, Calin Rovinescu qui a bondi de 75 % en 2010, passant de 2,58 M$ à 4,55 M$.
On dirait que seuls les hauts dirigeants ont le droit de se partager la richesse, et que les travailleurs doivent se contenter des restes. Et le pire, c’est que la population semble plus dérangée par le traitement salarial de leurs concitoyens que par celui des dirigeants d’entreprises. Pourtant, selon le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), les 100 dirigeants d’entreprises les mieux rémunérés au Canada ont empoché en moyenne 8,38 millions $ en 2010, soit une hausse de 27 % par rapport au traitement moyen de 6,6 millions $ estimé pour 2009. Et pendant ce temps, les grandes entreprises engrangent les millions de dollars de profits.
Sans me prononcer sur le conflit qui frappe l’usine d’Alma (ne connaissant pas les tenants et aboutissants de cette négociation), j’estime que se tenir debout et revendiquer sont des droits reconnus dans notre société.
Diverses augmentations
Les travailleurs qui gagnent de petits, de moyens ou de gros salaires verront leur pouvoir d’achat diminuer encore en 2012 avec les diverses augmentations de taxes, tarifs, contributions, charges, droits et autres qu’imposent les gouvernements du Canada et du Québec en ce début d’année. Et cela ne comprend pas la taxation municipale, le transport en commun ou la fréquentation de l’université.
Par exemple, notons l’augmentation de 1 % (la deuxième en deux ans) de la taxe de vente et celle d’un cent sur le litre d’essence, pour atteindre 18,2 cents. Il y a aussi la majoration du taux de contribution au régime des rentes du Québec, au régime de pension du Canada et à l’assurance-emploi. Enfin, le « spécial santé », cette nouvelle contribution inventée en 2010, double en 2012 pour atteindre 200 $… après avoir déjà doublé en 2011 !
À cela, il faut ajouter les hausses des prix de l’essence par les pétrolières alors que sa consommation ne diminuera pas, l’augmentation des denrées alimentaires dues à la spéculation sur les produits de base tel les céréales, le sucre, le chocolat, le café ; l’augmentation des prix à la consommation en général puisque que le prix de l’énergie et des matières premières augmenteront encore, tout comme les nouveaux frais qui seront imposés par les télécoms et les banques, etc., etc.
Malgré toutes ces hausses annoncées en 2012, quelqu’un pourrait-il m’expliquer maintenant pourquoi les magasins étaient remplis à craquer le 26 décembre ? Pourquoi il y a tant de gens qui font la queue pour avoir le dernier modèle de l’iPhone ou de l’iPad ? Pourquoi les chiffres de vente durant les Fêtes sont toujours meilleurs que ceux de l’année précédente malgré la situation économique ? Pourquoi les gens voyagent toujours autant, sinon plus ?
Heureusement que les travailleurs à qui l’on reproche de gagner si « cher », sont en mesure d’assumer ces augmentations et continuent ainsi à faire rouler l’économie.
N’oublions pas que ce ne sont pas les hauts dirigeants d’entreprises qui consomment dans la région, mais bel et bien leurs employés. Et plus leurs salaires seront élevés, mieux s’en portent nos gens d’affaires !